Israël en guerre - Jour 347

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Amnesty accuse Israël de « crimes de guerre » pour la création d’une zone-tampon à Gaza

S'appuyant sur des données satellitaires, l'agence estime que les démolitions le long de la frontière de l'enclave sont "injustifiées" et qu'il s'agit d'une "sanction collective pour la population civile palestinienne qui vivait dans ces zones"

Des bâtiments rasés dans le quartier Shejaiya de la ville de Gaza, dans le cadre des efforts de l'armée pour établir une zone tampon à la frontière avec la bande de Gaza, comme on peut le voir sur une image fournie par Tsahal le 10 janvier 2024. La frontière entre Israël et la bande de Gaza traverse le bas de l'image. (Crédit : Armée israélienne)
Des bâtiments rasés dans le quartier Shejaiya de la ville de Gaza, dans le cadre des efforts de l'armée pour établir une zone tampon à la frontière avec la bande de Gaza, comme on peut le voir sur une image fournie par Tsahal le 10 janvier 2024. La frontière entre Israël et la bande de Gaza traverse le bas de l'image. (Crédit : Armée israélienne)

Amnesty International a demandé jeudi l’ouverture d’une enquête internationale pour « crimes de guerre » contre l’armée israélienne, qui, selon le groupe, a détruit de manière « injustifiée » des quartiers entiers de Gaza le long de la frontière de l’enclave palestinienne avec Israël afin d’y créer une zone tampon.

D’après l’ONG de défense des droits de l’homme, plus de 90 % des bâtiments semblent avoir été « détruits ou gravement endommagés » et 59 % des cultures détériorées entre octobre 2023 et mai 2024 sur une bande large de 1 à 1,8 km le long du mur séparant les deux territoires. Des dommages couvrant au total 58 km², soit environ 16 % du territoire de la bande de Gaza, calcule Amnesty.

Dans quatre zones où l’ONG a enquêté, « des structures ont été délibérément et systématiquement démolies » après que l’armée israélienne en avait pris le contrôle, dit-elle dans un rapport publié jeudi.

« La campagne de ruine incessante de l’armée israélienne à Gaza est une campagne de destruction injustifiée », regrette Erika Guevara-Ross, une directrice générale d’Amnesty international, dans ce rapport vu par l’AFP. « La création d’une ‘zone tampon’ ne doit en aucun cas constituer une sanction collective pour la population civile palestinienne qui vivait dans ces zones », poursuit-elle.

Israël a déclaré qu’il avait besoin d’une zone tampon le long de la frontière orientale de l’enclave pour éviter que ne se reproduise ce qui s’est passé le 7 octobre, lorsque des milliers de terroristes de Gaza dirigés par le Hamas ont franchi la barrière frontalière et envahi le sud d’Israël, tuant quelque 1 200 personnes et prenant 251 otages, ce qui a déclenché la guerre actuelle.

Sur les 251 personnes enlevées ce jour-là, 97 sont toujours retenues à Gaza dont 33 déclarées mortes par l’armée.

L’objectif de cette zone est de donner à Tsahal plus de temps pour repérer toute personne se dirigeant vers la frontière depuis Gaza, de repousser les terroristes cherchant à cibler Israël depuis l’intérieur de la bande de Gaza et de contribuer à rétablir un sentiment de sécurité pour les habitants des communautés frontalières israéliennes.

Amnesty affirme avoir adressé des questions à ce sujet aux autorités israéliennes début juillet, mais n’avoir obtenu aucune réponse deux mois plus tard.

Un véhicule de l’armée israélienne roule dans une zone près de la frontière sud d’Israël avec la bande de Gaza, le 9 juillet 2024. (Crédit : Jack Guez/AFP)

En août, l’ONU estimait aussi que près des deux tiers des bâtiments gazaouis avaient été endommagés ou détruits depuis le 7 octobre.

‘Quartiers entièrement rasés’

Mais le droit international humanitaire, auquel tout belligérant d’un conflit est soumis, « interdit la destruction des biens d’un adversaire, sauf si celle-ci est justifiée par une nécessité militaire impérieuse », les attaques contre des biens civils étant également « interdites », rappelle Amnesty international.

Or si certaines structures détruites avaient « probablement déjà été utilisées par des groupes armés », cela ne suffit pas à « transformer des écoles, des logements ou des mosquées en objectifs militaires », souligne l’ONG.

Et si Israël estimait nécessaire la création d’un zone tampon afin de protéger sa population d’attaques venant de Gaza, « il semble qu’il existait d’autres solutions sur le territoire israélien » permettant d’arriver au même résultat, mais qui n’ont « pas été envisagées », poursuit-elle.

L’ONG affirme s’être appuyée notamment pour cette recherche sur des images satellites, des témoignages ou des vidéos filmées le long de la ligne de démarcation, dont certaines, publiées par des militaires israéliens, furent virales sur les réseaux sociaux.

Trois d’entre elles montrent des soldats souriants qui fument des cigarettes, trinquent, et/ou tiennent un narguilé, pendant que derrière eux d’importantes explosions retentissent, pulvérisant des maisons et immeubles.

« Ces vidéos montrent le comportement des soldats. Ils sont relax, et même joyeux, ce qui montre qu’ils ne sont pas menacés », décrit Barbara Marcolini, d’Amnesty, interrogée par l’AFP.

« Il n’y a pas de confrontation armée au moment de ces destructions » « sans précédent » dans le conflit, avec des « quartiers entiers (…) complètement rasés », ajoute-t-elle. « Dans ce contexte, on comprend mieux pourquoi elles devraient faire l’objet d’une enquête pour crime de guerre. »

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