Au tribunal, Sara Netanyahu accusée de maltraitance, attaque employés et médias
Pour l'épouse du Premier ministre, la femme de ménage qui la poursuit est une "taupe". Elle accuse ses employés de vouloir lui extorquer de l'argent par des procès
Sara Netanyahu, l’épouse du Premier ministre Benjamin Netanyahu, s’en est prise à une ancienne employée de la Résidence du Premier ministre ainsi qu’aux médias alors qu’elle témoignait lundi au tribunal dans un procès civil dont elle est l’accusée.
Sara Netanyahu a insulté Shira Raban, qui la poursuit pour conditions de travail abusives, après avoir été accusée d’être une « taupe » et de tenter d’extorquer le pays.
« C’est si facile, quand vous n’avez plus de travail, de faire un procès à Sara Netanyahu » pour obtenir de l’argent, a-t-elle déclaré, en se référant à elle-même à la troisième personne. « Shira Raban était dans la résidence en tant que taupe – je n’ai aucun doute là-dessus. »
Sara Netanyahu, qui a été à maintes reprises accusée par des employés de les soumettre à des conditions draconiennes et à des débordements de colère bruyants, a déclaré que les médias « essaient de toutes leurs forces de porter des accusations contre moi ».
« Ils m’ont diabolisée pendant des années ; il est facile de tout me jeter dessus », a-t-elle dit. « Ce que Raban dit est un mensonge. »
Raban, une mère ultra-orthodoxe de trois enfants, a travaillé comme femme de ménage à la résidence officielle des Netanyahu à Jérusalem pendant un mois en 2017, alors qu’elle avait 24 ans.
Raban affirme que la femme du Premier ministre l’a insultée sans relâche tout au long de sa courte période de travail. Elle a intenté un procès peu après avoir quitté son poste, réclamant 225 000 shekels (56 250 euros) de dommages et intérêts.
Selon Sara Netanyahu, pendant la période où Raban travaillait à la résidence, le Premier ministre et sa famille n’étaient pratiquement jamais là.
« Je la connaissais et la voyais à peine », a-t-elle dit. « Il y a des employés qui veulent m’extorquer de l’argent. »
Elle a ajouté que la menace de poursuites judiciaires alimentée par les reportages des médias sur son comportement lui a fait avoir peur des employés de la résidence. « Etre dans une maison qui a du personnel, c’est parfois comme vivre avec l’ennemi », a-t-elle dit. « Parfois, j’ai vraiment peur. »
À un moment donné, le juge Eyal Avrahami interrompit le témoignage de Mme Netanyahu et lui dit : « Je vois que vous avez beaucoup de problèmes – essayez de vous concentrer sur ce qui est pertinent pour le procès ».
Sara Netanyahu répondit : « Il y a une fin aux mensonges. C’est une occasion de dire ce que j’ai à dire après 23 ans d’histoires contre moi. Je pense que c’est abusif, que les médias veulent exploiter. »
Mme Netanyahu a affirmé qu’elle n’était pas directement responsable de Raban. Nili Kadosh, une autre employée de la résidence à l’époque, donnait des instructions à Raban.
Elle a également démenti avoir demandé aux employés de travailler plus de 12 heures d’affilée ou d’avoir exigé que Raban travaille la veille de Yom Kippour, qui est souvent un jour de congé en Israël afin de préparer le jeûne.
Quand l’avocate de Raban, Naomi Landau, a demandé à Mme Netanyahu si elle avait déjà crié sur les employés, celle-ci a répondu que « tout le monde crie de temps en temps » et que l’avocate « est la dernière à pouvoir me demander cela, étant donné les rumeurs qui circulent à votre sujet. Pendant des années, vous avez fait carrière à mes dépens ». Landau a représenté d’anciens employés qui ont poursuivi la femme du Premier ministre.
Le directeur de la résidence, Effie Azoulay, s’est fait l’écho du témoignage de Sara Netanyahu. Ainsi, il pense aussi que Raban était une « taupe » et qu’elle est « mentalement dérangée ». Il a également affirmé que Raban portait de fausses accusations pour obtenir de l’argent et que son mari avait dit un jour qu’il aurait un accident de la route pour pouvoir réclamer des indemnités.
Certaines des plaintes de Raban incluent le fait de ne pas avoir été autorisée à prendre congé lorsqu’un de ses enfants était malade et d’avoir été forcée d’utiliser les toilettes situées à l’extérieur du bâtiment principal.
Mme Netanyahu aurait interdit à l’ancienne employée de manger, de boire ou de se reposer. Elle devait changer de vêtements des dizaines de fois par jour et se laver les mains à l’eau chaude une centaine de fois par jour, et les sécher avec une serviette différente de celle qu’utilisait la famille Netanyahu.
Dimanche, Nili Kadosh a présenté à la cour une déclaration signée sous serment dans laquelle elle déclarait que les affirmations de Raban étaient « toutes des absurdités ». « Sara Netanyahu m’a traitée avec respect et politesse », a déclaré Kadosh. « Je suis choquée et dégoûtée par ce que Raban prétend. »
Selon la Treizième chaîne, Kadosh a admis que l’affidavit qu’elle a signé avait été préparé pour elle par l’avocat de Netanyahu, Yossi Cohen, et qu’elle y a simplement apposé son nom.
Plusieurs anciens employés ont affirmé avoir été maltraités et agressés par la femme du Premier ministre. L’ancien gardien de la résidence officielle l’a poursuivi pour violence verbale et psychologique, de même qu’un autre ancien employé.
En juin, Sara Netanyahu a été condamnée pour détournement de fonds publics dans le cadre d’un accord de plaider-coupable dans une affaire concernant des allégations selon lesquelles elle aurait obtenu illégalement puis déclaré à tort des services de restauration à la Résidence du Premier ministre.
L’accord a permis à Mme Netanyahu d’échapper à une condamnation pour fraude aggravée, mais d’avouer une accusation moindre de tirer profit d’une erreur. Elle a été condamnée à payer 55 000 shekels (13 750 euros) à l’État – 10 000 shekels à titre d’amende et le reste à titre de restitution.