Aurore Bergé corrige ses propos après une polémique sur une prétendue attaque antisémite à Strasbourg
Une vidéo virale montrant une altercation entre des manifestants pro-palestiniens et des clients d’une boulangerie à Strasbourg a déclenché une vive polémique

La vidéo avait suscité l’indignation sur les réseaux sociaux. Publiée sur X la semaine dernière par un compte anonyme, on y voit des manifestants pro-palestiniens (reconnaissables à leur keffieh et à leur drapeau) particulièrement virulents devant la boulangerie Dreher, à Strasbourg. Dans un premier temps, ces manifestants sont accusés d’antisémitisme et d’avoir ciblé ce commerce en raison de son appartenance supposée à une personne juive.
De nombreux responsables politiques, du Rassemblement national au Parti socialiste, se sont rapidement emparés de l’affaire pour dénoncer la haine antisémite en France — jusqu’à la ministre chargée de la Lutte contre les discriminations, Aurore Bergé. « Une boulangerie prise d’assaut à Strasbourg car elle serait israélienne… L’antisémitisme dans notre pays a tué ces dernières années », écrit-elle sur X.
Mais plusieurs médias ont rapidement rapporté une version différente des faits, confirmée par les différents acteurs concernés. Interrogée par Le Parisien, la préfecture du Bas-Rhin explique : « Samedi 12 avril 2025, lors du passage d’une manifestation déclarée pro-palestinienne à Strasbourg, des personnes présentes en terrasse de la boulangerie Dreher ont eu un geste de défiance et d’opposition à l’égard des manifestants, suscitant une réaction en retour », avant de démentir clairement que « le commerce en tant que tel ait été visé » et qu’il présente « une quelconque appartenance à la communauté juive ».
Citée par Rue89 Strasbourg, Nadia Zourgui, adjointe à la maire en charge de la sécurité, précise : « L’origine de l’altercation provient d’insultes et de doigts d’honneur adressés au cortège palestinien par une personne de nationalité israélienne, attablée sur la terrasse avec son fils. » Une information qu’elle dit tenir de source policière.
« Ça s’est passé devant chez nous, mais il n’y a pas eu de casse. Nous n’avons pas été attaqués », témoigne un salarié au Parisien. « Tout s’est déroulé à l’extérieur, le temps de la manifestation. Il ne s’est rien passé dans la boulangerie. »
Pointée du doigt, Aurore Bergé a choisi de ne pas supprimer son tweet, mais d’y apporter une correction : « La boulangerie n’a heureusement pas été prise pour cible, comme la vidéo le suggérait. Je regrette de l’avoir laissé entendre. » Mais sur le fond, la ministre persiste : « Des passants s’y sont réfugiés. Ils ont été pris pour cibles. Dans des hurlements — ‘ces gens-là sont des criminels’ — pendant une manifestation du ‘Collectif Strasbourg Palestine’. Et cette violence, ce climat antisémite entretenu, sont insupportables. »
La boulangerie n'a heureusement pas été prise pour cible comme la vidéo le suggérait. Je regrette de l'avoir laissé entendre.
Des passants s'y sont réfugiés.
Ils ont été pris pour cibles. Dans des hurlements – "ces gens-là sont des criminels" – pendant une manifestation…— Aurore Bergé (@auroreberge) April 14, 2025