Autriche: le nouveau ministre de l’Intérieur rejette les accusations d’antisémitisme
Une semaine après avoir prêté serment, les appels à la destitution de Gerhard Karner se multiplient
Lundi dernier, à 54 ans, le ténor de l’ÖVP Gerhard Karner a prêté serment et repris le poste de ministre de l’Intérieur, précédemment occupé par Karl Nehammer désormais chancelier. Depuis, les appels à sa destitution pleuvent.
Parmi leurs auteurs, un lauréat du prix Nobel de Littérature, des étudiants juifs et d’autres personnalités d’Autriche souhaitent que le nouveau ministre de l’Intérieur du pays. Tous lui reprochent des déclarations antisémites notamment tenus lors d’une campagne électorale régionale il y a plus de dix ans.
“Avant même sa nomination officielle, Gerhard Karner était considéré comme une personnalité controversée”, a commenté Oliver Das Gupta, le correspondant du Spiegel en Autriche, cité par Courrier international.
Lundi, après plusieurs jours de silence à ce sujet, Gerhard Karner a dit regretter ces paroles et a rejeté les allégations d’antisémitisme.
https://twitter.com/oliverdasgupta/status/1469046532695642125?s=20
Parmi les phrases qui lui sont reprochées, l’hebdomadaire allemand Der Spiegel affirme que le conservateur a accusé les sociaux-démocrates autrichiens de centre-gauche de travailler « contre le pays avec des messieurs d’Amérique et d’Israël », et les a décrits comme des « empoisonneurs du climat ».
Un porte-parole du ministre cité par Der Spiegel précise que Gerhard Karner faisait référence à une « campagne sale » présumée d’un conseiller politique israélien.
Dans une lettre ouverte, des étudiants juifs, des universitaires, la dramaturge lauréate d’un prix Nobel, Elfriede Jelinek, et d’autres personnalités se sont dits consternés par cette nomination et ont appelé à la destitution de Gerhard Karner.
« La dimension antisémite de ce commentaire est évidente. Nous sommes convaincus que cette personne est totalement inadaptée au poste de ministre de l’Intérieur et appelons le gouvernement à remettre notre sécurité entre les mains de politiciens modérés », peut-on lire dans cette lettre.
Dans un communiqué, Gerhard Karner affirme que la lutte contre l’antisémitisme et toute forme d’extrémisme est une « préoccupation profondément personnelle » pour lui depuis des décennies.
Il ajoute avoir organisé une rencontre personnelle avec le principal dirigeant juif autrichien, Oskar Deutsch, qui lui avait demandé de clarifier ce qu’il avait dit il y a plus de 13 ans, lorsque Gerhard Karner était alors responsable régional du Parti populaire autrichien conservateur.
« Si les choses que j’ai dites ont été comprises de manière ambiguë, je le regrette. Les commentaires n’ont jamais eu pour but d’aller dans cette direction, et je ne les ferais pas maintenant », écrit-il.
L’élu de Basse-Autriche représente l’aile dure du parti conservateur ÖVP.
Il a déjà fait l’objet de critiques pour sa volonté d’améliorer un musée de la ville de Texingtal, où il a été maire ces dernières années, dédié à Engelbert Dollfuss – un admirateur du fascisme italien qui est devenu le leader de plus en plus autoritaire de l’Autriche de 1932 à 1934.