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Avishai Cohen, le trompettiste d’un « jazz israélien qui ose »

Le musicien était en concert au Festival de Jazz de Jérusalem qui se tient dans le respect des mesures sanitaires : "C'est très émouvant de voir les artistes et le public réunis"

Avishai Cohen, co-fondateur et directeur artistique de l'événement, se produit sur scène lors du Festival de Jazz de Jérusalem, le 8 septembre 2020. (EMMANUEL DUNAND / AFP)
Avishai Cohen, co-fondateur et directeur artistique de l'événement, se produit sur scène lors du Festival de Jazz de Jérusalem, le 8 septembre 2020. (EMMANUEL DUNAND / AFP)

Musicien dès son plus jeune âge, le trompettiste de jazz israélien Avishai Cohen a fait ses armes aux Etats-unis puis, nourri d’influences musicales diverses, est revenu au pays où il contribue aujourd’hui à faire vibrer la scène locale.

Mardi soir, premier crépuscule du Festival de Jazz de Jérusalem. « On va improviser », lance à l’AFP le quarantenaire tatoué à la longue barbe rousse.

Pressant légèrement sur les pistons de son instrument, il fixe la scène depuis les coulisses, avant de bondir sous le feu des projecteurs, son instrument fétiche en bouche.

Il rejoint le batteur Dan Mayo pour un concert à cette grand-messe du jazz israélien qui se tient avec de strictes mesures en raison de l’épidémie de Covid-19.

« C’est très émouvant de voir les artistes et le public réunis. Ça ne coule pas de source en ces temps de pandémie », dit M. Cohen qui est aussi le directeur artistique du festival.

Privé de scène pendant des mois, il dit s’être recentré sur lui-même, avoir pris le temps de profiter de ses proches et laissé « libre cours » à la musique.

« Tout m’inspire »

« Personnellement, ça a été l’occasion de faire une pause, d’arrêter de courir, de voyager et de tout le temps bouger, d’être simplement à la maison, avec les enfants, de cuisiner », confie le musicien qui a accouché d’un nouvel album en mars, au tout début de la crise sanitaire.

« Tout m’inspire, la vie, les couchers de soleil, l’amour, la musique, les amis, la bonne bouffe, mes enfants », dit-il.

Cohen s’est forgé une identité sonore toute en sobriété et en fluidité, des codes qu’il vient toutefois bousculer avec « Big Vicious », l’album de son quintette éponyme sorti en mars dernier.

Le son y est plus abrasif, plus rock, plus psychédélique, peut-être plus proche de l’esprit du classique « Bitches Brew » du grand Miles Davis, soulignent les critiques, qui acclament la reprise du tube « Teardrop » de Massive Attack.

Né à Tel-Aviv en 1978, il commence à s’époumoner dans la trompette à l’âge de huit ans avant de se produire en concert et de jouer avec le jeune orchestre philharmonique d’Israël.

A 18 ans, il quitte ses terres pour le Berklee College of Music, à Boston, aux Etats-Unis, et se fait remarquer au concours du Thelonious Monk Institute avant de signer, en 2003, un premier album intitulé « The Trumpet Player ».

Débarqué à New York, il essaime les clubs de jazz locaux, multiplie les collaborations avec des musiciens de renom et se nourrit de différentes influences musicales, notamment africaines.

« A New York, on se cherche, on se construit, on bâtit sa carrière (…) C’est une quête incessante, tout le monde va à New York pour la même raison, pour réussir », dit-il.

Retour aux sources

Cette course effrénée conduit le trompettiste, adepte du yoga et de la méditation, à quitter la « Grosse pomme » pour l’Inde, à la recherche de plus de calme et de sérénité.

Une quête qui vient peut-être aussi teinter « Into the Silence », opus produit par le prestigieux label munichois ECM (2016) et lui ouvre toutes grandes les portes d’une notoriété internationale.

« Composée dans les mois qui ont suivi la disparition du père du trompettiste, la musique va au-delà de la seule expression du deuil. Elle le transcende », écrit Jazz Magazine qui compare volontiers Avishai Cohen au légendaire Miles Davis.

L’année suivante, Cohen enchaîne avec « Cross My Palm With Silver », sacré l’un des meilleurs albums Jazz de la cuvée annuelle par le New York Times.

De retour depuis un an en Israël, Avishai Cohen se fascine pour cette scène foisonnante et métissée par des influences arabes, éthiopiennes et est-européennes.

« Ce qu’il y a de particulier ici c’est la quantité de musiciens par rapport à la population », de neuf millions d’habitants, souligne-t-il.

Comme lui, d’autres jazzmen israéliens ayant réussi à l’étranger ont pris le chemin du retour et contribuent à enrichir la scène locale, à l’instar d’Eli Degibri ou de son célèbre homonyme, le contrebassiste Avishai Cohen.

Pour le trompettiste, Israël apporte son unicité et sa créativité : « Le jazz israélien ose ».

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