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BD : Les aventures d’une super-héroïne juive asiatique dans les années 1970

C'est le tout premier personnage de bande dessinée à se battre pour sauver les siens, membres de la communauté juive Kaifeng, en Chine

Leah Ai Tian est l'héroïne de « The Last Jewish Daughter of Kaifeng [NDLT : La dernière fille juive de Kaifeng ] ». (Crédit : FairSquare Comics via la JTA)
Leah Ai Tian est l'héroïne de « The Last Jewish Daughter of Kaifeng [NDLT : La dernière fille juive de Kaifeng ] ». (Crédit : FairSquare Comics via la JTA)

JTA – Un éditeur indépendant de bandes dessinées désireux de promouvoir la diversité dans la bande dessinée s’apprête à braquer les projecteurs sur le personnage de la juive asiatique Leah Ai Tian, également connue sous le nom de « La dernière fille juive de Kaifeng ».

C’est Fabrice Sapolsky, cofondateur de FairSquare Comics, dans le Queens, à New York, qui a eu l’idée de ce personnage, afin de « promouvoir et donner plus de visibilité aux immigrants, minorités et autres groupes sous-représentés ».

« The Last Jewish Daughter of Kaifeng », qui sortira le 7 juin prochain, est le dernier opus en date de la série de BD Intertwined, que Sapolsky et son compatriote français Fred Pham Chuong ont commencé en 2017.

Leah, qui a fait une brève apparition dans le premier livre d’Intertwined, a le pouvoir de maitriser tout ce qui contient de l’eau et de faire corps avec les cours d’eau, à la manière d’un des personnages de la série « Avatar, le dernier maître de l’air ».

Le livre revient sur ses origines, façon pour Sapolsky d’« expliquer la réalité d’une minorité dans un pays qui n’accepte pas les minorités ».

Au début de l’histoire, Leah est une juive qui vit dans le New York des années 1970 : elle porte un collier ‘chaï’, tient un restaurant chinois casher et dit que son rabbin qualifie ses pouvoirs de « bénédiction » divine. Le lecteur apprend vite qu’elle a en fait quitté la Chine pour échapper à un mariage forcé avec un mafieux qui terrorise Kaifeng, ville importante de l’est de la Chine qui abrite les derniers représentants de l’unique communauté juive autochtone du pays.

Cette communauté, forte de plusieurs milliers d’individus au moment où se passent les aventures de Leah, a été dispersée voire assimilée par la société non religieuse de la Révolution culturelle.

Leah retourne en Chine pour sauver ses parents et les faire venir à New York, où ils pourront pratiquer leur religion librement.

L’intérêt de Sapolsky pour la communauté juive de Kaifeng remonte aux années 1990, lorsque les responsables de son camp juif, en France, organisent des activités « sur le thème de Kaifeng », pour les sensibiliser à l’histoire des Juifs chinois.

Né en France d’une mère séfarade d’origine algérienne et d’un père ashkénaze originaire de l’Ukraine d’aujourd’hui, il pense que son intérêt pour la diversité juive lui vient de ses propres origines.

« En travaillant sur l’idée originale d’Intertwined, je savais qu’il nous faudrait un personnage juif. Il n’y avait jamais eu de personnage juif asiatique dans les bandes dessinées », explique Sapolsky.

Pour Sapolsky, il était important de rendre l’histoire de Leah aussi « réelle, authentique, crédible » que possible. Il s’est renseigné auprès de spécialistes de l’histoire et de la culture de Kaifeng et a poussé le souci du détail jusqu’à s’assurer que l’architecture représentée dans la BD était réaliste.

« Les deux artistes, Fei Chen et Ho Seng Hui, sont originaires de Chine et de Malaisie. Ils n’avaient jamais pensé aux Juifs avant ce projet : ils ont beaucoup appris en travaillant à cette BD », dit-il.

« C’est Will Torres, chrétien d’origine portoricaine, qui a fait l’encrage, et l’Argentin Exequiel Roel, la couleur. »

Cette histoire n’a pas pour unique but de parler de cette minorité chinoise mais bien d’évoquer les réalités des Etats-Unis, patrie d’adoption de Sapolsky.

« Contrairement à la France, où les Juifs sont clairement définis comme une minorité, dans ce pays, ce sont surtout des blancs, ce qui nie quelque part la spécificité du judaïsme », conclut-il.

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