Berlin, Rome et Madrid critiquent l’opération élargie d’Israël à Gaza
Quand l'Allemagne et l'Italie expriment leur inquiétude également pour les otages, l'Espagne promet un projet de résolution demandant qu'Israël mette "fin au blocus humanitaire imposé à Gaza"

Berlin a dit samedi sa « profonde inquiétude » quant à la situation à Gaza, cible d’une offensive élargie d’Israël qui « pourrait mettre en danger la vie des otages restants, y compris celle des otages allemands », souligne le ministère allemand des Affaires étrangères.
« Une offensive militaire étendue comporte également le risque que la situation humanitaire catastrophique de la population à Gaza et celle des otages restants se détériorent davantage, et que la perspective d’un cessez-le-feu durable et urgemment nécessaire s’éloigne », souligne aussi le ministère dans un communiqué.
La « profonde inquiétude » exprimée par la diplomatie allemande vaut à la fois pour « les objectifs stratégiques d’Israël » comme pour « la situation humanitaire à Gaza ».
L’Allemagne, qui a élevé l’existence d’Israël au rang de raison d’Etat, est l’un des plus fidèles soutiens de ce pays, et reste très mesurée dans ses commentaires sur la guerre menée par le gouvernement israélien dans la bande de Gaza.
Israël a annoncé samedi élargir son offensive pour vaincre le Hamas dans la bande de Gaza, en dépit des appels internationaux croissants à faire taire les armes après 19 mois de guerre dévastatrice.

De Bagdad, où il participait à un sommet de la Ligue arabe, le Premier ministre espagnol Pedro Sanchez a appelé samedi à faire « pression sur Israël pour arrêter le massacre à Gaza », en précisant que l’Espagne allait proposer que la Cour de justice internationale « se prononce » sur l’accès de l’aide humanitaire dans le territoire palestinien.
« La crise humanitaire gravissime que subit Gaza depuis octobre 2023 a provoqué plus de 50 000 morts, 100 000 blessés et deux millions de déplacés », a déclaré le chef du gouvernement espagnol en reprenant les chiffres avancés par les terroristes palestiniens du Hamas – un bilan invérifiable.
Face à ces chiffres « inacceptables » qui bafouent le « principe d’humanité », il faut « intensifier notre pression sur Israël pour arrêter le massacre à Gaza, notamment par les voies que nous offre le droit international », a poursuivi le dirigeant socialiste.
Pour cela, l’Espagne va « soumettre à l’Assemblée générale des Nations Unies une proposition visant à demander à la Cour internationale de justice de se prononcer sur le respect, par Israël, de ses obligations internationales sur l’accès à l’aide humanitaire à Gaza », a-t-il poursuivi.
Lors de son discours, M. Sanchez a par ailleurs précisé que l’Espagne défendrait un autre projet de résolution demandant qu’Israël mette « fin au blocus humanitaire imposé à Gaza » et garantisse « un accès complet et sans restrictions à l’aide humanitaire » dans le territoire palestinien.
Lors d’un discours devant le Parlement espagnol le 7 mai, le Premier ministre espagnol avait déjà annoncé que l’Espagne présenterait un projet de résolution avec des « mesures d’urgence pour arrêter le massacre des civils » et des garanties sur l’entrée de « l’aide humanitaire » à Gaza.
Au-delà de ces différentes initiatives, la priorité est de « faire progresser une solution politique » dans la région, a insisté samedi M. Sanchez, en estimant que « la seule voie vers la paix dans la région » était « la mise en œuvre de la solution des deux Etats ».
Pour cela, « je souhaite à nouveau exhorter d’autres pays à reconnaître l’Etat de Palestine », a-t-il insisté, en disant miser beaucoup sur la conférence internationale prévue en juin en Arabie saoudite pour relancer une solution pacifique au conflit israélo-palestinien.
Cette conférence, coprésidée par la France, représente « une opportunité historique à ne pas manquer, mais elle ne réussira que s’il existe un large consensus arabe et européen qui débouche sur une action ferme de la part de l’ensemble de la communauté internationale », a-t-il prévenu.
L’Espagne, qui a reconnu l’Etat de Palestine le 28 mai 2024 de façon simultanée avec l’Irlande et la Norvège, s’est imposée ces derniers mois comme l’une des voix les plus critiques de l’UE à l’égard du gouvernement de Benjamin Netanyahu, s’attirant à plusieurs reprises les foudres d’Israël.
Les attaques à Gaza, « ça suffit », dit l’Italie à Israël
« Nous devons dire au gouvernement israélien : ça suffit », a lancé samedi le ministre italien des Affaires étrangères Antonio Tajani à propos des attaques d’Israël sur la bande Gaza.

« Nous ne voulons plus voir souffrir la population palestinienne. Les attaques (à Gaza, NDLR), ça suffit, parvenons à un cessez-le feu, libérons les otages, mais laissons en paix un peuple qui est victime du Hamas », a affirmé le ministre lors d’un déplacement en Sicile, dont les propos ont été rapportés par son porte-parole.
« Vous avez réagi; garantissez votre indépendance, votre sécurité, libérons les otages mais arrivons à la paix », a-t-il ajouté lors d’un rassemblement politique à Noto.