Blinken déplore les victimes civiles à Gaza, discute avec Dermer et Hanegbi
Le secrétaire d'État a rencontré le ministre des Affaires stratégiques et le conseiller à la Sécurité nationale pour parler de la planification de la gestion de Gaza après la guerre et de l'aide humanitaire dans l'enclave
WASHINGTON — Le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken a fait part lundi à deux hauts responsables israéliens de la « vive inquiétude » des Etats-Unis après des frappes meurtrières de l’armée israélienne ces derniers jours dans la bande de Gaza, selon son porte-parole.
L’armée israélienne a lancé plusieurs attaques meurtrières ces derniers jours, notamment à proximité d’un camp de réfugiés et de plusieurs écoles gérées par les Nations unies où, selon le Hamas, des civils s’abritaient. Israël, qui a pris pour cible deux hauts responsables terroristes du Hamas lors de l’une de ces attaques, affirme que le Hamas implante ses terroristes parmi la population civile et utilise des zones résidentielles ainsi que des installations des Nations unies comme bases pour lancer des attaques ou stocker des armes et du matériel militaire.
Le secrétaire d’Etat a reçu au département d’Etat le ministre israélien des Affaires stratégiques, Ron Dermer, et le conseiller israélien à la sécurité nationale, Tzachi Hanegbi, et leur a « exprimé notre vive inquiétude au sujet des récentes victimes civiles à Gaza », a déclaré à la presse le porte-parole, Matthew Miller.
Le nombre de victimes « reste inacceptable. Nous continuons à voir beaucoup trop de civils tués dans ce conflit », a déclaré à la presse Matthew Miller, porte-parole du département d’État.
Les discussions ont porté sur un cessez-le-feu entre Israël et le Hamas, qui reste lettre morte, ainsi que sur le déblocage de l’aide humanitaire et sur les préparatifs de l’après-guerre, a-t-il précisé.
Ils ont également discuté de la planification de la gestion de Gaza après la guerre, de l’amélioration de la distribution de l’aide humanitaire dans la bande de Gaza et des tensions actuelles entre Israël et le Hezbollah.
Plus tard dans la journée de lundi, Dermer et Hanegbi devaient participer à la réunion du groupe consultatif stratégique américano-israélien à la Maison Blanche, au cours de laquelle la coopération sur une série de questions bilatérales, y compris la menace nucléaire iranienne, a été abordée.
Cette réunion devait avoir lieu le mois dernier, mais elle a été reportée après que le Premier ministre Benjamin Netanyahu a publiquement accusé les États-Unis de ne pas fournir d’armes à Israël.
Samedi, selon le Hamas, des frappes israéliennes ont ciblé le camp d’Al-Mawasi, près de Khan Younès, un secteur déclaré il y a plusieurs mois « zone humanitaire » par Israël, où les civils déplacés avaient été invités à se regrouper.
Israël a indiqué avoir visé Mohammed Deif, le chef militaire du Hamas, et Rafa Salama, commandant à Khan Younès du groupe terroriste islamiste, présentés comme « deux cerveaux du massacre du 7 octobre » en Israël, qui a déclenché la guerre.
La mort de Salameh a été confirmée mais selon le Hamas, Mohammed Deif est sain et sauf, a affirmé dimanche un responsable du Hamas.
Le Hamas, sans faire de distinction entre les civils et les terroristes, a déclaré que les frappes avaient tué plus de 90 personnes. Des sources militaires ont déclaré que des dizaines d’hommes armés du Hamas se trouvaient dans la zone visée. Des photos ont montré que des enfants figuraient parmi les victimes.
Les deux responsables israéliens ont indiqué à M. Blinken n’avoir « pas de certitude » sur le sort de Deif, a indiqué le porte-parole du département d’Etat.
Un responsable du Hamas a déclaré dimanche que Deif était « en bonne santé et supervisait directement » les opérations. Les responsables de la défense israélienne semblent croire que Deif n’avait pas survécu.
Dans le même temps, lundi, les forces israéliennes ont déclaré avoir frappé un certain nombre d’agents du Hamas rassemblés dans l’enceinte d’une école affiliée à l’UNRWA à Nuseirat, dans le centre de la bande de Gaza. Le Hamas utilisait le bâtiment comme cachette et comme point de départ pour planifier des attaques contre les troupes israéliennes opérant à Gaza, a déclaré l’armée. L’armée israélienne a déclaré qu’avant la frappe, elle avait pris des mesures pour limiter les dommages causés aux civils, notamment en utilisant des armes de précision et des renseignements.
Le bureau des médias du Hamas dans la bande de Gaza a déclaré que 12 personnes avaient été tuées lors de la frappe sur le terrain de l’école, qui, selon lui, abritait des personnes déplacées. Les responsables de la santé à Gaza ont seulement indiqué que plusieurs personnes avaient été tuées et blessées lors de la frappe.
Une analyse approfondie du New York Times publiée samedi montre que le Hamas s’est fortement appuyé sur son intégration dans la population civile de l’enclave, à la fois comme méthode de survie et comme moyen de tendre des embuscades aux troupes israéliennes.
La visite de Dermer et Hanegbi intervient quelque jours avant la visite attendue à Washington du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, qui doit s’adresser au Congrès le 24 juillet.
« Israël continue de nous dire directement qu’il souhaite parvenir à un cessez-le-feu », a affirmé Miller.
La guerre à Gaza a éclaté lorsque le Hamas a envoyé 3 000 terroristes armés en Israël, le 7 octobre, pour mener une attaque brutale au cours de laquelle ils ont tué près de 1 200 personnes. Les terroristes ont également pris en otage 251 personnes, pour la plupart des civils, et les ont emmenées à Gaza.
Israël a réagi en lançant une campagne militaire dont l’objectif vise à détruire le Hamas, à l’écarter du pouvoir à Gaza et à libérer les otages.
On estime que 116 des 251 otages enlevés par le Hamas le 7 octobre se trouvent toujours à Gaza, mais certains ne sont plus en vie.
Le ministère de la santé de Gaza, contrôlé par le Hamas, affirme que plus de 38 000 personnes ont été tuées ou sont présumées mortes dans les combats jusqu’à présent. Ce bilan, qui ne peut être vérifié et qui ne fait pas la distinction entre terroristes et civils, inclut les quelque 16 000 terroristes qu’Israël affirme avoir tués au combat et les civils tués par les centaines de roquettes tirées par les groupes terroristes qui retombent à l’intérieur de la bande de Gaza.
Biden est soumis à une pression politique croissante en raison de la situation critique des Palestiniens dans la bande de Gaza.
« Nous sommes incroyablement troublés par les décès continus de Palestiniens à Gaza », a déclaré Miller lundi.