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Analyse

Ce que l’Amérique offrira à Israël après l’accord sur le nucléaire

Un renforcement de l'aide sécuritaire, une collaboration en R&D, des F-35, une coopération accrue entre les pays ; « des sparadraps sur une hémorragie », selon un critique

Un avion de chasse F-35 pendant un vol d'essai. (Crédit : US Navy/Wikimedia Commons)
Un avion de chasse F-35 pendant un vol d'essai. (Crédit : US Navy/Wikimedia Commons)

WASHINGTON (JTA) – Au moment où l’accord nucléaire iranien deviendra une loi, comme cela semble de plus en plus probable étant donné le soutien croissant du Congrès pour l’accord, la discussion entre Israël et les Etats-Unis passera à la suite.

Que fera Washington pour atténuer la menace iranienne et rassurer Israël et ses autres alliés régionaux ?

Pour commencer, le président Barack Obama semble prêt à offrir un large éventail de mesures de renforcement de la sécurité.

Parmi elles, accélérer et augmenter le soutien de défense à Israël au cours de la prochaine décennie ; augmenter la présence militaire américaine au Moyen-Orient ; renforcer l’application des sanctions contre l’Iran non liées au nucléaire ; renforcer l’interdiction américaine contre l’activité iranienne perturbatrice dans la région ; et renforcer la coopération sur la défense antimissile.

Il y aura aussi le devoir d’empêcher les dizaines de milliards de dollars – auquel l’Iran va accéder librement à travers l’allégement des sanctions – d’atteindre les mandataires de l’Iran.

Adam Szubin, le sous-secrétaire du Trésor américain responsable de l’application des sanctions, a fait du Hezbollah le sujet principal de ses rencontres avec des responsables israéliens la semaine dernière, a appris JTA.

Une fois que des sanctions liées au nucléaire iranien seront levées – si l’Iran respecte les exigences de l’accord sur les restrictions nucléaires – Washington allouera davantage de ressources pour se focaliser sur d’autres sanctions non liées à l’accord, y compris celles concernant le soutien au terrorisme, a affirmé un haut responsable américain au JTA.

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, ne désirant pas être perçu comme approuvant l’accord alors qu’il y a encore une chance que le Congrès le saborde, a prié les responsables israéliens de ne pas coopérer avec les autorités américaines sur ce qui pourrait être fait après l’aval de l’accord au Congrès.

L'ambassadeur d'Israël aux Etats-Unis, Ron Dermer (Crédit : Miriam Alster / Flash90)
L’ambassadeur d’Israël aux Etats-Unis, Ron Dermer (Crédit : Miriam Alster / Flash90)

L’émissaire israélien à Washington, Ron Dermer, a déclaré qu’Israël ne serait prêt à discuter qu’une fois que toutes les options de faire échouer l’accord seront épuisées.

« Nous apprécions le soutien que nous avons obtenu de cette administration, de son président, pour améliorer notre sécurité », a déclaré Dermer à USA Today dans une interview du 27 juillet. « Et la discussion que nous aurons sur le jour d’après, laissons-la au jour d’après. »

Le Congrès a jusqu’au 17 septembre pour décider d’autoriser ou non l’accord.

L’American Israel Public Affairs Committee (AIPAC), qui dirige l’opposition vis-à-vis de l’accord, a souligné dans un memo distribué lundi que les promesses américaines d’amélioration de la situation sécuritaire post-accord sont insuffisantes.

« L’administration tente de rassurer ceux qui sont concernés par les dangereuses conséquences du Plan conjoint d’action global (JCPOA) de deux façons : en promettant un soutien accru à Israël et à ses alliés du Golfe et en jurant qu’elle respectera scrupuleusement l’accord », peut-on lire dans le memo intitulé « Les promesses ne peuvent réparer un mauvais accord. »

« Aucune mesure ne réparera l’erreur fatale de l’accord : il légitime l’Iran comme un Etat du seuil nucléaire d’ici 15 ans ».

Dans une interview lundi avec le Forward, Obama a parlé de l’urgence d’affronter le Hezbollah et d’autres alliés iraniens.

Parlant d’Israël, a-t-il dit, « nous pouvons faire encore plus pour améliorer la coopération militaire et du renseignement sans précédent que nous avons avec eux, et voir s’il existe des moyens supplémentaires qu’Israël peut utiliser pour empêcher le Hezbollah, par exemple, d’obtenir des missiles. »

L’accent mis sur le Hezbollah était approprié, a déclaré Uzi Arad, conseiller à la sécurité nationale de Netanyahu de 2009 à 2011.

Uzi Arad, ancien conseiller à la sécurité nationale de Benjamin Netanyahu (Crédit : Kobi Gideon/Flash 90)
Uzi Arad, ancien conseiller à la sécurité nationale de Benjamin Netanyahu (Crédit : Kobi Gideon/Flash 90)

« Le président, qui détecte un degré d’urgence avec le Hezbollah plutôt tôt que tard, a tout à fait raison », a déclaré Arad, notant le rôle du groupe en tant qu’allié iranien, soutenant le régime d’Assad en Syrie.

« Il soutient la nécessité de déraciner et de neutraliser le groupe radical violent anti-américain et anti-israélien. C’est une question urgente d’intérêt commun. »

Arad a énuméré un certain nombre de domaines qui permettraient d’améliorer le sentiment sécuritaire d’Israël dans un environnement post-accord, y compris :

* Maintenir l’avantage militaire qualitatif d’Israël dans la région, même si les Etats-Unis soulignent que les alliés arabes du Golfe persique, à l’instar d’Israël, rechercheront des garanties dans le sillage de l’accord iranien ;

* Renforcer les programmes de défense antimissile conjoints ;

* Proroger le Mémorandum d’aide à la défense, qui fournit à Israël depuis 2008 une moyenne de 3 milliards de dollars par an, pendant 10 ans (il doit expirer en 2018), et livrer des avions de combat avancés F-35 promis à Israël ;

* Améliorer la recherche scientifique civile et le développement communs ;

* Fournir des bombes anti-bunker avancées pour maintenir l’avantage dissuasif d’Israël, si l’Iran triche ou abandonne l’accord.

« Israël doit recevoir ce type particulier de munitions qui lui octroient une option militaire plus efficace en cas de violations iraniennes de l’accord », dit Arad, faisant valoir que cela permettrait de renforcer l’accord en créant un effet dissuasif sur un non-respect de la part de l’Iran.

* Une composante « déclaratoire » soulignant les engagements américains de longue date envers Israël.

* Clarifier que l’effort américain pour arrêter l’expansion de l’extrémisme et du terrorisme islamistes vise les activités iraniennes ainsi que celles associées au groupe terroriste Etat islamique.

Obama a abordé un grand nombre de ces questions dans une lettre envoyée au Rep. Jerrold Nadler, le 19 août.

« Il est impératif que, alors même que nous avons effectivement coupé les voies iraniennes vers l’arme nucléaire à travers la mise en œuvre du JCPOA, nous prenons des mesures pour nous assurer que nous, nos alliés et nos partenaires soyons plus capables que jamais d’affronter les activités de déstabilisation menées par l’Iran et son soutien au terrorisme », a déclaré Obama dans la lettre, obtenue par le New York Times.

Le président a précisé quatre domaines où la coopération serait renforcée : l’extension du soutien à la défense pendant une décennie, la recherche conjointe de défense antimissile, des efforts conjoints pour améliorer la détection de tunnels (en suivant les progrès réalisés par le Hamas dans la guerre de 2014 avec Israël) et « le redoublement de nos efforts face aux menaces traditionnelles et asymétriques. »

La lettre a persuadé Nadler de soutenir l’accord et devrait apaiser les responsables de la sécurité israélienne, a déclaré Dan Arbell, un ancien chef de mission adjoint à l’ambassade d’Israël à Washington.

« Si j’étais un bureaucrate israélien en ce moment dans l’un des domaines affiliés, je jugerais que le président fournit dans sa lettre est une liste assez complète. Je pense que l’establishment de la défense israélien en sera satisfait », a déclaré Arbell, qui donne des conférences à l’Université américaine.

Les alliés du Golfe souhaiteraient eux aussi les garanties qu’Israël reçoit et les assurances spécifiques d’aide afin d’empêcher l’Iran de s’ingérer dans les affaires arabes, a déclaré Michael Eisenstadt, un officier de longue date dans la Réserve de l’Armée américaine, qui a servi au Moyen-Orient.

Même avec de telles assurances, dit Eisenstadt, les alliés du Golfe resteraient préoccupés que l’accord renforce le statut de l’Iran.

« Les armes sont des sparadraps sur une hémorragie », a déclaré Eisenstadt, aujourd’hui un membre du Washington Institute for Near East Policy. « Du point de vue de nos alliés dans la région, nous avons causé une grande partie du problème » en négociant l’accord avec l’Iran.

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