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Interview

Ces forces de l’ONU qui ne maintiennent pas la paix au Liban : 4 scénarios pour la FINUL

Le Premier ministre accuse le groupe terroriste Hezbollah d'utiliser les Casques bleus comme boucliers humains ; pour Tal Beeri, ancien expert en renseignements militaires, il est clair depuis longtemps que la FINUL ne remplit pas son mandat

Un véhicule de la FINUL patrouillant près d'un panneau d'affichage avec un portrait du chef du Hezbollah Hassan Nasrallah, dans la ville d'Adaisseh, dans le sud du Liban, le 30 août 2023. (Crédit : Mahmoud Zayyat/AFP)
Un véhicule de la FINUL patrouillant près d'un panneau d'affichage avec un portrait du chef du Hezbollah Hassan Nasrallah, dans la ville d'Adaisseh, dans le sud du Liban, le 30 août 2023. (Crédit : Mahmoud Zayyat/AFP)

Ces derniers jours, au moins cinq soldats des forces de maintien de la paix des Nations unies au Liban ont été légèrement blessés dans un contexte d’élargissement des combats menés par Israël contre le groupe terroriste du Hezbollah, au sud du territoire libanais.

Tsahal a assumé la responsabilité de deux incidents distincts survenus jeudi et vendredi – quatre soldats originaires d’Indonésie et du Sri Lanka avaient alors été blessés – indiquant que dans les deux cas, les militaires israéliens avaient pris pour cible des positions du Hezbollah installées à proximité. L’armée a ajouté qu’elle avait averti au préalable la FINUL de ses frappes imminentes. Concernant le cinquième Casque bleu à avoir été touché, vendredi dans la soirée, l’ONU a reconnu ne pas avoir déterminé l’origine réelle des tirs.

Et pourtant, la FINUL – les forces intérimaires des Nations unies au Liban – a accusé Tsahal d’avoir « délibérément » ouvert le feu sur ses positions et les 48 pays dont des troupes sont intégrées au sein de cette force ont unanimement condamné les deux incidents, soulignant que l’objectif de la mission était d’établir « une paix durable dans le sud du Liban ».

En réponse à l’indignation de la communauté internationale, Israël a affirmé que les Casques bleus entravaient les efforts livrés pour éradiquer la présence du Hezbollah le long de la frontière. L’État juif a appelé les forces de maintien de la paix à se retirer des zones de combat.

Dimanche dans la soirée, le porte-parole arabophone de l’armée, Avichay Adraee, a indiqué qu’environ 25 roquettes et missiles avaient été tirés vers les villes israéliennes par les forces du Hezbollah depuis des endroits situés juste à proximité des postes de la FINUL, au cours des trente derniers jours. L’une des frappes émanant de l’un de ces sites avait entraîné la mort de deux militaires israéliens, a ajouté Adraee.

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a fait savoir, dimanche, dans une déclaration adressée au secrétaire-général de l’ONU, Antonio Guterres, que les forces de la FINUL étaient « otages » du Hezbollah et qu’elles étaient utilisées « comme boucliers humains ».

Photo d’illustration : Des membres de la Force intérimaire des Nations Unies au Liban (FINUL) montent la garde à un point d’observation dans le village de Markaba, dans le sud-Liban, près de la frontière israélienne, le 25 novembre 2023. (Crédit : Mahmoud Zayyat / AFP)

« Ce qui met en péril à la fois les Casques bleus et nos soldats », a ajouté le Premier ministre qui a noté qu’Israël avait demandé aux forces de maintien de la paix se de retirer à de multiples reprises, dans le passé, et que cette requête avait toujours été rejetée.

Cette exploitation des soldats de la mission de l’ONU par le groupe terroriste, qui s’en sert comme couverture, n’est pas nouvelle, selon des experts israéliens. Dans les premières semaines de la guerre, le Centre de recherches Alma, une organisation à but non-lucratif financée à titre privée dont les activités se concentrent sur la situation sécuritaire à la frontière nord d’Israël, avait publié une carte montrant cinq bases de la FINUL qui avaient été utilisées par le Hezbollah pour couvrir ses tirs de roquette en direction du territoire israélien.

Et récemment, Alma a diffusé une étude qui présente quatre scénarios potentiels qui pourraient définir l’avenir d’une force de maintien de la paix « défaillante », selon ses termes.

Tal Beeri, qui est directeur de recherches au sein de l’ONG, déclare que la FINUL « n’a ni la volonté, ni la capacité de se confronter au Hezbollah ». L’homme a servi pendant des décennies au sein d’unités de renseignement militaire israéliennes.

« Quand le Hezbollah installe un lance-roquette à côté d’une position de la FINUL, la FINUL ne va rien faire 99,9 % du temps. Elle a peur », explique Beeri.

« Si le Hezbollah dit aux forces de la FINUL de ne pas entrer dans un certain périmètre, elles n’y entreront pas. Si elles le font sans s’être coordonnées au préalable, les Casques bleus courent le risque d’être blessés ou enlevés », ajoute-t-il. « C’est déjà arrivé dans le passé, c’est arrivé avant cette guerre ».

Parmi des incidents antérieurs, une base de la FINUL avait été prise d’assaut en mai 2013 – ses munitions avaient été volées et trois soldats avaient brièvement été placés en détention. En décembre 2022, un véhicule de la FINUL avait essuyé des tirs et un Casque bleu d’origine irlandaise qui se trouvait à l’intérieur avait été tué. Un haut-responsable du Hezbollah avait indiqué que le groupe terroriste n’était pas impliqué dans ces coups de feu mais il avait toutefois fait remarquer que le véhicule avait emprunté « un itinéraire inhabituel ».

Les membres de la FINUL patrouillent dans le secteur de Naqura, au sud de la ville de Tyre, à la frontière avec Israël, le 6 juin 2022. (Crédit : Mahmoud ZAYYAT / AFP)

L’échec de la FINUL à remplir la mission qui est en son cœur

La FINUL avait été déployée en 1978 pour la première fois – c’était après l’invasion du sud du Liban par l’armée israélienne. La mission avait été lancée en réponse au « massacre de la route côtière », un attentat terroriste qui avait fait 35 morts côté israélien – des civils qui avaient été tués alors qu’ils se trouvaient à bord d’un bus, à proximité de Tel Aviv, par des Palestiniens qui s’étaient infiltrés en Israël après avoir franchi la frontière libanaise.

Le gouvernement libanais avait affirmé n’entretenir aucun lien avec ces commandos terroristes palestiniens et il avait demandé l’intervention de l’ONU, seul moyen d’obtenir le retrait des troupes de l’armée israélienne de son territoire. L’ONU avait alors pris la décision d’envoyer une mission de maintien de la paix pour rétablir la stabilité dans la région.

Tal Beeri, ancien officier de renseignement de l’armée israélienne et directeur du département de recherche du Centre Alma, une organisation à but non lucratif qui surveille l’évolution de la sécurité le long de la frontière nord d’Israël, 2024 (Autorisation)

Pendant les années d’occupation du sud-Liban par Israël, de 1982 à l’an 2000, la FINUL était restée derrière les lignes israéliennes et elle avait apporté une assistance humanitaire à la population locale – mais elle n’avait pas été en mesure de remplir son mandat et d’empêcher les affrontements opposant l’armée israélienne et ses alliés libanais aux groupes dits « de la résistance » tels que le Hezbollah.

En 2006, après la fin de la Seconde guerre du Liban, le mandat de la FINUL avait été confirmé et élargi par la résolution 1701 qui avait été adoptée par Conseil de sécurité des Nations unies. Cette fameuse résolution appelait à une cessation immédiate des hostilités entre le Hezbollah et Israël et à la création d’une zone-tampon au Liban au sud du fleuve Litani, où seuls la FINUL, ses armements et l’armée régulière du gouvernement libanais étaient autorisés à se maintenir.

La mission de la FINUL aura ensuite été prolongée chaque année. Son mandat a été renouvelé pour la dernière fois par le Conseil de sécurité des Nations unies en date du 28 août.

Toutefois, les forces de maintien de la paix de l’ONU ne sont pas parvenues à remplir la mission qui est pourtant la leur – malgré la présence de 9 500 soldats en leur sein, des casques bleus qui sont ressortissants de 48 pays.

Illustration : Des Casques bleus de la Force intérimaire des Nations unies au Liban (FINUL) maniant leur véhicule blindé dans la ville de Naqoura, au sud du Liban, près de la frontière avec Israël, le 15 octobre 2023. (Crédit : AFP)

La résolution 1701 est restée largement inappliquée alors que le Hezbollah s’est progressivement retranché dans la zone frontalière, y stockant des armes, tirant des roquettes en direction d’Israël tout en préparant, semble-t-il, ses hommes à envahir massivement l’État juif – des préparatifs qui auraient eu lieu l’année dernière.

Il est vrai que la FINUL a apporté une aide déterminante aux habitants du Sud-Liban – avec des projets d’approvisionnement en électricité, des initiatives liées à la santé (15 hôpitaux sont gérés par la FINUL) et à l’éducation. Il est vrai également que les forces de maintien de la paix ont soutenu l’économie locale grâce à la présence de ses milliers de soldats. Toutefois, elle n’est jamais parvenue à remplir sa mission principale : veiller à ce que la zone du Sud-Liban située entre la frontière, qui n’en est pas une juridiquement, avec Israël (la « ligne bleue ») et le fleuve Litani reste démilitarisée.

Beeri cite deux exemples récents témoignant de l’incapacité ou du manque de volonté de la mission de l’ONU de s’attaquer au groupe terroriste qu’elle est pourtant censée tenir en échec.

Au mois de décembre 2018, l’armée israélienne avait découvert six tunnels creusés par le Hezbollah qui traversaient la frontière séparant le Liban du territoire israélien. L’armée israélienne avait déclaré avoir fourni une carte de ces tunnels au commandant de la FINUL de l’époque, le général de division Stefano Del Col, et avoir demandé à ce dernier de faire détruire les passages du côté libanais de la frontière. La FINUL n’était jamais passée à l’acte, selon l’expert.

Des soldats israéliens montrent au général de division de la FINUL Stefano Del Col un tunnel du Hezbollah qui entre en territoire israélien depuis le sud du Liban, le 6 décembre 2018. (Crédit : armée israélienne)

Le 1er septembre 2019, le Hezbollah avait tiré plusieurs missiles antichars en direction d’une jeep militaire et d’une base de l’armée israélienne à Avivim, dans le nord d’Israël – sans faire de blessés. Malgré les multiples requêtes soumises par Israël, les forces de la FINUL ne se sont jamais rendues à l’endroit d’où ces roquettes avaient été lancées, dit Beeri.

Le porte-parole de la FINUL n’a pas répondu aux demandes de commentaires répétées du Times of Israel, que ce soit au sujet des incidents rapportés par l’expert ou au sujet des propos de Netanyahu laissant entendre que les forces de maintien de la paix servaient « de bouclier humain » au groupe terroriste du Hezbollah.

Quatre scénarios pour l’avenir de la FINUL

Au début du mois de septembre – avant l’escalade actuellement en cours au Liban – le centre de recherches Alma avait diffusé un rapport qui présentait quatre scénarios possibles concernant l’avenir de la FINUL.

Le maintien du statu-quo n’est pas souhaitable pour Israël, car l’armée israélienne court le risque de frapper par inadvertance des positions de la FINUL que le Hezbollah utiliserait pour se couvrir.

Sur une photo prise depuis le kibboutz Manara, des soldats de la paix de la FINUL passent devant des drapeaux du Hezbollah et devant des drapeaux palestiniens lors d’une patrouille à la frontière avec Israël dans le village de Houla, au sud du Liban, le 26 août 2020. (Crédit : Jalaa Marey/AFP)

Le démantèlement complet de la FINUL ne serait pas non plus une option judicieuse. Les forces de maintien de la paix servent de « mécanisme de médiation pour résoudre les conflits tactiques sur le terrain », indique le rapport.

L’élargissement et le renforcement de la FINUL – ce qui pourrait lui permettre de remplir son mandat et d’affronter réellement le Hezbollah sur le terrain – ne semblent pas être un scénario réaliste à l’heure actuelle, suggère le rapport. Il est probable que le Hezbollah commencerait alors à prendre pour cible les troupes de l’ONU et qu’il y aurait des victimes – ce qui dissuaderait de nombreux pays, soumis aux pressions de leurs citoyens, d’envoyer leurs forces au Liban.

La révision à la baisse du mandat de la FINUL et de son déploiement semble être la meilleure option, car elle permettrait à cette dernière de préserver son rôle de liaison et ses projets humanitaires tout en renforçant sa fonction en matière d’information, conclut le rapport.

Toutefois, au vu de l’offensive terrestre de l’armée israélienne dans le sud du Liban, l’incertitude règne toujours sur la question des forces qui seront potentiellement en mesure de garantir la sécurité et de faire réellement face à la menace que font planer les cellules de combattants du Hezbollah, une fois que l’armée israélienne aura retiré ses troupes.

Lazar Berman et l’équipe du Times of Israel ont contribué à cet article.

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