Israël en guerre - Jour 348

Rechercher

Ces militants qui craignent pour leur vie face à l’Autorité palestinienne

"Mahmoud Abbas est (à la tête) d'une dictature", accuse Issa Amro, qui pleure la mort de son ami Nizar Banat, tué après son arrestation par les forces palestiniennes

Issa Amro, militant palestinien, avant le début de son procès à la cour de justice militaire d'Ofer, à Betunia, près de Ramallah, en Cisjordanie, le 9 juillet 2017. (Crédit : Abbas Momani/AFP)
Issa Amro, militant palestinien, avant le début de son procès à la cour de justice militaire d'Ofer, à Betunia, près de Ramallah, en Cisjordanie, le 9 juillet 2017. (Crédit : Abbas Momani/AFP)

Issa Amro a passé une sombre semaine. Brièvement détenu le 22 juin par les forces palestiniennes, l’influent militant des droits humains apprenait moins de 48 heures plus tard la mort de son « ami » Nizar Banat aux mains de l’Autorité palestinienne, dont il était aussi un détracteur.

Issa Amro partageait bien des points communs avec Nizar Banat, dont la mort a provoqué une vague de colère en Cisjordanie contre l’Autorité palestinienne (AP), cadenassée par le président Mahmoud Abbas, 86 ans, dont le mandat devait se terminer en 2009.

Tous les deux sont originaires de Hébron, ville poudrière du sud de la Cisjordanie où vivent environ 1 000 Israéliens sous haute protection militaire parmi plus de 200 000 Palestiniens. Les deux hommes partageaient le même engagement pour la liberté d’expression, et ne comptaient plus les arrestations jugées arbitraires.

Sur leurs réseaux sociaux, ils racontaient ce que peu osent dire tout haut : les interpellations mais aussi la « corruption » au sein de l’AP, et plus largement les violations des droits humains par les forces palestiniennes.

Lors de sa dernière détention de plusieurs heures le 22 juin, après une publication sur Facebook critiquant les arrestations « politiques », Issa Amro « a pensé à (son) ami Nizar ».

« Quand ils m’ont arrêté sur des accusations infondées, je me suis dit qu’ils étaient déterminés à se débarrasser de nous », explique à l’AFP le militant, libéré en l’absence de charges.

Mais dans le cas de Nizar Banat, sa famille accuse les forces de sécurité de l’avoir battu et « assassiné ».

« Je ne pense pas qu’ils prévoyaient de le tuer, je pense qu’ils ont utilisé la violence pour le faire taire », estime Issa Amro.

Sollicitée par l’AFP à la mort du militant, la police palestinienne n’a pas souhaité commenter. L’AP a promis une enquête « transparente et professionnelle ».

Des Palestiniens tiennent des affiches représentant le militant des droits humains Nizar Banat lors d’une manifestation suite à son arrestation violente et sa mort alors qu’il était détenu par les forces de sécurité de l’Autorité palestinienne, dans sa ville natale d’Hébron en Cisjordanie, le 27 juin 2021. (Crédit : MOSAB SHAWER / AFP)

« Peur »

Dans un rapport de 2018, l’ONG Human Rights Watch (HRW) s’alarmait déjà des « arrestations arbitraires » menées par l’AP et estimait que « la pratique systématique de torture pourrait relever d’un crime contre l’humanité ».

Issa Amro dit avoir été lui-même « torturé » en 2017 lors de sa détention d’une semaine, enfermé dans une pièce minuscule où il a été frappé, empêché de voir ses avocats, menacé de voir sa « tête coupée ».

Aujourd’hui encore, « l’environnement n’est pas sûr pour moi », dit ce défenseur des droits humains de 41 ans, que tout le monde salue sur son passage dans la vieille ville de Hébron : « J’ai peur d’être tué, mais je n’arrêterai pas. »

« Mahmoud Abbas est (à la tête) d’une dictature », accuse-t-il, ajoutant devoir « parler des prisonniers politiques de l’Autorité palestinienne, des personnalités publiques qui sont corrompues et qui oppressent leur propre peuple ».

Le président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas lors d’une réunion du Conseil révolutionnaire du Fatah dans un discours retransmis le mercredi 23 juin 2021. (Crédit : WAFA)

Quelque 84 % des Palestiniens estiment que l’AP est corrompue, selon une enquête publiée à la mi-juin par un institut de sondage à Ramallah.

Les dirigeants palestiniens ont peur « parce que ma voix porte à l’étranger, alors qu’ils veulent être la seule voix du peuple palestinien », considère M. Amro.

Issa Amro est notamment soutenu par Amnesty International, qui n’a eu de cesse ces dernières années de condamner le « harcèlement » dont il fait objet de la part des autorités palestiniennes mais aussi israéliennes.

Car la vie d’Issa Amro ne se résume pas à dénoncer les agissements de l’AP, qui exerce des pouvoirs limités sur environ 40 % de la Cisjordanie.

Son engagement est né dans les années 2000 contre les implantations israéliennes, à Hébron, où il a créé l’ONG « Youth Against Settlements ».

Il a été arrêté à des dizaines de reprises, « parfois au rythme de deux fois par semaine, parfois deux fois par jour », avant d’être relâché, dit-il.

En février 2021, il a été condamné à trois mois de prison avec sursis et 3 500 shekels d’amende (900 euros) par un tribunal militaire israélien pour « avoir organisé et participé à des manifestations pacifiques », avance-t-il, des charges « motivées par des intérêts purement politiques », selon Amnesty.

D’après la justice israélienne, ces manifestations étaient « illégales » et Issa Amro s’est « opposé physiquement » à des soldats au moment de son arrestation.

En savoir plus sur :
S'inscrire ou se connecter
Veuillez utiliser le format suivant : example@domain.com
Se connecter avec
En vous inscrivant, vous acceptez les conditions d'utilisation
S'inscrire pour continuer
Se connecter avec
Se connecter pour continuer
S'inscrire ou se connecter
Se connecter avec
check your email
Consultez vos mails
Nous vous avons envoyé un email à gal@rgbmedia.org.
Il contient un lien qui vous permettra de vous connecter.
image
Inscrivez-vous gratuitement
et continuez votre lecture
L'inscription vous permet également de commenter les articles et nous aide à améliorer votre expérience. Cela ne prend que quelques secondes.
Déjà inscrit ? Entrez votre email pour vous connecter.
Veuillez utiliser le format suivant : example@domain.com
SE CONNECTER AVEC
En vous inscrivant, vous acceptez les conditions d'utilisation. Une fois inscrit, vous recevrez gratuitement notre Une du Jour.
Register to continue
SE CONNECTER AVEC
Log in to continue
Connectez-vous ou inscrivez-vous
SE CONNECTER AVEC
check your email
Consultez vos mails
Nous vous avons envoyé un e-mail à .
Il contient un lien qui vous permettra de vous connecter.