Conseil des droits de l’homme de l’ONU – 70 % des membres, pas des démocraties ?
Selon le directeur de l'ONG UN Watch, la présence de régimes autoritaires « revient à confier à Al Capone » la lutte contre la criminalité et hypothèque les chances de succès
L’organe suprême des droits de l’homme des Nations Unies a commencé l’année sur la nouvelle que la majorité de ses membres n’étaient pas des pays démocratiques et que certains étaient accusés de graves violations des droits de l’Homme, au grand dam de l’ONG pro-israélienne UN Watch.
Selon l’ONG spécialisée dans la défense des droits Freedom House, seuls 14 des 47 membres élus au Conseil des droits de l’homme de l’ONU, dont le siège est à Genève, sont considérés comme des pays « libres », les autres – représentant 70 % des sièges du Conseil – sont qualifiés de « partiellement libres » voire « non libres ».
« Quand sont élus des régimes comme la Chine, Cuba, le Pakistan, au sein de l’organe suprême des droits de l’homme, cela revient à nommer Al Capone et sa bande pour lutter contre le crime organisé. C’est une véritable trahison », a déclaré le directeur exécutif de UN Watch, Hillel Neuer, dans une interview accordée à ILTV, jeudi.
Lorsque de tels États sont élus au Conseil, « il est très difficile pour le monde de le prendre au sérieux, et cela pose la question de savoir comment il peut mener des missions réellement constructives, du type de l’enquête sur l’Iran », a ajouté Neuer, évoquant l’enquête menée il y a peu sur les troubles en République islamique déclenchés par la mort en détention de Mahsa Amini, une femme kurde-iranienne de 22 ans.
Le Conseil des droits de l’homme compte 47 États membres, élus au scrutin direct et secret pour un mandat de trois ans par l’Assemblée générale des Nations unies.
Neuer a noté dans un tweet, dimanche, que des pays au bilan douteux en matière de droits de l’homme tels que Cuba, le Qatar, la Chine, le Soudan, l’Érythrée, l’Algérie, la Somalie, le Vietnam, le Pakistan, le Kazakhstan et le Bangladesh étaient membres du Conseil.
Israël et les États-Unis dénoncent fréquemment l’obsession du Conseil pour Israël.
Israël est le seul pays à avoir un point dédié au Conseil, le point 7 de l’ordre du jour, exclusivement consacré à l’évocation de violations présumées des droits par Israël en Cisjordanie et dans la bande de Gaza.
En mai 2021, le Conseil a établi une commission d’enquête permanente sur le traitement des Palestiniens par Israël. En juin 2022, un rapport de cette commission a dénoncé la « discrimination persistante d’Israël envers les Palestiniens », qu’elle estime responsable des violences entre les deux parties.
Neuer a précisé à l’antenne d’ILTV dans son interview de jeudi que c’était principalement les États arabes et islamiques riches en pétrole qui proposaient des mesures contre Israël, « pour détourner l’attention de leurs propres exactions ».
Le vote contre Israël au sein de ce Conseil « est devenu la norme, et Israël doit travailler dur pour changer cet état de fait. C’est une bataille extrêmement difficile à mener », a-t-il ajouté.
Fondé en 1993, UN Watch a pour objectif, selon son site Internet, de combattre « le racisme, l’antisémitisme et les préjugés anti-israéliens à l’ONU, en s’élevant contre les dictatures et le système de « deux poids, deux mesures » ».
Elle a son siège à Genève et fait partie des ONG accréditées par l’ONU, ce qui lui permet de participer à certains débats et panels et faire campagne contre les violations des droits de l’Homme commises dans le monde entier.