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Dans le cœur juif de Londres, les frileux du Brexit causent une crise immoblière

Les agents immobiliers ont observé que les prix baissaient alors qu'approche le départ du Royaume-Uni de l'UE et que se renforcent les craintes que Corbyn n'arrive au pouvoir

Des acheteurs dans un marché du quartier juif londonien de Golders Green, le 19 juin 2015. (Crédits : Cnaan Liphshiz / JTA)
Des acheteurs dans un marché du quartier juif londonien de Golders Green, le 19 juin 2015. (Crédits : Cnaan Liphshiz / JTA)

LONDRES, Royaume-Uni (JTA) — Il y a deux ans et demi, Murray Lee a voté pour la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne (UE).

Agent immobilier juif du nord de Londres, Murray partageait alors les préoccupations de tous les partisans du Brexit face à la vulnérabilité de l’Europe aux prises avec la crise migratoire. Si l’Angleterre devait rester poings et pieds liée aux politiques de Bruxelles, il estimait que les Britanniques paieraient le prix de l’exode des réfugiés venus trouver du travail et des demandeurs d’asile originaires du Moyen-Orient et d’ailleurs.

Murray est toujours inquiet. Mais désormais, il craint les dégâts entraînés par le tumulte suscité par le vote en faveur du Brexit – remporté à 52 % des voix – sur l’économie britannique, sur son secteur d’activité et sur le foyer juif qui occupe le nord de Londres.

« Je pense que nous ne savions pas ce que nous savons aujourd’hui », dit Murray au sujet du vote, qu’il regrette un peu. « Nous avons été mal conseillés. »

Murray Lee devant son agence immobilière de Londres, le 13 décembre 2018. (Crédit : Cnaan Liphshiz/JTA)

Faisant référence aux prédictions d’une récession économique sur les 15 prochaines années, il admet que « malheureusement, je n’y ai jamais pensé ».

Murray, un agent immobilier ayant 45 ans d’expérience et qui a fondé l’agence immobilière Dreamview Estates sur Golders Green Road, a vu les prix de l’immobilier chuter de
10 % par rapport au niveau le plus élevé que le secteur avait atteint en 2016, et certains biens n’attirent aucune offre, déplore-t-il.

Golders Green est une artère animée qui traverse le quartier auquel elle a donné son nom. Elle compte de nombreux restaurants israéliens et casher et d’échoppes baptisés Florentin, Hummus Bar et Yarok, qui reflètent l’importante présence juive dans le quartier.

Un peu plus haut, dans la même rue, Richard Dangoor, directeur de l’agence immobilière familiale Hausman & Holmes, a observé une baisse de 20 % depuis le vote sur le Brexit.

Richard Dangoor dans son bureau de Londres, le 13 décembre 2018. (Crédit : Cnaan Liphshiz/JTA)

La croissance du marché immobilier britannique, qui s’élevait à 1,5 % en octobre, a chuté à 0,3 % en novembre, selon The Guardian. Et le prix de l’immobilier à Londres, qui, en 2015, a connu une hausse fulgurante de
9,2 % est devenu le « point faible » du marché de l’immobilier britannique, a fait savoir The Guardian au mois d’octobre.

L’éclatement de la bulle à Londres n’est peut-être pas uniquement dû au Brexit, mais également au fait que « les prix étaient devenus inabordables », explique Murray. Lui et Dangoor disent ne pas craindre pour la pérennité de leurs affaires.

Plus largement, les actions des entreprises britanniques ont été durement touchées suite au vote du Brexit. La livre sterling a perdu près de 15 % de sa valeur face au dollar américain depuis janvier 2016.

L’incertitude et la colère autour des conditions du retrait de la Grande-Bretagne n’arrangent rien. Le document publié le mois dernier par la Première ministre Theresa May indique que le Royaume Uni devrait continuer à adhérer aux lois européennes – y compris sur l’immigration au sein du bloc – pendant une période transitoire de deux ans, mais que le pays perdra sa représentation au sein des instances gouvernementales européennes.

La Première ministre britannique Theresa May devant le 10 Downing Street, à Londres, le 18 avril 2017. (Crédit : Daniel Leal-Olivas/AFP)

Les lacunes de ce document ont entraîné le vote d’une motion de censure au sein du parti conservateur de May, où les modérés comme les partisans de la ligne dure ont été excédés. Si la Première ministre a survécu au vote de la semaine dernière, elle a perdu le soutien de plus d’un tiers des députés de son propre parti à la Chambre des Communes, la chambre basse du Parlement britannique.

Moins de quatre mois avant l’expiration de l’accord proposé, le soutien fragile dont il bénéficie fait craindre que le Royaume Uni ne quitte le bloc européen sans accord. Les économistes prédisent qu’une telle éventualité serait désastreuse pour un pays qui dépend de l’UE pour 53 % de ses biens et services importés et pour 44 % de ses exportations.

Au centre de Londres, cette incertitude frappe avec une dureté toute particulière le marché de l’immobilier, explique Dangoor, père de trois enfants.

Le marché de l’immobilier du centre de Londres dépend des investissements étrangers, en provenance notamment du Moyen Orient, d’Afrique du sud et de Chine.

« Quand il y a eu des craintes », dit-il, « on a observé une baisse considérable des valeurs ici. »

Cette baisse se remarque moins dans les banlieues, cependant, les taux d’intérêts étant plus faibles, ce qui signifie que « les propriétaires ne sont pas obligés de vendre », analyse Dangoor. Les biens immobiliers en périphérie qui « cochent toutes les bonnes cases » se vendent à bon prix, « parce que ces secteurs sont isolés par leur propre micro-bulle et que les acheteurs qui cherchent des maisons familiales voient à plus long terme », ajoute Dangoor. Mais le nombre de transactions baisse là-bas aussi, parce que « les gens sont craintifs ».

Murray présente les choses différemment.

« Achèteriez-vous une maison pour un million de livres sterling si vous n’êtes pas sûr que c’est ce qu’elle vaudra demain ? », dit-il.

Jeremy Corbyn, chef du Parti travailliste britannique, lors d’un rassemblement à Glasgow, en Écosse, le 28 mai 2017 (Crédit : AFP / Andy Buchanan)

La position de May sur le Brexit a augmenté les probabilités d’une élection et du remplacement de son gouvernement par un cabinet supervisé par le chef du parti d’opposition du Labour, le politicien d’extrême-gauche Jeremy Corbyn.

Pour Murray et Dangoor, la perspective d’un gouvernement Corbyn est une menace, l’homme soutenant le contrôle des loyers et une taxe foncière pour les biens immobiliers de grande valeur. Certains économistes ont averti que l’élection de Corbyn pourrait causer un effondrement du marché immobilier et de la livre sterling.

Mark Ruben, un hôtelier de 57 ans, qui a récemment fait l’acquisition d’une maison valant 7 millions de dollars, n’a pas attendu de voir ce qui allait se passer. Au début de l’année, il a vendu son bien – qu’il décrit comme « la maison de ses rêves » – notamment parce qu’il craint que Corbyn ne gagne les élections et n’impose une taxe foncière exorbitante, confie-t-il au JTA.

Corbyn, qui a qualifié le Hamas et le Hezbollah d’amis et qui a affirmé que les Juifs britanniques ne comprenaient pas l’ironie anglaise, fait face à des accusations d’antisémitisme, notamment de la part de l’ancien grand-rabbin britannique Jonathan Sacks. Au début de l’année, l’ensemble des journaux juifs britanniques ont publié un éditorial commun avertissant que Corbyn pourrait représenter une « menace existentielle » pour le judaïsme britannique.

Murray, spécialisé dans le marché juif du nord de Londres, observe déjà ce qu’il appelle « l’effet Corbyn » sur ses clients.

« Cela m’a choqué la troisième fois que c’est arrivé », explique-t-il, évoquant les propriétaires désireux de vendre leurs biens de peur que Corbyn soit élu. L’un des acheteurs lui a dit : ‘je vends parce que je partirai en Israël si Corbyn devait être élu’. »

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