Israël en guerre - Jour 425

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De nouveaux manuels scolaires expliquent le conflit israélo-palestinien

La présentation de l’histoire d’Israël et des relations entre juifs et arabes est-elle biaisée ou juste ? Lisez les extraits ci-dessous et décidez vous-mêmes

Marissa Newman est la correspondante politique du Times of Israël

Manifestation palestinienne de soutien à  Mohammed Allaan, un Palestinien en détention administrative en Israël qui est tombé dans le coma après presque deux mois de grève de la faim, devant la dôme du Rocher du complexe Al-Aqsa, sur le mont du Temple, dans la Vieille Ville de Jérusalem, le 14 août 2015. (Crédit : AFP PHOTO/AHMAD GHARABLI)
Manifestation palestinienne de soutien à Mohammed Allaan, un Palestinien en détention administrative en Israël qui est tombé dans le coma après presque deux mois de grève de la faim, devant la dôme du Rocher du complexe Al-Aqsa, sur le mont du Temple, dans la Vieille Ville de Jérusalem, le 14 août 2015. (Crédit : AFP PHOTO/AHMAD GHARABLI)

Les nouveaux manuels scolaires d’Israël ont été accusés de parti-pris, de présenter le narratif israélien avec un angle de droite, orthodoxe et nationaliste.

Voici des extraits sélectionnés sur la Guerre d’Indépendance, la Guerre des Six Jours et les opinions sur les relations judéo-arabes. Juste ou pas ? A vous de décider.

1948 : « Les résultats de la guerre ont été très difficiles pour les deux parties […]. Pour les juifs, c’était une guerre existentielle, dans laquelle ils ont combattu pour leur vie, sans option de fuite, contre un ennemi qui avait largement l’avantage du nombre [de soldats]. D’autre part, beaucoup d’arabes ont fui ou ont été expulsés pendant la guerre, quand leurs villes et leurs villages ont été capturés, et ils sont devenus des réfugiés. Les nombres fluctuent selon les estimations de 500 000 à 600 000, soit environ la moitié des résidents arabes du pays en 1948. La plupart des réfugiés ont été accueillis en Judée et en Samarie, qui étaient annexées par la Jordanie et intitulées ‘Cisjordanie’, ou dans la bande de Gaza, qui était sous contrôle militaire égyptien. » [Note : le livre utilise à la fois les termes bibliques de Judée et Samarie et le terme de Cisjordanie, comme les éditions précédentes]

« Pour les arabes restés dans les frontières de l’Etat d’Israël, il s’agissait aussi d’une guerre traumatisante. Ils ont été privés de la plupart de leur leadership, leur infrastructure économique et sociale était détruite, et ils sont devenus minoritaires après avoir été majoritaires. »

Un réfugié palestinien avec la clé de son ancienne maison, à la veille du Jour de la Nakba, la "catastrophe" qu'a représenté la création de l'Etat d'Israël, à Ramallah, le 14 mai 2012. (Crédit : Issam Rimawi/Flash90)
Un réfugié palestinien avec la clé de son ancienne maison, à la veille du Jour de la Nakba, la « catastrophe » qu’a représenté la création de l’Etat d’Israël, à Ramallah, le 14 mai 2012. (Crédit : Issam Rimawi/Flash90)

« Bien que le compte-rendu palestinien dit que la plupart des réfugiés ont été expulsés de force, en Israël, la version acceptée est que la plupart des réfugiés ont fui et qu’une minorité a été expulsée, et que l’expulsion ne faisait pas partie d’un projet précédent. De toute façon, les conséquences de la Guerre d’Indépendance ont été difficiles pour la population arabe […]. Des centaines de milliers d’entre eux sont devenus réfugiés dans des états arabes (certains en Judée et Samarie, contrôlée par la Jordanie, et dans la bande de Gaza, qui était sous contrôle égyptien), et le problème des réfugiés palestiniens était né, qui nous accompagne encore aujourd’hui. Selon le compte-rendu sioniste prévalant, la tragédie des réfugiés est la conséquence de ceux qui ont refusé le plan de partition de l’ONU et déclenché la guerre. La guerre a été le résultat du leadership arabe, qui a encouragé la fuite, et la conséquence du refus des états arabes de donner aux réfugiés leur citoyenneté et de les réhabiliter, comme beaucoup d’autres pays l’ont fait à cette époque, [dont Israël] qui a intégré presque un million de réfugiés [juifs] des états arabes dans les premières années suivant sa fondation. De ce point de vue, ils portent la responsabilité de la guerre et de la souffrance des réfugiés palestiniens. La revendication palestinienne est que les réfugiés (et leurs descendants, qui sont aujourd’hui plus de cinq millions de personnes) ont le droit de retourner dans leurs anciennes maisons en Israël. »

Des étudiants arabes israéliens et militants de gauche pendant le service mémoriel d'un rassemblement marquant l'anniversaire de la Nakba à l'université de Tel Aviv, le 15 mai 2016. (Crédit : Tomer Neuberg/Flash90)
Des étudiants arabes israéliens et militants de gauche pendant le service mémoriel d’un rassemblement marquant l’anniversaire de la Nakba à l’université de Tel Aviv, le 15 mai 2016. (Crédit : Tomer Neuberg/Flash90)

1967 et les implantations : « La fin de la guerre a créé une division profonde dans la société israélienne sur la manière de traiter ces zones [Cisjordanie, plateau du Golan, Jérusalem Est], à commencer par la façon de les définir : territoires occupés ou territoires libérés. Beaucoup de juifs en Israël voient ces régions comme leur patrie, un retour aux terres de leurs ancêtres, et comme des régions qui confèrent à l’Etat une profondeur stratégique et renforcent sa sécurité. Beaucoup d’autres préfèrent se retirer de ces régions dans le cadre d’un accord de paix, en raison des problèmes créés par le contrôle d’une autre nation et d’une importante population arabe, pour éviter de nuire au caractère juif de l’Etat, pour éviter qu’Israël soit isolé dans le monde, et en raison du désir de mettre fin au conflit entre juifs et arabes, en Israël et au Moyen orient. »

« Beaucoup d’Arabes israéliens ont de la famille en Judée et Samarie et dans les états arabes. Les liens entre eux et le sentiment de parenté sont similaires à ceux entre les citoyens juifs de l’Etat et la diaspora juive. »

Des Israéliennes bédouines au service client de Bezeq, le 27 juillet 2015. Le centre d'appel est situé dans une mosquée, dans la ville arabe de Hurra. Les femmes ont été embauchées via le centre d'emploi Rayan de Rahat. Les experts en emploi veulent se concentrer sur des carrières de qualité, en plus des emplois non qualifiés. (Crédit : Miriam Alster/Flash90)
Des Israéliennes bédouines au service client de Bezeq, le 27 juillet 2015. Le centre d’appel est situé dans une mosquée, dans la ville arabe de Hurra. Les femmes ont été embauchées via le centre d’emploi Rayan de Rahat. Les experts en emploi veulent se concentrer sur des carrières de qualité, en plus des emplois non qualifiés. (Crédit : Miriam Alster/Flash90)

« Le résultat de la guerre (1967) a permis aux citoyens arabes d’Israël de reprendre leurs relations avec leurs frères de Judée, Samarie et de la bande de Gaza. Cette réunion a renforcé leur identité palestinienne, qui était affaiblie jusque là. »

« Le fait que l’Etat d’Israël soit défini comme un Etat juif et un foyer national pour les juifs du monde entier crée des difficultés chez une large part des arabes israéliens. Ces définitions comprennent, que ce soit implicite ou explicite, la légitimation et la reconnaissance du sionisme, dont les conséquences, intentionnelles ou non, ont eu lieu à leurs dépens. »

Beaucoup d’arabes israéliens sont inquiets que leurs villes soient placées sous contrôle palestinien dans le cadre d’un futur accord de paix, note le manuel, alors que beaucoup de juifs israéliens « craignent que dans ce moment de vérité, leur identité nationale arabe et leur religion musulmane ne surpassent leur identité israélienne. »

« Les préoccupations et les peurs verrouillent naturellement chaque communauté dans ses [propres] aveuglements et préjugés contre l’autre groupe, qui sont un obstacle à la compréhension mutuelle. En raison des divisions sociales qui caractérisent les relations entre les deux groupes, il n’y a presque pas de connexions qui pourraient tempérer ces peurs. »

La couverture du nouveau manuel scolaire "Etre un citoyen en Israël, dans un état juif et démocratique", publié en mai 2016. (Crédit : capture d'écran)
La couverture du nouveau manuel scolaire « Etre un citoyen en Israël, dans un état juif et démocratique », publié en mai 2016. (Crédit : capture d’écran)

« La grande majorité des citoyens israéliens, juifs et arabes de la même manière, cherchent à avoir un état démocratique, sur la base d’une citoyenneté partagée, des droits égaux pour tous ses citoyens, sans considération de religion, de race, de genre, et qui défende les droits de l’Homme et du citoyen. »

« Les écarts entre les juifs et les arabes dans l’éducation, l’emploi et les revenus sont profonds. »

« La représentation des arabes israéliens dans les médias est minimale, et généralement liée au conflit israélo-palestinien. »

« La législature israélienne n’est pas cohérente dans son attitude envers la langue arabe. Il y a des lois accordant l’exclusivité à l’arabe, qui empêche de donner tout statut à la langue hébraïque ; il y a des lois qui donnent un statut préférentiel à l’hébreu et un statut plus bas à l’arabe ; et il a des lois accordant des statuts égaux à l’arabe et à l’hébreu. »

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