Des familles de prisonniers français en Iran en appellent à l’ONU
La diplomatie française n'a pas mâché ses mots à l'occasion du deuxième anniversaire de la détention de Cécile Kohler et Jacques Paris, condamnant "cette politique d'otages d'Etat et ce chantage permanent des autorités iraniennes"
Les soutiens de trois Français prisonniers en Iran – Cécile Kohler, Jacques Paris et Louis Arnaud – en ont appelé à l’ONU lundi à Genève pour faire pression sur Téhéran et attirer l’attention sur le sort de ces otages.
Noémie Kohler, la sœur de Cécile détenue depuis un peu plus de deux ans avec son compagnon Jacques Paris, espère ainsi attirer l’attention internationale « sur la situation de nos proches, de nos proches otages en Iran » et accélérer leur libération.
« C’est une urgence absolue aujourd’hui, leur santé se dégrade et il est temps que ce cauchemar se termine », a expliqué Mme Kohler à l’AFP, devant le siège de l’ONU.
« C’est très important pour nous, nous avons vraiment besoin d’une reconnaissance de leur situation, de leur détention arbitraire et (…) qu’ils soient libérés au plus vite », renchérit Sylvie Arnaud, la mère de Louis.
Ce consultant, en détention depuis plus d’un an et demi, a été condamné en novembre à cinq ans de prison pour propagande et atteinte à la sécurité de l’Etat iranien. Une condamnation jugée « inacceptable » par la France.
Cécile Kohler, enseignante de lettres modernes, a été arrêtée lors d’un voyage en Iran avec son compagnon Jacques Paris, le 7 mai 2022, officiellement pour « espionnage ».
Mmes Kohler et Arnaud ainsi que leurs avocats sont venus à Genève saisir le groupe de travail sur la détention arbitraire, un aréopage d’experts indépendants mandatés par le Conseil des droits de l’homme de l’ONU.
« Notre démonstration consiste à dire que la détention de Cécile Kohler, de Jacques Paris et de Louis Arnaud ne répond pas à ces critères (ceux des conventions internationales adoptées par l’Iran, ndlr) et que donc leur détention doit être qualifiée d’arbitraire », a expliqué l’un des avocats, Martin Pradel.
« Nous sommes pressés parce que nous savons que leurs conditions de détention sont extrêmement dures », a insisté l’avocat, espérant une prise de position rapide du groupe de travail « d’ici l’été ».
Pour l’avocat, un avis des experts « va aussi donner à la France les moyens d’une protestation un peu différente, en disant : nous ne sommes pas les seuls, nous Français, à trouver que cette situation est anormale ».
« Nous voulons que le chef de l’Etat français comprenne qu’il va falloir maintenant qu’il se mette en colère pour dire simplement que cette situation est inacceptable », a ajouté Me Pradel.
La diplomatie française n’a pas mâché ses mots à l’occasion du deuxième anniversaire de la détention de Cécile Kohler et Jacques Paris, condamnant « cette politique d’otages d’Etat et ce chantage permanent des autorités iraniennes ».
Une accusation peu goûtée à Téhéran qui avait dénoncé une prise de position « interventionniste et inappropriée ».
Un autre Français, prénommé Olivier, dont l’identité n’a pas été révélée, est également détenu, comme des dizaines de prisonniers étrangers, ayant souvent la double nationalité.