Des milliers de personnes aux funérailles des 3 soldats tués à la frontière égyptienne
Les corps de Lia Ben Nun et d'Ori Izhak Ilouz ont été retrouvés samedi matin à un poste de garde ; Ohad Dahan a été tué plusieurs heures après
Des milliers d’Israéliens ont rendu hommage dimanche aux trois soldats israéliens tués samedi, lors de funérailles dans plusieurs villes d’Israël, dont les responsables ont promis d’élucider les circonstances de leur mort.
Samedi, un « policier égyptien (…) infiltré » depuis l’Egypte en Israël, a tué par balles deux soldats israéliens près de la base militaire israélienne de Harif, à une centaine de km au sud de la bande palestinienne de Gaza, selon un porte-parole de l’armée israélienne.
L’assaillant, traqué plusieurs heures, a ensuite été abattu lors d’échanges de tirs qui ont fait une troisième victime parmi les soldats israéliens, selon la même source.
Plusieurs milliers de personnes ont participé en Israël aux funérailles des trois soldats tués.
ליה בן נון, שנהרגה בפיגוע בגבול המצרי, מובאת למנוחות בראשון לציון | ישירhttps://t.co/sqelPLa9DD pic.twitter.com/w0Sm3JofK4
— מעריב אונליין (@MaarivOnline) June 4, 2023
La sœur de Ben-Nun, Ofir, a prononcé l’éloge funèbre de Lia, décrivant la soldate comme « un rayon de soleil ».
« Je n’arrive pas à digérer le fait qu’elle ne reviendra pas, ce qu’elle a traversé », a déclaré Ofir, qui a ajouté que Lia Ben-Nun aimait son service militaire et qu’elle était « fière » de servir. « Merci d’avoir été ma sœur pendant 19 ans », a-t-elle ajouté. « Veille sur nous depuis le ciel. »
« Merci, Lia, de m’avoir donné le plaisir d’être ta sœur pendant 19 ans. Ma petite soeur, je t’aime et tu me manques déjà », a déclaré la sœur de la soldate Lia Ben Nun, 19 ans, inhumée à Rishon Lezion, près de Tel-Aviv. « Tu étais un rayon de soleil, tu étais ma joie. Je ne sais pas ce que je vais faire maintenant », a-t-elle ajouté, devant une foule immense, dont le président de la Knesset, Amir Ohana.
« Comment pouvons-nous parler de toi au passé ? », s’est exclamé Pazit Sudari, la tante de Ben-Nun.
Le lieutenant-colonel Ivan Kon, commandant du bataillon Bardalas de Tsahal dans lequel Ben-Nun a servi, a décrit la soldate comme « une figure de réussite dès le départ ».
« Vous étiez un modèle, un guerrier, votre caractère et votre héritage nous accompagneront à jamais », a-t-il ajouté.
Le président de la Knesset, Amir Ohana, représentant le gouvernement, a déclaré que Lia « est une héroïne qui est tombée en gardant la patrie, tombée pour nous donner la paix et la sécurité ».
Cependant, la grand-mère de Ben-Nun a crié à Ohana : « N’est-ce pas un gâchis ? Maintenant elle est dans le sol », a rapporté la chaîne publique Kan.
Les funérailles d’Ohad Dahan, 20 ans également, ont eu lieu à Ofakim (sud), en présence d’environ 3 000 personnes selon un photographe de l’AFP sur place.
« Comment m’as-tu laissé comme ça avec tous les projets que nous avions faits pour nous deux ? Tu as promis de prendre soin de moi. Je suis maintenant seule, tu es l’amour de ma vie », a déclaré sa petite amie, Dana, selon la radio de l’armée.
« Tu as été ma force », a-t-elle déclaré. « Merci pour tout ce que tu m’as appris. »
Le colonel Ido Saad, commandant de la brigade Paran, qui comprend les bataillons Bardelas et Caracal, a déclaré que Dahan était « un exemple pour tous les soldats ».
« Vous avez montré quel guerrier et quel héros vous êtes », a-t-il déclaré, décrivant les actions de Dahan comme ayant décidé de l’issue finale de l’affrontement au cours duquel le tireur infiltré a été tué. « Votre disparition est une perte inimaginable. Votre image restera à jamais gravée dans nos mémoires. Merci d’avoir été qui vous avez été. »
A Safed, dans le nord d’Israël, Ori Izhak Ilouz, 20 ans, a été enterré en présence de ses proches et de milliers de personnes venues lui rendre hommage, parmi lesquelles l’ancien Premier ministre israélien Naftali Bennett.
« Notre fleur, notre équilibre. J’espère que tu n’as pas trop souffert. C’est difficile pour nous d’y faire face. Je t’aime », a dit sa sœur Gal, selon la radio de l’armée.
« Je suis fier de toi, je t’aime, je suis fier que tu m’aies choisi comme père. Je suis fier de tout ce que tu as été pour nous et nous te demandons tous de nous pardonner », a déclaré Shai Iluz, le père de la victime.
Lors des funérailles, Shai a déclaré qu’il ne fallait pas demander à Dieu pourquoi de telles choses arrivaient, mais « comment ne pas demander pourquoi ? Comment puis-je le supporter ? », s’est-il écrié.
Shai a fait remarquer que les funérailles de son fils ont eu lieu le même jour que celles de son propre père, décédé sept ans plus tôt, dont Ori porte le nom.
« Nous t’envoyons un petit-enfant », a déclaré Shai à l’adresse de son père décédé.
Le commandant adjoint du bataillon Paran, Aviad Gadasi, a déclaré qu’Iluz était un commandant qui était « le sel de la terre ».
« Le rythme rapide, la capacité à rire, l’intérêt pour les autres faisaient de vous un commandant aimé et adoré de tous. Loyal à la tâche et l’accomplissant au mieux de ses capacités », a déclaré Gadasi. « Nous avons encore du mal à digérer la nouvelle qui nous a frappés. Bien que tu ne sois plus parmi nous, ton image restera toujours présente. Ori le héros, repose en paix ».
Les corps de Lia Ben Nun et d’Ori Izhak Ilouz ont été retrouvés samedi matin à un poste de garde de la frontière israélo-égyptienne à plusieurs centaines de mètres de la base de Harif.
Ohad Dahan a été tué plusieurs heures après, lors de l’échange de tirs avec l’assaillant.
Interrogations
Dimanche, les titres de la presse israélienne étaient tous consacrés à cet incident, les médias s’interrogeant notamment sur la manière dont l’assaillant est parvenu à franchir la barrière de plusieurs mètres de haut qui longe cette frontière.
Le président israélien Benjamin Netanyahu, qui a qualifié samedi l’incident de « très grave et très inhabituel », a promis une enquête « complète ».
« Nous avons transmis un message clair aux autorités égyptiennes et nous attendons que l’enquête conjointe (avec l’Egypte) soit méticuleuse et arrive à une conclusion », a ajouté M. Netanyahu dimanche matin, à l’ouverture du Conseil des ministres.
L’armée mène « une enquête approfondie (…) en collaboration avec les forces armées égyptiennes », avait assuré son chef d’état-major Herzi Halevi dans un communiqué samedi.
Le ministre israélien de la Défense Yoav Gallant a souligné « l’importance des liens entre les deux pays » après une conversation téléphonique samedi avec son homologue égyptien Mohamed Zaki, selon un communiqué de ses services.
De son côté, Mohamed Zaki a insisté sur « la coordination commune pour prendre les mesures nécessaires afin d’éviter la répétition d’incidents de ce genre dans le futur », selon l’armée égyptienne.
Trafic de drogue
L’Egypte est l’un des rares pays arabes ayant signé en 1979 avec Israël par un traité de paix, mais de très nombreux Egyptiens n’adhèrent pas à cette normalisation.
La frontière entre les deux pays est néanmoins généralement calme, bien qu’elle soit régulièrement le théâtre de tentatives régulières de trafic de drogue, qui ont donné lieu ces dernières années à des échanges de tirs entre contrebandiers et soldats israéliens stationnés le long de la frontière.
Quelques heures avant l’attaque de samedi, des soldats israéliens avaient ainsi déjoué une tentative de trafic de drogue à la frontière. Aucun lien n’a pour le moment été établi entre cet événement et la mort des trois soldats, selon un porte-parole de l’armée israélienne.
A LIRE : Ce que l’on sait sur la mort des 3 soldats israéliens à la frontière égyptienne
L’armée égyptienne a pour sa part affirmé qu’un « membre des forces de sécurité (égyptiennes) pourchassant des trafiquants de drogue » avait traversé un point de contrôle entre les deux pays.
S’en était suivi, selon elle, un « échange de tirs ayant fait trois morts côté israélien » en plus de la mort de l’assaillant.