Ce que l’on sait sur la mort des 3 soldats israéliens à la frontière égyptienne
Les circonstances des meurtres, qui se sont produits samedi entre le mont Sagi et le mont Harif dans le désert du Néguev, sont encore obscures
Trois soldats israéliens ont été tués samedi par un « policier égyptien » infiltré en Israël qui a ensuite été abattu, selon l’armée israélienne, lors d’un rare incident après lequel les autorités israéliennes et égyptiennes ont réaffirmé leur coopération. Les incidents mortels à la frontière israélo-égyptienne sont généralement rares.
Selon le porte-parole de l’armée israélienne, le contre-amiral Daniel Hagari, les sergents Lia Ben Nun et Ori Yitzhak Iluz étaient de garde – de 12h à 21h – vendredi soir, à un poste militaire situé à la frontière égyptienne. Les soldats n’ayant pas répondu aux appels radio du samedi matin, un officier est arrivé sur les lieux et a découvert les corps des deux soldats morts dans des zones distinctes du poste. Hagari a déclaré que Tsahal pensait qu’ils avaient été tués vers 6 ou 7h du matin.
Ce n’est qu’après la découverte des corps, vers 9h, que les responsables militaires ont déclaré un incident terroriste dans la zone et ont commencé les recherches. Peu avant midi, un drone de l’armée a identifié l’assaillant à environ 1,5 kilomètre de la frontière.
L’officier de police égyptien a attaqué les troupes qui surveillaient la zone. Au cours de l’affrontement, un troisième soldat Ohad Dahan, 20 ans, a été tué et un sous-officier a été légèrement blessé. Le tireur a été abattu quelques minutes plus tard par un autre groupe de soldats, selon l’armée.
Tsahal enquête sur la manière dont l’attaquant égyptien s’est infiltré en Israël, sur le moment où il l’a fait, sur la manière dont il n’a pas été détecté pendant plusieurs heures et sur ce que l’armée aurait pu faire pour empêcher la mort de ses trois soldats.
L’Égypte a cherché à prendre ses distances avec le policier, les responsables égyptiens déclarant qu’ils n’étaient pas au courant de ses intentions, a rapporté la chaîne publique israélienne Kan, citant une source israélienne.
Le Bureau du Premier ministre Benjamin Netanyahu a qualifié dans un communiqué « l’incident » de « grave et très inhabituel, promettant une enquête « complète ».
L’armée israélienne a déclaré qu’elle pensait que le tireur s’était infiltré à la frontière par une porte de secours et que les deux soldats tués lors de la première attaque n’avaient pas riposté.
Hagari a déclaré que l’attaquant était probablement entré seul par la porte aux premières heures du samedi matin, suite à une opération de contrebande de drogue à proximité.
La petite porte est utilisée par l’armée pour franchir la frontière en cas de besoin, en coordination avec l’armée égyptienne. L’armée égyptienne a affirmé que l’officier avait franchi la frontière pour poursuivre des suspects impliqués dans le trafic de drogue.
Des responsables militaires ont déclaré que les troupes de Tsahal avaient déjoué la tentative de contrebande vers 2h30 du matin, saisissant des produits de contrebande d’une valeur estimée à 1,5 million de shekels.
Les tentatives de contrebande de drogues depuis l’Égypte vers Israël sont fréquentes. Les contrebandiers égyptiens opèrent généralement en jetant les paquets de drogue de l’autre côté de la frontière à des Bédouins israéliens, qui la vendent ensuite en Israël. Les contrebandiers se livrent principalement au trafic de marijuana provenant de maisons de culture dans la péninsule du Sinaï, mais il arrive aussi que des drogues plus dures comme l’héroïne soient introduites en contrebande.
À 3h du matin, la tentative de contrebande – à quelque 3 kilomètres du lieu de l’attaque – était résolue. A 4h15, les troupes ont contacté par radio le poste de garde où se trouvaient Ben Nun et Iluzi, « et tout allait bien », a déclaré Hagari.
L’armée égyptienne a déclaré dans un communiqué qu’un officier chargé de la sécurité des frontières avait poursuivi des suspects impliqués dans un trafic de drogue présumé. « Au cours de la poursuite, il a franchi la barrière de sécurité et un échange de tirs a eu lieu, au cours duquel trois membres de la sécurité israélienne ont été tués », a déclaré l’armée égyptienne, ajoutant qu’elle souhaitait présenter ses « sincères condoléances » aux familles des victimes.
Le ministre de la Défense, Yoav Gallant, s’est entretenu avec son homologue égyptien, le général Mohamed Ahmed Zaki, à la suite de l’attaque.
« La coopération dans l’enquête sur ce grave attentat est d’une grande importance pour les relations entre les deux pays », a déclaré Gallant dans un communiqué.
Le bureau de Gallant a déclaré qu’il avait « exprimé son appréciation pour l’engagement du ministre égyptien de la Défense à mener une enquête conjointe sur les détails de l’attaque grave, et souligné l’importance de la coopération dans l’enquête afin de prévenir d’autres incidents à l’avenir ».
La frontière israélo-égyptienne est majoritairement pacifique depuis que les deux pays ont signé un accord de paix en 1979, le premier conclu par Israël avec un État arabe. Au cours des dix dernières années, Israël a construit une grande barrière le long de la frontière, principalement dans le but d’empêcher les migrants africains et les terroristes islamiques qui opèrent dans le Sinaï égyptien de pénétrer dans le pays.
Ces dernières années, plusieurs incidents ont donné lieu à des échanges de coups de feu entre les contrebandiers et les soldats de Tsahal. L’armée égyptienne tire également fréquemment sur les trafiquants de drogue, ainsi que sur les groupes djihadistes dans le désert du nord du Sinaï, ce qui entraîne parfois des tirs transfrontaliers accidentels.
Les terroristes basés dans le Sinaï ont mené de multiples attaques contre Israël en 2011 et 2012. Lors d’une attaque en plusieurs étapes en août 2011, six civils israéliens, un soldat de Tsahal et un agent de la police anti-terroriste ont été tués, ainsi que cinq soldats égyptiens.
Emanuel Fabian a contribué à cet article.