Des observateurs placés par Yisrael Beytenu dans les villes haredim et arabes
Avigdor Liberman a aussi attaqué les politiciens de la droite religieuse, de "faux messies" désireux de ramener Israël à une "réalité absurde et insupportable"
Jacob Magid est le correspondant du Times of Israël aux États-Unis, basé à New York.
Le président d’Yisrael Beytenu, Avigdor Liberman, a déclaré samedi que son parti recrutait des militants qui seraient chargés d’observer les bureaux de vote dans les villes ultra-orthodoxes et arabes au cours du scrutin du 17 septembre.
« Nous lançons une campagne de recrutement de bénévoles… qui se tiendront dans les bureaux de vote des communautés ultra-orthodoxes avant tout, mais également dans ceux des villes arabes », a déclaré Liberman au cours d’une interview réalisée sur la scène d’un événement organisé dans le Conseil régional du sud de Sharon.
« Dans le quartier [ultra-orthodoxe de Jérusalem] de Mea Shearim, il y a un taux de participation qui s’élève à 120 %. Des gens ressuscitent d’entre les morts pour voter », a-t-il dit, répétant une rumeur persistante depuis longtemps concernant une tactique de fraude électorale mise en oeuvre dans les villes haredim, sans avancer de preuve spécifique.
Liberman a ensuite salué la décision prise en début de semaine par Hanan Melcer, président de la Commission centrale électorale, d’interdire aux représentants des formations politiques dans les bureaux de vote de s’équiper de caméras, demandant plutôt qu’une nouvelle instance indépendante d’observateurs soit chargée d’empêcher les tricheries dans les urnes.
« Je pense que le Likud et tous les partis vont se réjouir de la présence d’une unité de contrôle électorale d’envergure et qui sera soumise au président de la commission électorale », a dit Liberman.
Selon les nouvelles règles en vigueur, à la fin du vote (22 heures), une équipe pilote d’observateurs indépendants sera stationnée dans des bureaux spécifiques qui ont été remarqués par la commission électorale pour certaines incohérences dans le décompte des votes au cours du scrutin d’avril.
Après le départ du dernier électeur, les observateurs du scrutin devront filmer le processus de décompte des suffrages tout entier. Ils ne seront pas autorisés à quitter les lieux jusqu’à la fin de ce décompte, a précisé Melcer.
Le Likud a fustigé la décision de Melcer et a depuis commencé à rédiger un projet de loi qu’il tentera de faire adopter avant le vote du 17 septembre, permettant à ses représentants, dans les bureaux de vote des villes arabes, de venir le jour J avec des caméras pour filmer les fraudes électorales présumées.
Haaretz a toutefois fait savoir jeudi que le procureur-général Avichai Mandelblit devrait annoncer que tenter de faire approuver une législation d’une telle sensibilité dans un laps de temps si court ne serait pas possible.
Le projet de surveillance mis au point par le parti au pouvoir, pendant les élections du mois d’avril, avait été critiqué, considéré comme une forme d’intimidation électorale – ce qu’avait apparemment corroboré la firme qui avait été chargée par le Likud de mener l’opération.
Avant la décision rendue par Melcer, un député de la faction de Liberman, Oded Forer, avait dit à la Douzième chaîne qu’il prévoyait de recommander à la commission électorale d’installer des caméras de surveillance dans les bureaux de vote des communautés ultra-orthodoxes pour « s’assurer que les ultra-orthodoxes ne vont pas tricher le jour des élections ».
Les réglementations électorales en Israël permettent aux membres des partis respectifs de constituer trois des quatre observateurs du scrutin dans chaque bureau de vote. Un quatrième appartenant à une formation encore non-représentée peut également être désigné pour cette mission.
Au cours d’une audience de la Commission centrale électorale consacrée aux caméras, au début du mois, Melcer avait fait référence aux preuves soumises par le Likud après le scrutin du mois d’avril, précisant qu’une enquête de la police était encore en cours.
La police a ouvert jusqu’à présent deux enquêtes officielles sur de possibles fraudes électorales : Une à Afula et une autre dans la ville de Kisra-Sumei, – deux bureaux de vote qui n’avaient pas été pris pour cible par le Likud dans son programme de surveillance.
Le Times of Israel a obtenu des enregistrements de plus de 100 bureaux de vote qui, s’est-il avéré, avaient connu des dysfonctionnements en termes de participation électorale.
Tandis qu’une partie de ces bureaux se situent dans des villes arabes, ces dernières représentent moins d’un tiers du total – et les bureaux concernés incluent les implantations ultra-orthodoxes de Modiin Illit et de Beitar Illit ainsi que les villes de Petah Tikva, Afula, Netanya et Rosh Haayin.
Faux messies
Au cours de l’interview de samedi, Liberman a également élargi ses attaques contre les membres de la ligne dure religieuse de l’alliance Yamina, clamant que le ministre de l’Education Rafi Peretz et le ministre des Transports Bezalel Smotrich étaient des incarnations contemporaines de Sabbatai Zevi.
Zevi était un faux messie du 17e siècle, dans l’empire Ottoman, qui avait envoyé les communautés juives à travers toute l’Europe dans une frénésie extatique avant de se convertir finalement à l’islam, alors qu’il était en captivité.
Liberman a recommandé à Peretz d’enlever la photo du rabbin sioniste religieux Abraham Isaac Kook et de la remplacer par un portrait de Zevi.
Le chef d’Yisrael Beytenu, qui a mené une campagne agressive à l’encontre des représentants des mouvements ultra-orthodoxes et national-religieux pour tenter de promouvoir un gouvernement d’unité entre le Likud, Kakhol lavan et Yisrael Beytenu, a clamé que Peretz et Smotrich « font partie d’un groupe messianique de faux messagers qui nous emmènent vers une réalité absurde et insupportable ».
Mercredi, la Treizième chaîne a diffusé des extraits controversés de conférences données dans une académie prémilitaire fondée par Peretz et qui, a noté la chaîne, encourageait la crainte de la laïcité, appelait à convertir le mode de vie laïc au mode de vie religieux et conseillait aux étudiants d’éviter le service militaire afin de ne pas être exposés à la culture laïque.
Smotrich, pour sa part, a déclaré à plusieurs reprises, être favorable à l’application de la loi religieuse dans le pays.