Des rabbins d’une influente synagogue de New York officieront lors de mariages mixtes
La nouvelle politique de Bnai Jeshurun vise à accueillir la participation des familles intercommunautaires, dans la limite de la loi juive

NEW YORK – Des rabbins de la synagogue non affiliée Bnai Jeshurun de New York officieront lors de mariages intercommunautaires de couples qui s’engagent à créer des foyers juifs et à élever leurs enfants dans la tradition juive.
Cette nouvelle politique, qui a été annoncée lors de la réunion annuelle de la synagogue jeudi soir, est destinée à accueillir la participation des familles intercommunautaires dans les limites de la loi juive, la Halakha. Les couples intercommunautaires ne signeront pas de ketouba, le document traditionnel qui établit les liens du mariage entre un Juif et une Juive.
Au lieu de cela, une contrat appelé tenaïm sera rédigé. Il s’agit d’un accord d’engagement dans lequel seront stipulées les conditions du mariage.
« Nous adhérons à un changement conséquent dans notre approche de l’avenir de la vie juive à BJ », a déclaré J. Rolando Matalon, le grand rabbin de la synagogue, dans une vidéo partagée avec les fidèles, selon The Forward. Il a qualifié sa décision de « réorientation de la façon dont nous percevons et accueillons les couples intercommunautaires. »
Les rabbins de la synagogue ont également affirmé qu’ils maintiendront la définition traditionnelle matrilinéaire de l’identité juive, à savoir qu’un enfant est considéré juif à la naissance si sa mère est née juive ou convertie au judaïsme. Les adultes et enfants nés de pères juifs devront s’immerger dans un mikveh, dans le cadre d’une cérémonie de conversion au judaïsme à la synagogue.
Bnai Jeshurun, communément appelé BJ, est une importante communauté avant-gardiste de l’Upper West Side de Manhattan, qui a dirigé une sorte de renaissance chez des fidèles très ancrés dans la tradition, égalitaires, qui vivent dans ce quartier à forte concentration juive. Bien que la synagogue soit ancrée dans le mouvement conservateur, elle n’est affiliée à aucune tendance et suit son propre parcours entre le libéralisme des réformes et le traditionalisme plus strict des conservateurs.

Par exemple, le mouvement réformé a adhéré à la patrilinéarité, et les rabbins affiliés au mouvement conservateur n’officieront pas dans des mariages intercommunautaires.
La décision de BJ s’inscrit dans le contexte d’un débat sur le nombre croissant de mariages intercommunautaires impliquant des Juifs. La semaine dernière, le Jewish People Policy Institute, basé à Jérusalem, a publié une étude qui indique que moins de 40 % des Juifs épousent d’autres Juifs, et que chez les Juifs américains orthodoxes, seuls 32 % élèvent leurs enfants dans la tradition juive, tous courants confondus. Seuls 8 % des petits-enfants de couples intercommunautaires sont élevés comme des « Juifs de religion ».
Dans un essai paru dans The Forward, l’un des auteurs de l’étude, Steven M. Cohen de l’ Hebrew Union College-Jewish Institute for Religion, a souligné le dilemme auquel font face les rabbins, notamment dans le mouvement conservateur, qui sont tiraillés entre maintenir les « normes » juives et encourager les couples intercommunautaires à intégrer la vie juive.
Ce mois-ci, un dirigeant d’une autre communauté new-yorkaise, Lab/Shul, a également annoncé qu’il officiera lors de mariages entre Juifs et non-juifs, après une série d’études avant et après la cérémonie de mariage. Bien qu’ordonné par le mouvement conservateur, le rabbin Amichai Lau Laurie a affirmé qu’il s’attend à quitter son assemblée rabbinique en faveur d’une politique qui « permettra à davantage de rabbins d’accueillir davantage de personnes dans notre communauté à bras ouverts », a-t-il écrit.
Bnai Jerushun a fait part de sa nouvelle politique après une année de cours et de débats sur le sujet pour préparer la communauté et gagner les droits d’entrée. En 2012, les rabbins s’étaient excusés auprès de la communauté et des dirigeants pour le ton et l’idée d’une lettre qui approuvait le vote controversé aux Nations unies pour accorder à la délégation palestinienne le statut de membre observateur.