Des résidents juifs du Gush Etzion et des Palestiniens rompent le jeûne ensemble
Au croisement du Gush Etzion, on fait un effort pour entrer en dialogue autour d’un poulet et d’un mejadra
L’air est frais, presque froid. Des dizaines d’Israéliens se dirigent vers un parking ensablé de Cisjordanie. Ils se réunissent pour les prières de l’après-midi et du soir après une longue journée de jeûne.
A l’autre bout du parking, au bout d’une route non pavée, Ali Abu Awad préside le groupe palestinien.
Ce groupe de Palestiniens est rejoint par les membres de l’opération Groundswell, des militants baroudeurs du Canada qui passent l’été dans la région. Assis sur des canapés en velours marron, ils ont écouté Hanan Schlsinger, un résident de l’implantation qui est devenu un membre proche du groupe de militants.
Les deux groupes étaient présents pour le projet Choose Life, The Joint Fast [Choisissez la vie, le jeûne commun] initié par des activistes palestiniens et israéliens qui vivent dans la région.
Le 17ème jour du Tamouz et le 18ème jour du Ramadan est tombé mardi, jour qui coïncide avec le jeûne juif et musulman. Ils se sont réunis, comme l’ont fait des dizaines de groupes dans le monde entier comme à Evanston, Eilat, Jérusalem, Ottawa et à Philadelphie.
Le croisement près du Gush Etzion et de la Cisjordanie ne pouvait pas être plus banal. Les Israéliens ont passé la première heure au parking coincés entre la Route 60 et le trafic incessant du croisement, entouré d’un vignoble qui se situe de part et d’autre.
Shaul David Judelman, un rabbin et organisateur de l’évènement, a lu des psaumes entre les prières de l’après-midi et du soir avec en fond le bruit des embouteillages.
« C’est si compliqué », déclare Hadassah Froman, la veuve du Rabbin Menachem Froman, le résident activiste qui était un mentor pour beaucoup de personnes présentes dans la foule. « C’est si difficile pour les personnes de venir et faire partie de ça [l’évènement] »
Plus loin sur la route, les Palestiniens se trouvaient à l’ancienne ferme d’Abu Awwad, qui projette de la transformer en centre pour des militants pacifistes.
Ce n’est pas une construction légale, c’est pourquoi il n’y a ni électricité ou ni eau courante. Mais il compte nourrir la centaine de personnes présentes à l’iftar, le repas du soir marquant la rupture du jeûne du Ramadan et qui a marqué la rupture du jeûne du 17 Tamouz.
Il montre le tandoor de poulet casher, recouvert de terre, et le mejadra, un plat à base de riz, de lentilles et d’oignons.
« Ce sont pour ceux qui mangent casher », explique-t-il. Judelmen, un des militants, s’est assuré que les personnes qui assistaient à l’évènement sachent qu’il y avait de la nourriture casher.
Abu Awwad explique qu’il n’y avait pas beaucoup de Palestiniens. Il y en avait eu à peu près 50 au dernier évènement. Il raconte que quelques femmes palestiniennes présentes étaient nerveuses de se retrouver parmi les résidents juifs en ce moment.
Il y a aussi de nombreuses autres célébrations dans la communauté palestinienne, comme la fête pour célébrer la fin des examens d’entrée à l’université pour les anciens lycéens, ce qui explique aussi le nombre réduit de Palestiniens présents.
Mais il ajoute qu’il y a de nouveaux venus aussi.
Il montre un jeune homme assis, vêtu d’un T-shirt rose, qui écoute les autres.
« Il m’a appelé cet après-midi et m’a dit qu’il voulait venir », indique Abu Awwad. « Je dois faire attention aux nouvelles personnes, je dois m’assurer qu’elles sont là pour les bonnes raisons ».
A 20h15, la nuit est tombée et le jeûne a pris fin. Les Israéliens sont allés à la ferme. Ils étaient accompagnés d’un guitariste qui jouait le long du chemin des chansons sur la paix et l’espoir.
Tout le monde s’est mêlé aux uns et aux autres dans le jardin, remplissant leur assiette de poulet, de riz et de salade. Ils se sont ensuite assis et ont discuté.
Alors que la foule se réduisait, car les familles commençaient à partir pour mettre au lit leurs enfants, les personnes qui restaient ont repris leur guitare et ont chanté des chansons en hébreu et en arabe.
Eliaz Cohen, l’un des organisateurs, a écrit sur la page Facebook de Choose Life [Choisissez la vie].
« Je reviens du rassemblement Choose Life du Gush Etzion. Plus d’une centaine de résidents et de Palestiniens se sont découverts. Ce sont des moments sacrés. La lune nous a enveloppés sur notre lopin de terre où nous avons retrouvé nos racines. Et de ce que j’entends des rassemblements du monde entier, je pense que nous avons réussi grâce à l’aide de Dieu et Inshallah et à l’image de Dieu, pour ces milliers de femmes et d’hommes bons qui commencent quelque chose de nouveau en ces temps difficiles ».
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