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« Échec cuisant » : Les soldats ont abandonné les civils à la plage de Zikim le 7 octobre – enquête
Les troupes ont choisi de se repositionner : 17 civils et un soldat ont été tués ; l'enquête conclut que l'équipe de défense civile a réussi à empêcher le Hamas d'envahir le kibboutz
Emanuel Fabian est le correspondant militaire du Times of Israël.
Une unité de soldats israéliens stationnés près de la frontière avec la bande de Gaza a abandonné des civils qui s’étaient réfugiés sur la plage de Zikim lorsque des terroristes palestiniens du Hamas ont envahi la côte lors de leur assaut le 7 octobre 2023, selon une enquête de l’armée israélienne publiée lundi.
Les troupes du 51ᵉ bataillon de la Brigade Golani se sont retirées de la plage sans avoir réussi à engager le combat contre les terroristes arrivés à bord de vedettes rapides. Ces derniers ont ensuite assassiné dix-sept civils dans cette zone. Les terroristes ont ensuite poursuivi leur avancée vers le kibboutz Zikim, où l’équipe de défense civile locale a elle réussi à les repousser, empêchant ainsi l’infiltration de leur communauté.
L’enquête de Tsahal sur l’attaque de la plage de Zikim a également révélé que les corps de sept civils assassinés avaient été laissés à l’intérieur d’un miklat – abri anti-atomique – situé en bord de mer pendant une semaine avant d’être récupérés par les services de secours.
Les conclusions publiées lundi sont les dernières d’une série d’enquêtes approfondies sur une quarantaine de combats et de massacres perpétrés lors du pogrom du 7 octobre 2023 par le groupe terroriste palestinien Hamas, au cours duquel environ 5 600 terroristes ont franchi la frontière, tué plus de 1 200 personnes et enlevé 251 otages emmenés de force à Gaza, où des dizaines d’entre eux sont toujours retenus captifs.
À l’instar d’autres enquêtes, celle-ci a conclu que Tsahal « avait failli à sa mission de protection » des civils sur la plage de Zikim, principalement parce que l’armée ne s’était jamais préparée à un tel événement, à savoir une attaque simultanée contre des dizaines de villes et de postes militaires, mais aussi en raison des difficultés rencontrées pour dresser un tableau précis de la situation en cours, notamment en raison de l’effondrement de la chaîne de commandement et du contrôle de la division de Gaza.
« L’échec se traduit par le fait que les terroristes ont pu infiltrer notre territoire en peu de temps et assassiner dix-sept civils », précise l’enquête.
L’enquête, menée par le colonel Tal Kuritsky – commandant de la 5ᵉ brigade du Corps d’Infanterie de réserve – a porté sur tous les aspects de l’attaque de la plage et du kibboutz voisin.
L’armée a déclaré que les enquêteurs s’étaient rendus sur les lieux et avaient examiné toutes les sources d’information possibles, y compris les images filmées par les terroristes à l’aide de caméras embarquées, les images filmées par des civils, les vidéos des caméras de surveillance, les communications radio de Tsahal et les entretiens avec les survivants.
L’enquête sur la plage de Zikim visait à tirer des conclusions opérationnelles spécifiques pour les besoins de l’armée. Elle n’a pas examiné la perception plus large de Gaza et du Hamas qui était celle des militaires au cours des dernières années, une perception qui a fait l’objet d’enquêtes distinctes et plus importantes sur les services de renseignement et de défense de Tsahal.
L’enquête a conclu que les soldats Golani qui n’ont pas protégé les civils ont agi de manière incorrecte, tant « sur le plan professionnel qu’éthique ». Les soldats auraient dû se précipiter vers les terroristes dès qu’ils les ont aperçus, au lieu d’essayer de se repositionner, indique l’enquête, qui qualifie leur comportement « d’échec cuisant ».
« Les soldats n’ont pas risqué leur vie et n’ont pas cherché à engager le combat rapproché avec l’ennemi », indique l’enquête.
Certains de ces soldats ont ensuite participé à l’opération terrestre de Tsahal dans la bande de Gaza, mais tous, à l’exception d’un seul qui occupe désormais un poste non combattant, ont depuis été démobilisés.
L’enquête a également révélé qu’il n’y a pas eu de communication adéquate entre la division de Gaza et la marine israélienne pendant environ quarante heures – entre le début de l’assaut et environ 22 h 00 le 8 octobre, car de nombreux réseaux de communication ont été perturbés par l’attaque du Hamas.
L’enquête a été divisée en trois événements distincts : la bataille navale menée par la marine israélienne, le massacre de la plage de Zikim et la défense du kibboutz Zikim.
La bataille navale
Au milieu d’une première salve de plus de 1 000 roquettes lancées par le Hamas sur Israël à 6 h 29, 38 terroristes à bord de sept vedettes rapides ont quitté la bande de Gaza en direction d’Israël.
Selon une enquête de la marine, chaque bateau naviguait à environ 30 nœuds (55 km/h), à environ 500 mètres de la côte, avec une distance de 600 à 700 mètres entre chacun d’eux.
Les bateaux se dirigeaient vers deux bases de Tsahal situées près de la frontière, ainsi que vers la plage de Zikim, dans le but d’atteindre le kibboutz voisin, et vers l’oléoduc pétrolier trans-israélien près d’Ashkelon.
À 6 h 36, le premier des sept hors-bord a franchi la frontière maritime entre Israël et Gaza. Il a été détruit par un patrouilleur de classe Dvora appartenant au 916ᵉ escadron de patrouille de la marine, armé d’un canon Typhoon de 25 mm, en moins de trois minutes. Quatre terroristes à bord ont été tués.
Un hors-bord du Hamas détruit par un patrouilleur de classe Dvora de la marine israélienne le 7 octobre 2023. (Crédit : Armée israélienne)
Après avoir vu le premier bateau détruit, le deuxième a fait demi-tour et, au lieu de continuer vers le terminal pétrolier, a rejoint la côte près de la frontière, à proximité d’un champ de tir appartenant à la base d’entraînement de Zikim. Trois terroristes ont débarqué à 6 h 40 et ont rejoint plusieurs autres qui s’étaient infiltrés à travers la barrière frontalière de sécurité, attaquant ensuite la base de Zikim.
Le troisième hors-bord a réussi à s’approcher de l’oléoduc pétrolier avant d’être détruit à 6 h 43 par le même patrouilleur de la marine. Les marins de l’unité de sécurité portuaire de Snapir, à bord d’un petit bateau de classe Defender, ont ouvert le feu et utilisé des grenades sous-marines contre les terroristes survivants. Les sept terroristes à bord du bateau ont tous été tués.
À 6 h 45, le quatrième hors-bord est arrivé sur la plage de Zikim et cinq terroristes en sont descendus.
Des marins de l’unité Snapir de la marine israélienne éliminant des terroristes du Hamas en mer après que leur vedette rapide a été détruite par un patrouilleur de classe Dvora le 7 octobre 2023. (Crédit : Armée israélienne)
À peu près au même moment, le cinquième hors-bord a été touché par un tir du patrouilleur de la marine, qui l’a partiellement endommagé. Trois terroristes ont été tués, tandis que trois autres ont survécu et ont réussi à atteindre la côte israélienne, se dirigeant vers l’installation pétrolière. (Deux des trois terroristes ont été tués par des tirs de la marine plus tard dans la matinée, vers 9 h 30).
À 6 h 48, le sixième hors-bord, avec sept terroristes à bord, a également accosté sur la plage de Zikim. Un autre patrouilleur de classe Dvora, qui défendait une plate-forme gazière au large, a ouvert le feu sur les terroristes sur la plage, tuant deux d’entre eux.
À 6 h 52, le septième et dernier hors-bord, avec six terroristes à bord, a accosté près d’une base logistique de Tsahal, à proximité du centre d’entraînement de Zikim. L’un des patrouilleurs a ouvert le feu, tuant quatre terroristes du Hamas. Les deux terroristes survivants ont pénétré dans la base logistique et ont été tués par des soldats de la Brigade Golani qui y étaient stationnés.
Le massacre de la plage
Lorsque les tirs de roquettes du Hamas ont commencé à 6 h 29, une escouade de six soldats Golani à bord d’une camionnette GMC Savana stationnée à l’extérieur de la base de Zikim s’est dirigée vers la base logistique de l’armée.
À 6 h 42, les soldats, rejoints par un autre soldat, le sergent Dvir Lisha, 21 ans, se sont dirigés vers la plage après avoir reçu des informations faisant état d’une infiltration par voie maritime.
À 6 h 43, 32 civils s’étaient réfugiés sur la plage – huit dans les toilettes, douze dans l’abri anti-bombes, deux sous des parasols, cinq dans les dunes au nord de la plage, quatre dans les dunes au sud et un dans le parking.
À 6 h 44, les sept soldats de la Brigade Golani ont atteint les toilettes, où ils sont tombés sur les civils et leur ont ordonné de rester où ils étaient. Les soldats ont ensuite avancé vers la mer, tandis que le quatrième hors-bord du Hamas, avec cinq terroristes à son bord, arrivait une minute plus tard.
Des terroristes du Hamas à bord d’un hors-bord accostant sur la plage de Zikim en vue de perpétrer un massacre le 7 octobre 2023. (Crédit : Armée israélienne)
Ce n’est que lorsque les terroristes ont ouvert le feu que les soldats les ont repérés. D’après les images de vidéosurveillance, les soldats se sont repliés vers les toilettes à 6 h 46. Ils se trouvaient à environ 110 mètres des terroristes et leur visibilité était réduite. Lisha a tenté de riposter en se servant du bâtiment des toilettes comme couverture, mais il n’a touché aucun des terroristes.
Pendant ce temps, les terroristes ont avancé vers la zone des parasols et ont assassiné deux pêcheurs, John Aslanov, 70 ans, et Robert Shaulov, 70 ans.
À ce moment-là, les soldats avaient perdu le contact visuel avec les terroristes et ont décidé, à 6 h 47, de se replier davantage vers le parking, abandonnant les huit civils dans les toilettes et les douze autres dans le miklat. Les soldats ont atteint une position surélevée à la lisière du parking, pensant pouvoir voir les terroristes de là, mais des structures leur bloquaient la vue.
Les terroristes ont alors avancé vers le parking et ont ouvert le feu sur les soldats après les avoir repérés. Les terroristes ont également assassiné Abed Ziyadne, 26 ans, dans le parking.
Des civils se réfugient dans les toilettes de la plage de Zikim, alors que les troupes de l’armée israélienne arrivent au milieu de l’assaut lancé par le Hamas le 7 octobre 2023. (Crédit : Réseaux sociaux)
Deux des soldats, dont Lisha, sont restés en position surélevée, tandis que les cinq autres se sont retirés vers les dunes de sable au sud, où des civils s’étaient réfugiés. Cependant, les soldats ne se sont pas arrêtés là où se trouvaient les civils, mais se sont éloignés encore davantage, pour des raisons qui restent inconnues.
Les cinq terroristes survivants du sixième hors-bord ont rejoint les cinq terroristes déjà présents sur la plage et ont ouvert le feu sur les soldats retranchés dans les dunes, blessant l’un d’entre eux. Un autre a été victime d’un choc traumatique. Les tirs de la marine contre les terroristes ont également touché la zone où se cachaient les civils et les soldats, mais selon les conclusions de l’enquête, aucun d’entre eux n’a été blessé.
Des images diffusées par le Hamas montrant des terroristes attaquant la plage de Zikim le 7 octobre 2023. (Crédit : Via Telegram)
Les terroristes ont ensuite assassiné sept civils qui se trouvaient dans les toilettes : Yuri et Svetlana Lisovoy, âgés respectivement de 63 et 61 ans, Shahaf Krief, 17 ans, Tal Keren, 17 ans, Or Taasa, 17 ans, Nadav Tayeb, 17 ans, et Alina Vaisberg, 17 ans. Dans l’abri anti-bombes, les terroristes ont assassiné sept autres civils : Eli et Arye Uzan, âgés respectivement de 68 et 42 ans, Benny Genish, 70 ans, Avi Hasday, 53 ans, Yulia Chaban, 24 ans, Danil Kimenfeld, 64 ans, et Vladimir Joukov, 63 ans.
À 6 h 51, Lisha a dit au soldat qui se trouvait en position surélevée à ses côtés, qu’il allait rejoindre le commandant de l’escouade. Mais au lieu de se diriger vers les dunes, le soldat, pour des raisons indéterminées, a couru droit vers les toilettes, où se trouvaient les terroristes. Il a aussitôt été tué et les terroristes lui ont pris son arme.
À 6 h 54, six des terroristes présents sur la plage ont avancé à pied le long du ruisseau Nahal Shikma, en direction du kibboutz Zikim. Les quatre autres, à 6 h 57, ont pris le contrôle du fourgon des soldats de la Brigade Golani et ont quitté le parking, également en direction de Zikim.
La défense du kibboutz Zikim
À 6 h 40, la base navale d’Ashdod a informé le chef de l’équipe de défense civile du kibboutz Zikim qu’une infiltration maritime était en cours. Le chef de la sécurité a alors alerté l’équipe, qui était armée de fusils d’assaut. L’équipe s’est positionnée à 6 h 42.
Un membre de l’équipe de sécurité posté à la périphérie du kibboutz a identifié le fourgon volé de l’armée israélienne qui approchait par la route à 7 h 04, mais il a d’abord pensé qu’il s’agissait des troupes israéliennes. Lorsque quatre terroristes sont sortis du véhicule, il a compris qu’il ne s’agissait pas de soldats et a ouvert le feu.
Les autres terroristes sont arrivés sur les lieux à pied depuis la plage de Zikim. Entretemps, le chef de l’équipe de sécurité locale et deux autres agents sont arrivés au poste et ont échangé des coups de feu avec les terroristes.
Vers 7 h 20, le commandant de la compagnie des troupes Golani, qui était absent pour le week-end, est arrivé dans la zone depuis le nord et a rejoint l’équipe de sécurité locale. À ce moment-là, deux des terroristes ont été tués lors d’un échange de tirs.
Vers 8 h 00, les terroristes ont lancé huit grenades sur le poste, blessant deux membres de l’équipe de sécurité. D’autres ont pris la relève et ont continué à échanger des tirs avec les terroristes.
À 8 h 20, l’officier de l’agence de sécurité intérieure du Shin Bet Michael Ben Moshe, 26 ans, est arrivé sur la route à l’extérieur de Zikim alors qu’il tentait de rejoindre une base de Tsahal située à proximité. Il est sorti de sa voiture et a échangé des coups de feu avec les terroristes avant d’être tué. Plusieurs terroristes ont pris sa voiture et l’ont conduite jusqu’à la base de Zikim.
Au même moment, des civils qui fuyaient une fête organisée sur une plage non désignée et qui s’étaient initialement réfugiés dans la base de Zikim, sont passés à proximité et ont été pris pour cible par les terroristes. Trois d’entre eux ont été légèrement blessés.
À 8 h 45, les troupes de l’unité commando Maglan ont atteint Zikim après avoir été alertées par leur commandant de compagnie, un habitant du kibboutz. Les commandos ont récupéré leur officier et se sont rendus sur le lieu des échanges de tirs, puis ont avancé vers les terroristes, tuant deux d’entre eux.
À ce stade, les terroristes encore présents ont battu en retraite et abandonné leur projet d’envahir le kibboutz Zikim.
Les conséquences
À 12 h 30, des soldats de la 202ᵉ brigade de parachutistes ont ratissé la plage à la recherche d’éventuels terroristes, mais n’ont trouvé personne. Les soldats ont découvert certains corps et les ont évacués, mais ils ont été envoyés vers le kibboutz Kfar Aza avant de pouvoir poursuivre leur opération.
À 23 heures, d’autres parachutistes ont été envoyés pour protéger Zikim, car l’armée pensait qu’il y avait encore des terroristes dans la région.
Le 8 octobre, deux terroristes ont été tués par des tirs de la marine et des troupes terrestres près de la plage de Zikim.
Des terroristes du Hamas tués par des tirs de la marine israélienne près de la plage de Zikim, le 8 octobre 2023. (Crédit : Armée israélienne)
Le 10 octobre, un terroriste – provenant du cinquième hors-bord – a été tué près de l’installation pétrolière par les troupes du 17ᵉ bataillon de la Brigade Bislamach. Un soldat a été blessé lors de cette intervention.
Le 11 octobre, des commandos de Maglan ont échangé des coups de feu avec deux terroristes dans un abri anti-bombes situé près du ruisseau Shikma. Trois soldats, le sergent-chef Ido Kaslasi, 23 ans, le sergent-chef Daniel Kastiel, 24 ans, et le sergent-chef Itay Moreno, 24 ans, ont été tués et sept autres ont été blessés. Les deux terroristes ont été tués.
Ce n’est que le 13 octobre que les corps des sept personnes assassinées à l’intérieur du miklat de la plage ont été découverts et évacués par les services de secours ZAKA. Les corps des autres civils tués ont été évacués lors des opérations de recherche menées les 7 et 8 octobre. L’enquête a qualifié « d’erreur grave » le fait que les sept corps aient été oubliés pendant une semaine.
Au total, sur les 38 terroristes qui avaient tenté d’atteindre Israël par la mer, quatorze ont été tués en mer, huit ont été tués lorsqu’ils ont atteint la côte ou dans la zone de la plage, et dix ont été tués lors d’échanges de tirs ultérieurs, selon l’enquête. Les six derniers ont probablement également été tués, mais Tsahal n’a pas été en mesure de le confirmer.
