Israël en guerre - Jour 528

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Tsahal enquête sur le 7/10

Tsahal avait identifié mais ignoré 5 signes d’attaque du Hamas le 6 octobre – enquête

Avant 4 heures du matin, le chef du Commandement Sud a parlé avec des officiers du renseignement et des responsables du Shin Bet d'une activité inhabituelle, mais ils ont tous écarté l'imminence d'une attaque

Emanuel Fabian est le correspondant militaire du Times of Israël.

Illustration : Soldats israéliens marchant à côté des destructions causées par les terroristes du Hamas dans le kibboutz Nir Oz le 7 octobre 2023, près de la frontière entre Israël et la bande de Gaza, dans le sud d'Israël, le 21 novembre 2023. (Crédit : Chaïm Goldberg/Flash90)
Illustration : Soldats israéliens marchant à côté des destructions causées par les terroristes du Hamas dans le kibboutz Nir Oz le 7 octobre 2023, près de la frontière entre Israël et la bande de Gaza, dans le sud d'Israël, le 21 novembre 2023. (Crédit : Chaïm Goldberg/Flash90)

Cinq signes d’activité inhabituelle du Hamas avaient été identifiés par Tsahal dans la nuit précédant l’attaque du 7 octobre, mais l’armée a estimé qu’ils ne présageaient pas une offensive imminente, selon une enquête militaire sur le processus décisionnel des hauts responsables à la veille de l’assaut.

L’enquête a révélé que la conduite de l’armée israélienne, sa prise de décision et les renseignements dont elle disposait dans la nuit du 6 au 7 octobre étaient basés sur le résultat d’années d’évaluations erronées sur le Hamas.

En conséquence, les responsables du renseignement à tous les niveaux n’ont pas su anticiper ce qui allait se produire. L’attaque du Hamas du 7 octobre a coûté la vie à plus de 1 200 personnes en Israël, principalement des civils, 251 autres personnes ont été enlevées et une grande partie de la région a été dévastée.

Au cours de la nuit du 6 au 7 octobre, l’armée a identifié au moins cinq signes indiquant une activité inhabituelle de la part du Hamas.

Certaines anomalies avaient également d’autres explications possibles ou n’étaient pas considérées comme suffisamment fortes.

Parallèlement aux anomalies, plusieurs autres signes indiquant que le Hamas maintenait son activité habituelle ont été reçus.

Des drapeaux palestiniens flottent près de la frontière entre la bande de Gaza et Israël, près d’un point d’observation tenu par des terroristes du Hamas, à l’est de Jabalia, le 30 août 2023. (Crédit : MAHMUD HAMS / AFP)

Les signes anormaux comprenaient l’activation de cartes SIM israéliennes par des de terroristes du Hamas, ainsi que indicateurs d’activité inhabituelle du groupe terroriste, dont le contenu reste classifié.

Pris individuellement, aucun de ces signes n’a été perçu comme une alerte sérieuse par les forces israéliennes, certains ayant même déjà été observés à plusieurs reprises par le passé. Cependant, leur accumulation était inhabituelle, ce qui a conduit les services de renseignement à multiplier les vérifications au cours de la nuit afin de déterminer si le Hamas préparait une attaque contre Israël. Des officiers supérieurs ont également mené leurs propres évaluations sur la question.

Certaines vérifications ont permis d’écarter certains signaux d’alerte, tandis que d’autres sont restées sans conclusion définitive. Quoi qu’il en soit, aucun officier n’a interprété ces éléments comme les signes avant-coureurs d’une attaque imminente.

L’enquête a également révélé que des renseignements supplémentaires auraient pu être utilisés cette nuit-là pour affiner l’analyse globale de la situation. Elle a aussi mis en évidence que certaines informations ont bien été transmises aux officiers supérieurs, tandis que d’autres ne leur sont jamais parvenues.

Néanmoins, l’enquête conclut que même si un tableau complet du renseignement avait été présenté aux officiers supérieurs, il est probable qu’ils auraient décidé de relever le niveau d’alerte dans l’éventualité d’une attaque ciblée du Hamas, mais sans aller jusqu’à envisager une guerre totale.

Des roquettes sont tirées depuis la ville de Gaza en direction d’Israël le 7 octobre 2023. (Crédit : Mohammed ABED / AFP)

L’enquête a révélé plusieurs raisons pour lesquelles le niveau d’alerte n’a pas été relevé, malgré les signes :

  • La perception qu’Israël était dans une période d’accalmie avec le Hamas à Gaza, et que le groupe terroriste se concentrait sur des attaques en Cisjordanie.
  • L’absence de réunion formelle pour évaluer les renseignements et les développements de la situation.
  • Une mauvaise répartition des responsabilités dans la surveillance des menaces, ce qui a entraîné une absence de recoupement entre les unités de renseignement. L’absence de mécanismes de supervision a conduit certaines unités à ne pas disposer d’informations essentielles.
  • Une surcharge d’informations au sein de la Direction du renseignement, qui a conduit à une fragmentation des données, empêchant tout officier d’avoir une vue d’ensemble consolidée de la situation et des signaux d’alerte.
  • Une culture de travail où les centres de commandement du renseignement se concentraient sur des systèmes de communication cryptés avancés pour collecter des informations, plutôt que de faire un véritable travail de renseignement.
  • Une mauvaise interprétation des signes, perçus comme n’indiquant pas une menace imminente, a conduit à reporter les actions et évaluations aux heures du matin, plutôt que d’agir immédiatement. De plus, aucune mesure immédiate n’a été prise pour protéger les sources de renseignement cruciales à Gaza. Les informations disponibles à ce moment-là n’étaient pas jugées suffisantes pour justifier le risque de compromettre ces sources.
De la fumée s’échappe de la barrière frontalière avec Israël depuis Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza, après que quelque 3 000 terroristes du Hamas ont pris d’assaut la frontière et sont entrés en Israël, le 7 octobre 2023. (Crédit : Abed Rahim Khatib/Flash90)

L’enquête a également révélé que la méthode de travail de la Direction du renseignement concernant la surveillance du Hamas était fondée sur la perception par Israël que le groupe terroriste agirait de manière ciblée et non dans le cadre d’une attaque à grande échelle. Par conséquent, l’accent a été mis sur des secteurs spécifiques du Hamas plutôt que sur une campagne de surveillance à grande échelle. En conséquence, les plans d’attaque à grande échelle du Hamas n’ont pas été correctement identifiés.

Les mesures prises par l’armée israélienne pendant la nuit, notamment la réduction du délai de déploiement de déploiement des drones et d’un hélicoptère, ainsi que l’envoi d’une petite équipe antiterroriste, étaient fondées sur l’évaluation que les militaires faisaient alors de la menace potentielle à ce moment-là.

Néanmoins, l’enquête a révélé que la division de Gaza ne s’était pas préparée de manière adéquate au scénario potentiel le plus extrême, qui sous-estimait encore largement l’attaque qui a finalement été menée.

De plus, les responsables n’ont pas mené les vérifications nécessaires avant de décider de ne pas ajuster le déploiement des troupes à la frontière, par crainte de compromettre des sources de renseignement. En revanche, ils ont bien effectué ces vérifications avant d’approuver l’envoi de drones de surveillance, selon l’enquête.

Chronologie de la nuit :

Le 6 octobre 2023 à 21 heures, l’agence de sécurité Shin Bet a identifié l’activation de quelques cartes SIM israéliennes par des terroristes de la Nukhba, une unité du Hamas. Les cartes SIM sont une source du Shin Bet à Gaza, et l’armée israélienne n’y a pas accès. Un représentant du Shin Bet a informé les agents de renseignement de la division de Gaza et du commandement sud de l’évolution de la situation via WhatsApp. Plus tard dans la nuit, d’autres cartes SIM allaient être activées, il y en aura plusieurs dizaines au total.

Selon l’enquête, l’activation de cartes SIM est un événement relativement fréquent à Gaza, se produisant au moins une dizaine de fois par an, mais rarement à une telle échelle simultanée. Plusieurs cartes SIM ont également été activées le 5 octobre, ainsi qu’un autre jour dans les semaines précédant l’attaque. (En outre, des dizaines de cartes SIM ont été activées exactement un an auparavant, à la date prévue initialement par le Hamas pour lancer son attaque contre Israël).

A 21 h 30, les deux officiers du renseignement ont informé leurs supérieurs respectifs, le chef de la division de Gaza, le brigadier général Avi Rosenfeld, et le chef du commandement Sud, le major général Yaron Finkelman, de l’activation des cartes SIM. À ce moment-là, Finkelman était dans le nord d’Israël pour un week-end de vacances en famille pendant les fêtes juives.

Le ministre de la Défense Yoav Gallant (à gauche) et le chef du Commandement Sud, le général de division Yaron Finkelman, lors d’une évaluation au Commandement Sud de Tsahal, le 7 avril 2024. (Crédit : Ariel Hermoni/Ministère de la Défense)

À 23 h 30, une certaine activité du Hamas a été détectée. Cependant, après vérification, le signal a été écarté. À minuit, un autre signal indicatif a été reçu, mais il a également été écarté après examen.

À ce moment-là, l’officier du renseignement du Commandement Sud a eu un autre appel avec Finkelman, au cours duquel ils ont discuté des actions possibles du Hamas. Pendant ce temps, les responsables du renseignement ont continué à examiner les signaux, et rien d’inhabituel n’a été trouvé.

Entre 2 h 30 et 3 h, un autre renseignement a été reçu concernant l’activité du Hamas. Des vérifications ont été effectuées et les responsables du renseignement ont conclu qu’il s’agissait probablement d’un exercice.

Au même moment, entre 2 h et 3 h, le bureau du chef d’état-major de l’armée israélienne, le lieutenant-général Herzi Halevi, s’est entretenu avec le Shin Bet au sujet des événements en cours.

À 3 h 10, le chef de la Direction du renseignement militaire de l’époque, le général de division Aharon Haliva, le chef de l’unité 8200 de l’époque, le général de brigade Yossi Sariel, et le chef de la division de la recherche de l’époque, le général de brigade Amit Saar, ont été informés pour la première fois de l’évolution de la situation.

À 3 h 20, Halevi, qui était chez lui à ce moment-là, a été informé de la situation par son chef de bureau. Il a alors demandé à parler à Finkelman, qui était en pleine évaluation avec son officier du renseignement. Leur échange aura finalement lieu vers 4 h du matin.

Pendant qu’il attendait, Halevi a écrit sur un papier : « N’essayons pas de nous convaincre que ce n’est rien. »

Entre 3 h 15 et 3 h 50, Finkelman a tenu une évaluation avec les officiers du renseignement du Commandement Sud et de la Division de Gaza, ainsi qu’avec deux hauts responsables du renseignement du Shin Bet. Normalement, Finkelman n’interagirait pas avec l’officier du renseignement de la Division de Gaza, mais il a décidé de l’inclure dans l’appel pour entendre différents avis. Pour la même raison, les deux agents du Shin Bet étaient présents à l’appel.

L’officier du renseignement du Commandement Sud présent à l’appel a décrit la situation, et l’officier du renseignement de la Division de Gaza était d’accord avec lui, tout comme les deux officiers du Shin Bet.

Les quatre officiers du renseignement ont conclu que, quelle que soit l’évolution de la situation, elle ne représentait pas une menace imminente et que les terroristes de la Nukhba du Hamas suivaient leur routine habituelle.

Le chef d’état-major de l’armée israélienne, le lieutenant-général Herzi Halevi, tenant une réunion d’évaluation au Commandement du Sud de l’armée israélienne à Beer Sheva, le 8 octobre 2023. (Crédit : Armée israélienne)

Trois scénarios potentiels concernant l’activité du Hamas ont été discutées lors de l’appel :

  • Le Hamas menait un exercice militaire, expliquant ainsi les signes inhabituels observés.
  • Le Hamas se préparair à une attaque préventive israélienne, en réponse à une série d’attentats terroristes en Cisjordanie. (Lors d’une réunion du cabinet quelques jours plus tôt, qui a fait l’objet d’une fuite dans la presse, les ministres ont discuté d’assassinats ciblés de dirigeants du Hamas en réponse à la terreur en Cisjordanie.)
  • Le Hamas planifiait une attaque limitée contre Israël. Le scénario le plus extrême prévoyait l’infiltration de 70 terroristes du Nukhba en 2 à 8 endroits le long de la frontière.

Suite à l’appel, Finkelman, en accord avec le Shin Bet, a envoyé à la frontière de Gaza une force d’élite antiterroriste, appelée équipe Tequila, composée de combattants du Shin Bet et de membres de l’unité d’élite de la police, Yamam, pour être en alerte.

Il a également ordonné au commandant de la brigade nord de la division de Gaza, à 4 heures du matin, d’écourter ses vacances et de rentrer chez lui.

Pendant ce temps, la Direction des opérations a demandé à effectuer une mission de surveillance au-dessus de Gaza dans la matinée et a informé l’armée de l’air israélienne des développements afin de déployer des drones à cette fin. Avant la guerre, un seul drone survolait Gaza. Un deuxième drone a été envoyé dans la matinée, juste avant l’attaque, tandis qu’un troisième, initialement affecté à une autre zone d’Israël, sera redirigé vers Gaza plus tard.

Aucune autre action n’a été entreprise par crainte que le Hamas identifie les mouvements de l’armée israélienne et « brûle » ainsi les sources de renseignement militaire à Gaza.

Pendant ce temps, le Shin Bet a rédigé un rapport sur les faits à 3 h 30 du matin, indiquant que le Hamas agissait selon sa routine et n’était pas intéressé par une escalade.

Des Palestiniens de la bande de Gaza entrant dans le kibboutz Kfar Aza, lors de l’assaut barbare du groupe terroriste palestinien du Hamas sur le sud d’Israël le 7 octobre 2023. (Crédit : Hassan Eslaiah/AP Photo)

Entre 4 et 5 heures du matin, de nombreux appels ont été passés entre le Commandement Sud et l’armée de l’air israélienne pour accélérer le déploiement des drones, ainsi que le déplacement d’un hélicoptère vers la base aérienne de Ramon, dans le sud d’Israël, afin de raccourcir la distance à parcourir pour atteindre la bande de Gaza.

Entre 4 h et 4 h 30, Halevi a tenu un appel avec Finkelman, auquel s’est également joint le chef de la direction des opérations, le général de division Oded Basiuk.

Au cours de l’appel, Finkelman a décrit la situation à Halevi, passant en revue tous les signaux inhabituels et leurs explications, et a déclaré que, selon les responsables du renseignement, la menace potentielle ne semblait pas imminente. Halevi a évoqué les actions potentielles du Hamas lors de l’appel, notamment les infiltrations par la mer, par les airs ou par des tunnels.

Halevi a également ordonné une intensification de la surveillance du Hamas et une nouvelle évaluation de la situation à 8 h 30, sauf en cas de nouvelles informations. (À partir de 3 h 30, aucune nouvelle donnée n’avait été rapportée depuis Gaza.)

Le chef des renseignements, Haliva, n’était pas présent lors de l’appel avec Halevi. Plus tard il a déclaré à Halevi : « Si j’avais été présent, je n’aurais fait que renforcer ce que les autres vous ont dit ».

Entre 4 h 30 et 5 h 20, Basiuk a eu des entretiens téléphoniques avec le chef de la division de recherche Saar et d’autres responsables. Il a tenté d’accélérer le déploiement de l’équipe Tequila et des drones de l’armée de l’air israélienne. À la suite de ces appels, le chef de bureau de Basiuk a envoyé un message WhatsApp à un groupe comprenant tous les autres chefs de bureau de l’état-major général pour les informer de la situation.

À 5 h 30, le chef de l’armée de l’air, le général Tomer Bar, a été informé. Le vice-amiral David Saar Salama, chef de la marine, n’a pas été informé cette nuit-là.
Les appels et les évaluations se sont poursuivis au sein de l’armée israélienne jusqu’à 6 h 29, heure à laquelle le Hamas a déclenché son assaut, tirant des milliers de roquettes sur Israël et au cours duquel des milliers de terroristes se sont infiltrés dans le pays.

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