El Al face un tollé sur le refus de haredim de s’asseoir près des femmes
Des passagers se sont indignés des perturbations d’hommes ultra-orthodoxes sur des vols vers Israël
Pour environ une demi-heure au début de son vol El Al la semaine dernière, de New York à Tel Aviv, Elana Sztokman a observé l’homme orthodoxe haredi assis à côté d’elle se précipiter dans l’allée à la recherche d’un passager prêt à changer de place pour ne pas avoir à s’asseoir à côté d’elle.
Sur le même trajet quelques heures plus tard, un autre vol El Al a été retardé par des hommes ultra-orthodoxes restés debout dans les couloirs, refusant de s’asseoir à côté de femmes.
Après le décollage, les hommes ont repris leur mouvement de protestation jusqu’à ce qu’on leur trouve d’autres sièges. Un passager sur le vol a déclaré au site israélien Ynet que le voyage était « un cauchemar de 11 heures ».
La compagnie aérienne nationale israélienne a longtemps dû composer avec les Juifs ultra-orthodoxes exigeant une séparation des sexes dans les cieux. Mais suite aux deux incidents récents – l’histoire de Sztokman a défrayé la chronique après être parue dans le magazine en ligne Tablet – El Al est sommée de résoudre le problème.
Certains suggèrent que la compagnie aérienne insiste pour que les passagers strictement pratiquants restent à leurs sièges assignés. Pour d’autres, la compagnie aérienne doit créer des sections séparées.
« Ce qui me choque est le fait même que s’assoir à côté de moi constitue un problème », déclare Sztokman, auteure du livre The War on Women in Israel: A Story of Religious Radicalism and the Women Fighting for Freedom. « Je suis un être humain avant tout. »
Sztokman, qui a témoigné de situations similaires sur derniers vols El Al, affirme qu’elle s’est plainte à la compagnie à plusieurs reprises, mais n’a jamais reçu de réponse.
Appelée à réagir par le JTA, El Al n’a fait aucune mention des incidents des 22 et 23 sept., mais a déclaré que les membres du personnel de la compagnie « font de leur mieux pour répondre à chaque demande de passager ».
Une pétition en ligne lancée dimanche appelle à la compagnie à fournir une petite section de sièges séparés avec un supplément tarifaire. En deux jours, la pétition a recueilli plus de 1 500 signatures.
« Je pense qu’El Al a la responsabilité d’assurer que passagers se sentent en sécurité et d’éviter que ce genre de chose se produise, » a affirmé au JTA l’auteure de la pétition, Sharon Shapiro de Chicago. « Je ne pense pas que les femmes doivent être harcelées ou se sentir mal ou coupables si elles refusent de changer de place. Je ne crois pas que les hommes qui jugent qu’il s’agit d’une interdiction halakhique [de la loi juive] de s’asseoir à côté d’une femme doivent s’imposer. »
Des sections spéciales, ou des vols pour passagers ultra-orthodoxes, ont été proposés, mais jamais mis en œuvre. Dans une décision controversée, certaines compagnies d’autobus israéliennes ont séparé les sièges pour femmes et hommes sur plusieurs lignes en 2010. En 2011, la Cour suprême israélienne a statué que l’imposition d’une telle ségrégation était illégale.
« S’ils louent tout l’avion, qu’El Al fasse voler des avions vides », déclare Anat Hoffman, directrice exécutive du Israel Religious Action Center, un groupe réformé juif. « Mais vous ne pouvez pas obliger les gens à se déplacer en raison de leur sexe. »
L’organisation de Hoffman a accusé El Al il y a deux ans de ségrégation des sexes quand une femme américaine, Debra Ryder, a été contrainte de changer de place après qu’un homme a refusé de s’asseoir à côté d’elle. Une avocate du groupe de Hoffman, Orly Erez-Litkhovsky, a exigé que Ryder soit dédommagée à hauteur d’environ 14 000 dollars à la suite.
El Al a rejeté la demande de paiement, mais a affirmé qu’elle reverrait ses lignes directrices concernant des demandes de changement de place de passagers.
L’homme qui devait s’assoir à côté de Sztokman a été permuté avec un autre passager. Sztokman espère que les protestations du public dans la foulée de l’incident – y compris tollé des haredim – pousseront El Al à prendre des mesures.
« J’espère que cela aidera les gens dans le monde haredi à réfléchir à deux fois si c’est bien la culture qu’ils veulent, et que cela encouragera les femmes en Israël à davantage se faire entendre », a déclaré Sztokman. « Nous devons en parler davantage. Nous ne pouvons simplement croiser les bras et subir cette situation. »