Israël en guerre - Jour 373

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Elections en Israël : l’historique Parti travailliste aux abois

Cette année, le Parti travailliste, accusé de s'être éloigné de ses origines, ne peut guère espérer atteindre mieux que la troisième place

Avi Gabbay, leader du parti Travailliste, lors d'une conférence de presse à Tel Aviv, le 13 février 2019. (Crédit : Tomer Neuberg/Flash90)
Avi Gabbay, leader du parti Travailliste, lors d'une conférence de presse à Tel Aviv, le 13 février 2019. (Crédit : Tomer Neuberg/Flash90)

Eyal Vardi a voté pour le Parti travailliste israélien presque toute sa vie, mais aux prochaines élections législatives cet énergique sexagénaire a décidé de donner sa voix à une liste qui, elle, a une chance de gagner.

Longtemps dominateur en Israël, le Parti travailliste n’est crédité par les sondages que d’une dizaine de sièges (sur 120) dans le Parlement qui sortira des urnes mardi.

Alors Eyal Vardi a décidé de soutenir la liste centriste Kakhol lavan du général Benny Gantz.

Le Parti travailliste et Kakhol lavan « ne sont pas très différents. Alors autant donner ma voix » à la liste de Benny Gantz puisqu’elle au moins peut l’emporter contre le Likud (droite) du Premier ministre sortant Benjamin Netanyahu, explique ce habitant de Motza Illit, localité aisée proche de Jérusalem.

Selon cet électeur longtemps fidèle aux travaillistes, ces derniers se sont éloignés de leur origines de gauche.

Il est venu écouter, dans la maison d’un autre habitant de Motza Illit, le candidat de Kakhol lavan Michael Biton lors d’une rencontre de proximité.

M. Biton a été maire d’une ville du sud d’Israël sous l’étiquette travailliste. Mais il a rejoint les centristes de Bleu-Blanc pour les législatives.

Le départ de M. Biton et les propos désabusés de M. Vardi illustrent la profonde désaffection dont souffre le Parti travailliste après avoir longtemps dominé la scène politique israélienne.

Héritier des différents partis de gauche au pouvoir depuis la création d’Israël en 1948 jusqu’en 1977, le Parti travailliste a de nouveau gouverné pendant huit ans par la suite, dont deux années dans un gouvernement d’union avec le Likud.

La poignée de main entre Yitzhak Rabin et Yasser Arafat, accompagnés de Bill Clinton, après la signature des Accords d’Oslo, le 13 septembre 1993. (Crédit : Vince Musi/The White House/Wikimedia commons)

C’est durant cette période, au début des années 1990, qu’ont été signés les accords d’Oslo avec les Palestiniens, qui devaient être une étape historique vers un règlement de paix.

Les accords ont été négociés côté israélien par les travaillistes Yitzhak Rabin, alors Premier ministre, et Shimon Peres alors ministre des Affaires étrangères.

L’héritage d’Oslo

Mais en 1995, Yitzhak Rabin fut assassiné par un extrémiste juif. Dès 1996, les travaillistes perdent le pouvoir. Ils ne dirigeront plus le pays que lors d’une courte parenthèse de deux ans entre 1999 et 2001.

Tzipi Livni, députée de l’Union sioniste, pendant une réunion du groupe parlementaire à la Knesset, le 16 janvier 2017. (Crédit : Hadas Parush/Flash90)

Aux dernières législatives de 2015, une alliance de dernière minute avec le parti Hatnuah de Tzipi Livni a permis à leur Union sioniste de remporter 24 sièges sur les 120 en jeu, devenant la deuxième force du Parlement.

Mais cette année, le Parti travailliste ne peut guère espérer atteindre mieux que la troisième place.

« Le parti travailliste est historiquement associé au processus d’Oslo », relève Shmuel Rosner, chercheur au centre de réflexion israélien Jewish People Policy Institute.

Mais Oslo n’a pas tenu la promesse de la paix et la Deuxième Intifada en 2000, en a signifié l’échec aux yeux de nombreux Israéliens, ajoute le chercheur en soulignant la droitisation de l’électorat.

« Une fois que les Israéliens ont rejeté le processus (d’Oslo), le Parti travailliste a raté le virage au centre, il a mis trop de temps à comprendre que le vent avait tourné », ajoute Shmuel Rosner.

D’autres partis se sont placés au centre de l’échiquier tandis que la gauche du Parti travailliste était occupée par le Meretz, parti laïc et socialiste créé en 1992.

Démographie

Le chercheur invoque aussi le facteur démographique.

Pendant longtemps, le profil type de l’électeur travailliste était « juif ashkénaze, rural et laïc », rappelle-t-il. Or la population a vu augmenter la proportion des juifs orientaux, traditionalistes et urbains, que le Parti n’a pas su rallier, dit-il.

En nommant en 2017 à sa tête Avi Gabbay, un juif d’origine marocaine, le parti a apporté un début de réponse à ces changements. Il a aussi adopté des positions moins conciliantes vis-à-vis des Palestiniens et plus centristes sur une variété de sujets.

Malgré ses difficultés, le parti n’a toutefois pas perdu tous ses sympathisants.

Tanyah Murkes, 34 ans, résidente de Modiin (centre), hésite entre Kakhol lavan, le Parti travailliste et le Meretz.

« Je pense qu’en fin de compte, je voterai pour les travaillistes, pour renforcer la gauche israélienne », explique Mme Murkes, directrice du Forum Dvorah, une ONG qui milite en faveur de la présence des femmes dans les institutions de politique étrangère et de sécurité nationale.

Meretz est trop petit et Kakhol lavan « trop à droite », explique-t-elle. Un Parti travailliste fort représenterait un « contrepoids à la droite, qui est très puissante aujourd’hui ».

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