En cas d’incident nucléaire, l’Ukraine utilisera un traitement israélien à base de placenta
Face à la menace russe, Pluri s'associe à une banque de sang ukrainienne pour stocker un remède contre une intoxication radioactive mortelle, à base de cellules issues de dons de placenta

Deux semaines après qu’une frappe de drone russe a endommagé l’arche de confinement protégeant les restes du réacteur n° 4 de la centrale nucléaire de Tchernobyl, la société israélienne de biotechnologie Pluri, spécialisée dans la thérapie cellulaire à base de placenta, a signé un accord pour aider l’Ukraine à se préparer à une éventuelle urgence radiologique.
La guerre de près de trois ans entre la Russie et l’Ukraine a renforcé la menace de retombées nucléaires, dans un contexte de bombardements répétés sur les infrastructures nucléaires et de menaces récurrentes du président russe Vladimir Poutine d’utiliser l’arme nucléaire.
Le mois dernier, la société Pluri (anciennement Pluristem), basée à Haïfa, a conclu une collaboration exclusive avec Hemafund, la banque de sang de cordon ombilical ukrainienne, pour constituer un stock et distribuer sa thérapie cellulaire issue du placenta, le PLX-R18, comme traitement potentiel contre le syndrome d’irradiation aiguë.
Ce syndrome, aussi appelé syndrome d’irradiation aiguë hématopoïétique (H-ARS), survient lorsqu’une personne est exposée à des doses élevées de rayonnements ionisants, comme lors d’une attaque ou d’un accident nucléaire. La moelle osseuse et les cellules sanguines sont détruites, entraînant une anémie sévère, des infections graves et des hémorragies.
En l’absence de traitement efficace, la mort peut survenir entre quatre et huit semaines après l’exposition.
Pluri développe, depuis une vingtaine d’années, une technologie tridimensionnelle qui reproduit la manière dont les cellules vivantes communiquent et interagissent avec leur environnement pour croître et se développer. La société exploite des cellules souches extraites de placentas donnés par des femmes ayant accouché par césarienne dans des hôpitaux israéliens. Ces cellules sont cultivées dans des bioréacteurs 3D propriétaires qui recréent un environnement physiologique similaire au corps humain.
« Les cellules sont les briques de la vie – tout commence et finit par elles », explique Nimrod Bar Zvi, directeur commercial de Pluri, au Times of Israel. « Ces minuscules cellules jouent un rôle fondamental dans presque tous les aspects de notre existence, qu’elles viennent des humains, des animaux ou des plantes. »
Bar Zvi explique que, placées dans les bioréacteurs, les cellules souches s’attachent à des structures de soutien et « commencent à communiquer entre elles et à proliférer, comme dans le corps humain ; elles sécrètent des protéines tandis que nous reproduisons les conditions naturelles nécessaires à leur développement ».
Grâce à cette technologie, une seule cellule placentaire peut être multipliée en milliards de cellules distinctes, explique Pluri. Ainsi, un unique placenta permettrait de traiter plus de 20 000 patients.
« À la fin du processus, nous obtenons un flacon contenant une dose déterminée de cellules étendues à partir du placenta, en fonction des besoins du patient », détaille Bar Zvi. « Une fois injectées dans un muscle, ces cellules activent les capacités naturelles de l’organisme pour réactiver la production de cellules sanguines, atténuer les effets de l’exposition aux radiations, et nous constatons le processus de guérison. »

Pluri précise que son traitement stimule et restaure la production des trois principaux types de cellules sanguines de la moelle osseuse : globules blancs, globules rouges et plaquettes.
Selon les termes de l’accord signé avec Hemafund, sous réserve de financements publics et privés, Pluri fournira une capacité initiale de
12 000 doses de PLX-R18, de quoi traiter environ 6 000 personnes. Les doses seront stockées par Hemafund et prêtes à être acheminées vers des établissements de santé ukrainiens en cas d’urgence.
« À notre connaissance, il n’existe actuellement aucun autre traitement contre l’empoisonnement radiologique reposant sur des cellules souches issues du placenta », a déclaré Bar Zvi. « Notre capacité à traiter l’exposition aiguë aux radiations par thérapie cellulaire, et à en assurer la production de masse, est ce qui nous rend uniques, car nous sommes en mesure de fournir des milliers de doses à un très grand nombre de patients. »
Pluri est cotée au Nasdaq ainsi qu’à la Bourse de Tel-Aviv. Dans le parc technologique Matam, à Haïfa, la société de biotechnologie exploite une usine de production de thérapies cellulaires, conçue pour assurer la fabrication industrielle à grande échelle. Elle pourrait également être mobilisée pour produire en masse en réponse à une situation d’urgence mondiale en cas d’escalade des menaces nucléaires. L’entreprise emploie actuellement 130 personnes.
Pluri et Hemafund ont indiqué qu’ils prévoyaient également de faire progresser les essais cliniques afin d’enregistrer la thérapie PLX-R18 en tant que contre-mesure officielle contre les radiations, et d’obtenir les autorisations réglementaires nécessaires auprès du ministère ukrainien de la Santé. Cette collaboration pourrait générer plus de 100 millions de dollars pour les deux parties.
« Nos infrastructures de cryoconservation et notre réseau logistique nous placent idéalement pour soutenir l’introduction du PLX-R18 comme outil vital de préparation aux urgences radiologiques en Ukraine », a déclaré Yaroslav Issakov, fondateur d’Hemafund. « Nous espérons que ces traitements resteront des mesures de précaution, mais notre objectif est d’être prêts à déployer cette thérapie en cas de besoin. »

Pluri indique que son traitement PLX-R18 a été testé en toute sécurité chez l’homme et chez l’animal. Les résultats d’une série d’études récentes menées sur des animaux exposés aux radiations ont montré une augmentation du taux de survie, passant de 29 % dans le groupe placebo à 97 % dans le groupe traité.
Administré à titre prophylactique, 24 heures avant l’exposition aux radiations puis à nouveau 72 heures après, le PLX-R18 a également permis de faire passer le taux de survie de 4 % dans le groupe placebo à 74 % chez les sujets traités.
La FDA a déjà autorisé une demande de nouveau médicament expérimental (IND) pour le PLX-R18 dans le traitement du syndrome d’irradiation aiguë et lui a accordé la désignation de médicament orphelin. Cela signifie qu’en cas d’incident nucléaire, Pluri pourrait utiliser ce traitement pour soigner les victimes.

En juillet 2023, Pluri a obtenu un contrat de 4,2 millions de dollars sur trois ans, attribué par les National Institutes of Health (NIH) des États-Unis, afin de poursuivre le développement de son traitement contre le syndrome d’irradiation aiguë mortelle et de collaborer avec l’Armed Forces Radiobiology Research Institute du département américain de la Défense, situé dans le Maryland.
Dans le cadre de ce contrat, l’Institut national des allergies et des maladies infectieuses (NIAID), relevant des NIH, financera les dernières études nécessaires pour finaliser la demande d’autorisation de mise sur le marché de la thérapie PLX-R18 auprès de la FDA.
Pluri espère que cette homologation lui permettra de voir son traitement intégré au Strategic National Stockpile des États-Unis – la réserve nationale stratégique de fournitures médicales essentielles – en tant que contre-mesure médicale en cas d’exposition à des radiations nucléaires.
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