En Israël, les groupes LGBTQ critiquent les mesures anti-trans de Trump
Ces réactions sont intervenues après que le président américain a signé, au premier jour de son mandat, un décret reconnaissant uniquement l'homme et la femme comme genres

Les organisations israéliennes de la communauté LGBTQ ont fortement critiqué le président américain Donald Trump mardi après la signature d’un décret, la veille, qui précisait que les États-Unis ne reconnaîtraient dorénavant plus que deux genres, les « hommes » et les « femmes ».
Selon ce décret, les États-Unis classeront officiellement le genre des Américains en fonction des organes génitaux qu’ils présentaient à la naissance, ce qui signifie que le pays ne reconnaîtra plus les transgenres ou les non-binaires comme étant des genres légitimes.
Le décret précise également que, conformément à ses dispositions, les prisons fédérales et les centres d’hébergement seront séparés par sexe et que l’argent des contribuables ne pourra pas être utilisé pour financer des services destinés aux personnes transgenres.
Les organisations LGBTQ+ israéliennes se sont insurgées contre ces décisions, avertissant qu’elles étaient susceptibles d’entraîner des mesures similaires qui prendraient pour cible la communauté transgenre au sein de l’État juif. Si Israël ne reconnait pas d’autre genres que les hommes et les femmes, le pays autorise, pour le moment, les personnes transgenres à modifier le genre qui est indiqué sur leur carte d’identité après leur transition.
Les personnes transgenres peuvent également bénéficier d’une prise en charge de leurs interventions chirurgicales, dans le cadre de leur transition, par le biais de leur caisse d’assurance-maladie. Des mesures assurent que toute discrimination à leur égard, sur leur lieu de travail, sera sanctionnée. Israël permet également aux jeunes de moins de 18 ans à commencer un traitement hormonal avec le consentement de leurs parents, et à bénéficier d’un soutien mental et émotionnel tout au long du processus.
Zohar Katan, présidente de l’organisation Maavarim pour la communauté trans israélienne, aurait déclaré, selon le site d’information Walla, que le décret de Trump n’était qu’une première initiative prise à l’encontre des transgenres américains. Elle a averti que le décret pourrait aussi entraîner des attaques contre les homosexuels et empiéter sur les droits des femmes.

« Aujourd’hui, les personnes transgenres envisagent de quitter les États-Unis ou de s’installer dans différents États – il s’agit de persécutions organisées », a-t-elle dit, affirmant que les mêmes mesures pourraient également être appliquées en Israël.
« Nous pourrons peut-être renforcer notre résilience de différentes manières – principalement par le biais du dialogue et de la coopération – mais nous devons nous préparer. Nous sommes déjà en train d’activer le signal d’alarme et il faut que ce soit le cas pour chaque communauté, pour chaque organisation qui se soucie d’avoir une société démocratique. Les choses peuvent commencer par la communauté trans mais tout ça peut facilement s’étendre à l’ensemble de la communauté LGBTQ et à d’autres communautés. Nous nous battrons pour qu’Israël reste démocratique et respecte les droits de l’Homme, et pour que les gens aient le droit de disposer de leur propre corps », a-t-elle ajouté.
Nina Halevy, qui gère un programme de soutien aux personnes transgenres dans le cadre du projet Gila, a partagé le même point de vue, affirmant que des mesures similaires pourraient être prises en Israël. Elle a par ailleurs comparé Trump à Adolf Hitler, le dirigeant nazi, dans des propos rapportés par Walla, disant que les deux hommes « ont trouvé une minorité affaiblie qu’ils utilisent comme bouc émissaire ».
« Nous avons très peur et nous œuvrons principalement contre la transphobie organisée et contre les organisations qui tentent d’établir un programme qui est à la fois conservateur et oppressif », a-t-elle indiqué.
Elle a prévenu que le décret ouvrirait la porte à de nouvelles lois prenant pour cible la communauté transgenre, en particulier les jeunes, en raison de la désinformation qui circule autour du sujet.
« Personne ne leur fait faire d’overdose d’hormones et personne ne les mutile », a-t-elle expliqué.

Le Mouvement israélien des jeunes LGBTQ+, connu sous le nom d’IGY, a écrit dans un post publié sur X, mardi, que l’ordre de Trump ne faisait rien d’autre que de servir les « personnes extrémistes anti-LGBTQ+ ».
« Protéger la vie des jeunes et des membres de notre communauté n’est pas négociable et nous ne pouvons pas permettre à cette politique de s’infiltrer en Israël », a déclaré le mouvement.
Aguda – l’Association pour l’égalité LGBTQ+ en Israël – a averti que les transgenres américains commenceraient bientôt à voir l’administration Trump porter atteinte à leurs droits, entre autres, dans l’armée, dans les soins de santé, dans l’emploi et dans l’éducation.
« Des forces extrémistes ont déjà annoncé qu’elles avaient l’intention d’importer cette politique dangereuse en Israël. Nous continuerons à nous dresser de façon inébranlable face à tous ceux qui tentent de nuire à la communauté et en particulier aux personnes transgenres », a déclaré Aguda.