Israël en guerre - Jour 472

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Opinion

En se retirant de la Syrie, Trump abandonne Israël et les Kurdes

Alors que la minorité kurde fait face à un possible massacre, le président américain prend le risque de laisser s'ouvrir une route directe entre Téhéran et Beyrouth

Avi Issacharoff

Avi Issacharoff est notre spécialiste du Moyen Orient. Il remplit le même rôle pour Walla, premier portail d'infos en Israël. Il est régulièrement invité à la radio et à la télévision. Jusqu'en 2012, Avi était journaliste et commentateur des affaires arabes pour Haaretz. Il enseigne l'histoire palestinienne moderne à l'université de Tel Aviv et est le coauteur de la série Fauda. Né à Jérusalem , Avi est diplômé de l'université Ben Gourion et de l'université de Tel Aviv en étude du Moyen Orient. Parlant couramment l'arabe, il était le correspondant de la radio publique et a couvert le conflit israélo-palestinien, la guerre en Irak et l'actualité des pays arabes entre 2003 et 2006. Il a réalisé et monté des courts-métrages documentaires sur le Moyen Orient. En 2002, il remporte le prix du "meilleur journaliste" de la radio israélienne pour sa couverture de la deuxième Intifada. En 2004, il coécrit avec Amos Harel "La septième guerre. Comment nous avons gagné et perdu la guerre avec les Palestiniens". En 2005, le livre remporte un prix de l'Institut d'études stratégiques pour la meilleure recherche sur les questions de sécurité en Israël. En 2008, Issacharoff et Harel ont publié leur deuxième livre, "34 Jours - L'histoire de la Deuxième Guerre du Liban", qui a remporté le même prix

Des membres kurdes irakiens de la sécurité font la queue devant un bureau de vote pour les élections législatives du 10 mai 2018 à Erbil, capitale de la région autonome kurde du nord de l'Irak. (AFP Photo/Safin Hamed)
Des membres kurdes irakiens de la sécurité font la queue devant un bureau de vote pour les élections législatives du 10 mai 2018 à Erbil, capitale de la région autonome kurde du nord de l'Irak. (AFP Photo/Safin Hamed)

Les fervents partisans israéliens du président américain Donald Trump ont tendance à le féliciter principalement pour sa politique intransigeante au Moyen Orient : il a renoncé à l’accord nucléaire avec l’Iran, bloqué les résolutions de l’ONU condamnant Israël et même donné à Jérusalem un filet de sécurité politique pour la construction d’implantation.

Cependant, l’annonce, mercredi, du retrait des forces américaines de Syrie constitue l’un des coups les plus durs pour Israël sur le front nord.

En une seule décision, l’administration Trump a abandonné deux alliés : Israël et les Kurdes.

Le ministre des Transports, Yisraël Katz, a déclaré jeudi matin à la radio israélienne que cette décision représentait un coup dur pour les Kurdes, mais que, heureusement, « nous ne sommes pas Kurdes ».

Mais le coup est déjà assez dur.

Le président américain Donald Trump dans le bureau ovale de la Maison Blanche à Washington, DC, le 10 octobre 2018. (SAUL LOEB/AFP)

Les forces américaines opérant dans la région nord-est de la Syrie, en particulier près d’Al-Bukamal, à la frontière irakienne, constituaient un tampon ultime entre l’Iran et la mer Méditerranée.

L’Iran est également présent en Irak et au Liban, bien sûr. Le tampon américain d’Al-Bukamal interrompait la connexion entre les deux.

Le départ des forces américaines préfigure la construction d’une « autoroute » qui offrira une route directe aux Iraniens et aux milices chiites entre Téhéran et Beyrouth. Comme l’a expliqué un diplomate arabe de haut rang au Times of Israel, ce projet permettra au commandant des Gardiens de la révolution iraniens Qassem Soleimani de se rendre directement de Téhéran aux bureaux du dirigeant du Hezbollah Hassan Nasrallah à Dahiya, Beyrouth.

Soleimani n’est qu’un exemple parmi d’autres du danger potentiel inhérent à la décision du président américain, qui fait l’admiration des milieux de droite israéliens. La nouvelle autoroute sera également disponible pour le transport de missiles, d’armes avancées et de milices chiites.

Il est vrai qu’Israël a les moyens de se défendre et agira probablement pour le faire, mais le potentiel de guerre entre Jérusalem et Téhéran ou entre l’Etat juif et les mandataires de la République islamique atteindra de nouveaux niveaux.

Le général de division Yahya Rahim Safavi, commandant en chef des Gardiens de la Révolution islamique (IRGC) d’Iran (à gauche), salue le cheikh Naim Qassem, secrétaire général adjoint du Hezbollah libanais, lors d’une cérémonie religieuse à Téhéran, Iran, le 18 août 2007. (AP Photo/Hasan Sarbakhshian)

Et si quelqu’un s’attend à ce que le président russe Vladimir Poutine fasse quelque chose à ce sujet, il sera déçu.

Au-delà d’Israël, il est impossible d’ignorer l’avenir de la région kurde de Syrie (et en Turquie également). Les États-Unis ont abandonné ceux qui étaient leurs alliés les plus importants dans la guerre contre l’État islamique.

À un moment donné, les Kurdes ont été la seule force qui a réussi à arrêter l’organisation terroriste islamiste.

Après les pertes subies par les armées irakienne et syrienne aux mains du groupe terroriste d’Etat islamique, les forces kurdes du YPG ont enduré des batailles acharnées, combattu jusqu’à leur dernière goutte de sang et réussi à arrêter l’organisation terroriste sur plusieurs fronts (notamment dans la ville syrienne de Kobané).

Il est difficile de trouver des combattants (hommes et femmes) plus héroïques que les Kurdes qui ont agi au nom des droits de l’homme et des droits des femmes. Ce sont des héros, et surtout des héroïnes, qui se sont sacrifiés pour l’humanité.

Trump, qui apparemment, « comprend le Moyen Orient », les abandonne et les trahit, ouvrant la voie non seulement à une présence iranienne dans la région mais aussi à un massacre sans précédent des Kurdes.

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