Erdogan appelle les Palestiniens « à l’unité » après sa rencontre avec Haniyeh et Meshaal
Israel Katz a fustigé la rencontre avec cette "alliance des Frères musulmans" ; le président turc a aussi reçu le ministre égyptien des Affaires étrangères
Le président turc Recep Tayyip Erdogan a appelé samedi les Palestiniens « à l’unité » après sa rencontre à Istanbul avec le chef du groupe terroriste palestinien du Hamas, Ismaïl Haniyeh.
Les deux responsables se sont retrouvés plus de deux heures et demi durant au palais de Dolmabahce, pour leur première rencontre officielle depuis le début de la guerre contre le Hamas, à Gaza, en octobre dernier.
Haniyeh était accompagné notamment de Khaled Meshaal, l’un des principaux dirigeants du groupe terroriste palestinien et, côté turc, le ministre des Affaires étrangères Hakan Fidan et le chef des services de renseignements (Mit) Ibrahim Kalin ont assisté à l’entretien.
Selon les images diffusées par la présidence turque, Erdogan a accueilli avec chaleur ses hôtes terroristes.
Le chef de l’État turc a toujours réfuté ce terme et considère plutôt le Hamas comme un mouvement de « libération »…
« Il est vital que les Palestiniens agissent dans l’unité dans ce processus ; la réponse la plus forte à Israël et le chemin vers la victoire passent par l’unité et l’intégrité », a-t-il déclaré selon un communiqué de la présidence turque publié à l’issue de la réunion.
Après les tensions récentes entre Israël et l’Iran, Erdogan a également souligné « l’importance d’agir de façon à conserver l’attention sur Gaza ».
La visite des responsables du Hamas à Istanbul intervient alors que le Qatar, dont la médiation piétine, dit vouloir « réévaluer » son rôle entre Israël et le groupe terroriste palestinien. Malgré ses liens étroits avec ce dernier, Ankara en a été écarté jusqu’à présent.
Le ministre israélien des Affaires étrangères Israel Katz a fustigé cette rencontre : « Alliance des Frères musulmans : viols, meurtres, profanations de cadavres et des bébés brûlés. Erdogan, honte à toi ! », a-t-il lancé sur X, dans un message en hébreu et en turc.
ברית האחים המוסלמים: אונס, רצח, חילול גופות ושריפת תינוקות.
ארדואן @RTErdogan, תתבייש! pic.twitter.com/e1EqD5fuyt— ישראל כ”ץ Israel Katz (@Israel_katz) April 20, 2024
« Ce sont les autorités israéliennes qui devraient avoir honte. Ils ont massacré près de 35 000 Palestiniens [selon les chiffres publiés par le groupe terroriste et qui sont donc invérifiables], pour la plupart des femmes et des enfants », a de son côté réagi sur X le porte-parole du ministère turc des Affaires étrangères, Öncü Keçeli.
Haniyeh était arrivé vendredi soir à Istanbul, l’un de ses lieux de résidence depuis 2011, où il ne s’est rendu officiellement qu’une seule fois, en janvier, depuis le début de la guerre contre le Hamas.
Il avait alors rencontré le chef de la diplomatie turque avec lequel il s’est encore longuement entretenu mercredi à Doha.
A cette occasion, a rapporté Fidan, les représentants du Hamas lui « ont répété qu’ils acceptent la création d’un État palestinien dans les frontières de 1967 » donc, implicitement l’existence de l’État d’Israël, « et de renoncer à la lutte armée après la création de l’État palestinien ».
« Le Hamas n’aura alors plus besoin d’avoir une branche armée et continuera d’exister en tant que parti politique », avait détaillé Fidan qui s’était dit « heureux de recevoir un tel message ».
Cependant, Sinan Ciddi, chercheur associé à la Fondation pour la défense des démocraties (FDD), à Washington, se montre circonspect et ne prédit à Erdogan qu’un rôle « très limité », aux côtés d’autres médiateurs, en raison du rejet qu’il suscite de la part d’Israël.
« Erdogan ne sera pas le bienvenu », a-t-il affirmé en rappelant que le président turc a comparé Benjamin Netanyahu à « un nazi » et qualifié Israël « d’État terroriste ». « Tout au plus pourrait-il être appelé à passer des messages entre les négociateurs palestiniens et Israël », a-t-il estimé.
Erdogan avait reçu en fin de journée le ministre égyptien des Affaires étrangères, Sameh Choukri.
Il a souligné la nécessité pour les pays musulmans « de travailler ensemble » pour « réduire les tensions entre Israël et l’Iran afin d’éviter que l’ensemble de la région ne sombre dans une spirale de conflit », selon un communiqué de la présidence.
Lors d’un entretien dans la matinée avec Fidan, les deux ministres avaient insisté sur les moyens de faire parvenir l’aide humanitaire à la population de Gaza, soulignant la « gravité » de la situation dans l’enclave.
« Les événements récents [entre Israël et l’Iran, ndlr] ont détourné l’attention de la communauté internationale des conditions tragiques à Gaza », a déploré Choukri.
Fidan a estimé pour sa part que « les autres pays ne devraient pas dire que [la situation] ne concerne que le Moyen-Orient. Tout ce qui concerne la Palestine affecte les lignes de fractures mondiales ».