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Fin de vie : « L’aide active à mourir » inquiète les représentants religieux en France

Une rencontre entre les différents cultes (catholique, protestant, orthodoxe, musulman, juif et bouddhique) doit se tenir pour aborder, entre autres, cette question

Le grand rabbin de France Haïm Korsia au micro de la radio RTL, le 26 février 2020. (Crédit : capture d’écran RTL)
Le grand rabbin de France Haïm Korsia au micro de la radio RTL, le 26 février 2020. (Crédit : capture d’écran RTL)

Une « aide active à mourir » ? Ce serait une « rupture » majeure, alertent plusieurs représentants religieux, face à cette possibilité ouverte, sous conditions, par le conseil consultatif national d’éthique (CCNE) pour les malades incurables en fin de vie.

Tribune d’évêques catholiques, texte conjoint évêque-rabbin… depuis que le CCNE a rendu son avis, il y a une semaine, certains responsables du culte ont fait part de leurs craintes vis-à-vis de cette option, qui serait destinée aux adultes atteints de maladies graves et incurables et dont le pronostic vital est engagé à moyen terme.

Une rencontre entre les différents cultes (catholique, protestant, orthodoxe, musulman, juif et bouddhique) doit d’ailleurs se tenir pour aborder, entre autres, cette question, selon la Fédération protestante de France et le grand rabbin Haïm Korsia. La date n’a pas encore été fixée, elle pourrait avoir lieu « en novembre ».

« Si on n’est pas tous d’accord sur le sujet », « on doit en revanche rappeler ce qui nous est cher et avoir à l’esprit que notre parole est attendue », souligne ce dernier auprès de l’AFP.

D’autant que s’ouvre, dès octobre, une consultation citoyenne, dont les conclusions sont attendues par l’exécutif en 2023.

Les cultes sont d’accord sur le constat – également fait par le CCNE – d’un besoin d’accélérer les efforts en faveur des soins palliatifs.

« Depuis plusieurs décennies, un équilibre s’est progressivement trouvé dans notre pays pour éviter l’acharnement thérapeutique et promouvoir les soins palliatifs », a ainsi écrit le Conseil permanent (sorte d’exécutif) de la Conférence des évêques de France (CEF), qui compte dans ses rangs, outre son président Eric de Moulins-Beaufort, l’archevêque de Paris Laurent Ulrich.

Or, regrettent-ils dans une tribune au Monde vendredi, les soins palliatifs « sont encore absents d’un quart des départements français ».

Le président de la Fédération protestante de France (FPF) Christian Krieger redoute qu’une éventuelle modification de la législation vers l’euthanasie soit motivée notamment par un motif économique, faute d’avoir les moyens de « faire du palliatif » et « d’évaluer ou de faire connaître la loi Claeys-Leonetti », qui encadre depuis 2016 la fin de vie des malades incurables en France.

Cette dernière interdit l’euthanasie et le suicide assisté mais permet une « sédation profonde et continue jusqu’au décès » dans des cas précis.

« Eugénisme »

Pour plusieurs confessions, qui défendent le respect « absolu » de la vie, le passage à l’euthanasie constituerait une « rupture » majeure. « Le CCNE ouvre la voie à la relativisation de l’interdit de tuer » (« Tu ne tueras point »), un interdit pourtant « fondateur pour notre société », juge Pierre D’Ornellas, l’évêque chargé de la bioéthique à la CEF, auditionné par le CCNE, dans une interview lundi à La Croix.

Il s’agirait d’une « rupture anthropologique », « frisant l’eugénisme », abonde le grand rabbin Haïm Korsia, lui aussi auditionné par le CCNE.

À ses yeux, « la loi Claeys-Leonetti suffit largement. Elle donne la possibilité d’éviter la souffrance ». La fracture entre les tenants et les opposants de l’aide active à mourir « n’est pas religieuse », assure-t-il. « Elle est entre ceux qui ont accompagné » des malades et « savent ce que c’est », et « ceux qui ne savent pas ».

Lui aussi auditionné, le chef du service d’anesthésie-réanimation à l’hôpital Avicenne de Bobigny (Seine-Saint-Denis), Sadek Belloucif, met en avant « la différence de nature entre la sédation et l’euthanasie ».

Evoquant un passage du Coran qui souligne que « pour chaque être humain, les actes ne s’évaluent que par l’intention », il précise : « Avec la sédation, j’ai l’intention de soulager le malade et je prévois que cela risque de hâter son décès de quelques heures ou quelques jours. » « L’intention primitive est le soulagement des souffrances, pas le décès », développe celui qui se présente avant tout comme médecin.

Les discussions ne font que commencer.

Nul doute que la question sera évoquée lundi, lors d’un rendez-vous prévu de longue date entre les évêques et l’Elysée.

Pour sa part, la ministre déléguée aux professions de Santé, Agnès Firmin Le Bodo, reçoit, séparément, les représentants des cultes à partir de ce mercredi et la semaine prochaine, ayant « à cœur d’écouter l’ensemble des acteurs » sur le sujet, a-t-on indiqué au ministère.

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