Gal Hirsch n’aurait joué aucun rôle dans les pourparlers – négociateurs
Selon deux responsables étrangers l'envoyé israélien n'a pas joué de rôle dans la libération des quatre premiers otages ; des responsables de la Défense ne le considèrent pas apte
Le nouvel émissaire israélien pour les otages, Gal Hirsch, n’a joué aucun rôle dans les négociations visant à libérer quatre otages israéliens au cours de la semaine écoulée, ont déclaré deux responsables diplomatiques étrangers au Times of Israel.
Cette révélation intervient dans un contexte de critiques croissantes à l’égard de la performance de Hirsch depuis sa nomination par le Premier ministre Benjamin Netanyahu au lendemain de l’assaut du groupe terroriste palestinien du Hamas sur Israël le 7 octobre, au cours duquel plus de 1 400 personnes ont été tuées et au moins 222 autres ont été prises en otage.
Mohammad al-Emadi, l’envoyé du Qatar à Gaza qui s’est également vu confier le portefeuille des otages, a cherché à joindre son nouvel homologue israélien pendant une semaine, mais Hirsch n’a pas répondu, a déclaré l’un des responsables diplomatiques, confirmant un article du journaliste israélien Shlomi Eldar.
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Le Qatar a poursuivi ses efforts pour obtenir la libération de Judith et Natalie Raanan sans l’aide de Hirsch, a déclaré le responsable diplomatique. Il s’est donc dit surpris de voir le bureau de Netanyahu publier une photographie montrant Hirsch entre les deux femmes lors de leur retour en territoire israélien le 20 octobre (voir en haut de cette page).
Certains Israéliens ont critiqué Hirsch pour s’être placé au centre de cette scène, l’accusant de s’être inséré dans une séance photo sans avoir joué un rôle dans la libération des deux femmes.
Lorsque le Hamas a relâché Yocheved Lifshitz et Nurit Cooper le 23 octobre, Hirsch n’a pas été photographié lors de leur accueil à la frontière.
Une semaine auparavant, Hirsch avait choqué un groupe d’ambassadeurs étrangers en organisant une réunion avec eux pour discuter des efforts de libération des otages, réunion qu’il avait utilisée pour leur « faire la leçon » sur l’approche de leurs gouvernements à l’égard du conflit israélo-palestinien, a déclaré l’un des ambassadeurs présents.
« Vos nations, vos gouvernements n’ont cessé de nous presser de leur donner toujours plus alors qu’ils lançaient des roquettes », a crié Hirsch aux ambassadeurs dans un discours que le bureau du Premier ministre a ensuite publié sur YouTube.
« Au lieu de nous demander comment nous pouvons contribuer à la libération des otages, il est venu nous réprimander pour un accord [d’Oslo] signé alors qu’aucun d’entre nous n’était en fonction », a déclaré l’un des ambassadeurs au quotidien Haaretz.
« Il n’y a guère de pays en Europe qui n’essaie pas d’aider à résoudre le problème des personnes enlevées d’une manière ou d’une autre », a déclaré un autre ambassadeur. « Nombre d’entre nous sont en contact permanent avec les familles des personnes enlevées qui possèdent la double nationalité. Nous voulons aider, et nous n’avons pas besoin de leçons politiques. »
La conduite de Hirsch a également suscité des critiques de la part de l’establishment israélien de la Défense, des responsables anonymes ayant déclaré au quotidien Haaretz que Hirsch n’était pas apte à occuper ce poste.
Le haut fonctionnaire diplomatique qui s’est adressé au Times of Israel a déclaré que le Qatar, l’Égypte et les États-Unis préféraient travailler avec l’ancien chef de l’agence de renseignement du Mossad, Yossi Cohen, ainsi qu’avec les généraux (réservistes) Nitzan Alon, Lior Carmeli et Yoav (Poli) Mordechaï, qui géraient le dossier des otages pour Tsahal.
Le responsable diplomatique a déclaré dimanche qu’Israël et le Hamas étaient en négociations avancées par l’intermédiaire de l’Égypte et du Qatar pour que l’organisation terroriste relâche 50 otages supplémentaires.
Les négociations ont progressé avant de se heurter à un obstacle lundi, a déclaré le haut fonctionnaire, confirmant un article du Wall Street Journal, qui rapportait que le Hamas avait commencé à conditionner la libération de 50 binationaux à l’autorisation par Israël de l’entrée de carburant dans Gaza.
Netanyahu et Hirsch avaient prévu de rencontrer les représentants des familles des otages le 16 octobre, après que le Premier ministre a été critiqué pour son manque de contact et que le président américain Joe Biden s’eut déjà entretenu avec les parents des otages américains.
Mais après la réunion, plusieurs des familles présentes ont accusé le bureau de Netanyahu d’avoir invité des alliés politiques qui ne faisaient pas partie de leur campagne organisée à participer à la réunion et à tenter de rallier des soutiens en faveur d’une incursion terrestre à Gaza, qui pourrait mettre en danger les personnes retenues en captivité.
« J’aime ma fille, tout comme vous aimez les membres de votre famille. Mais en fin de compte, nous devons considérer le peuple d’Israël et l’avenir de notre existence ici », ont-ils déclaré, citant apparemment l’allié de Netanyahu.
Le bureau de Netanyahu a ensuite publié un communiqué indiquant que plusieurs personnes que le Premier ministre ne connaissait pas étaient arrivées de manière non coordonnée et s’étaient identifiées comme des parents d’otages israéliens à Gaza.
« Leur demande a été approuvée et ils ont été autorisés à participer à la réunion. Personne au bureau de Netanyahu n’avait connaissance de ces personnes, et l’insinuation selon laquelle elles ont été ‘placées’ dans la réunion est fausse, choquante, scandaleuse et inacceptable », a déclaré le communiqué.
Hirsch, un officier supérieur de Tsahal autrefois prometteur, a démissionné de l’armée à la suite d’une enquête accablante sur sa conduite pendant la Seconde Guerre du Liban en 2006. Il a fait l’objet de vives critiques à la suite de l’enlèvement de deux soldats israéliens à la veille de la guerre dans une zone placée sous son commandement, ainsi que pour son style de leadership pendant la guerre.
En 2015, Gilad Erdan, alors ministre en charge de la police, l’avait proposé comme chef de la police, mais sa candidature avait été rejetée en raison de soupçons d’activités commerciales illicites.
Outre son manque d’expérience diplomatique ou de maîtrise de l’arabe, la nomination de Hirsch a suscité des froncements de sourcils en raison de son appartenance au Likud, le parti de Netanyahu. Le Premier ministre aurait promis à Hirsch une place sur la liste électorale de son parti à la fin de l’année 2022, avant de lui préférer l’ancien chef adjoint du Département des enquêtes internes de la police (PIID), Moshe Saada.
Avec l’accumulation des informations sur Hirsch, l’ONG Mouvement pour un gouvernement de qualité (MGQ) a soumis un appel urgent à Netanyahu, à la procureure générale Gali Baharav-Miara et à la commission de la Fonction publique Daniel Hershkowitz dimanche, leur demandant d’annuler sa nomination en tant qu’émissaire des otages.
גל הירש, ברוך הבא לליכוד ???????????? pic.twitter.com/SrziOXahKr
— Benjamin Netanyahu – בנימין נתניהו (@netanyahu) July 30, 2019
MGQ a souligné l’inculpation en cours de Hirsch pour fraude fiscale et a déclaré qu’il n’avait pas signé d’accord sur les conflits d’intérêts ni obtenu d’habilitation de sécurité, en dépit de la nature sensible du poste.
« Nous craignons que la nomination de Hirsch ne soit due au fait qu’il est un proche associé ayant des liens politiques avec le Premier ministre, et la Cour suprême a abordé à de nombreuses reprises la nature problématique des nominations politiques », peut-on lire dans la lettre.
Craignant que l’expression de leurs griefs à l’égard de Hirsch ne nuise aux efforts déployés pour obtenir la libération de leurs proches, deux des principaux représentants du Forum des familles d’otages et de disparus, récemment créé, se sont abstenus de tout commentaire.
Le porte-parole de Hirsch n’a pas répondu aux demandes répétées de commentaires.
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