Israël en guerre - Jour 468

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AnalyseDeux envoyés, deux stratégies - et Israël largement satisfait

Guterres et Greenblatt avancent sur des chemins divergents vers la paix

A Jérusalem, le chef de l'ONU a adopté un ton conciliant mais épousé des positionnements traditionnels tandis que l'envoyé de Trump reprend les choses à la base pour préparer le terrain de la réconciliation

Raphael Ahren est le correspondant diplomatique du Times of Israël

Le secrétaire général des Nations unies Antonio Guterres, inspecte un tunnel creusé par des terroriste  à la frontière entre Gaza et Israël, le  30 août 2017. (Crédit : Israel UN/Shlomi Amsalem)
Le secrétaire général des Nations unies Antonio Guterres, inspecte un tunnel creusé par des terroriste à la frontière entre Gaza et Israël, le 30 août 2017. (Crédit : Israel UN/Shlomi Amsalem)

Deux hauts dignitaires étrangers se sont rendu cette semaine dans la région, représentant des points de vue très différents sur le conflit israélo-palestinien. Mais ces deux visions restent – relativement parlant – de bonnes nouvelles pour Israël.

Le secrétaire-général des Nations unies Antonio Guterres a mis en avant les positionnements traditionnels adoptés par la communauté internationale en recommandant la « solution à deux états qui mettra un terme à l’occupation ». Le représentant spécial pour les négociations internationales du président américain Donald Trump, Jason Greenblatt, d’un autre côté, a préféré se livrer à un travail de base pour rapprocher les deux parties sur le terrain.

Les deux hommes ont visité un grand nombre de lieux similaires : le bureau du Premier ministre, le complexe présidentiel de Ramallah, le carrefour d’Erez et des habitations d’Israéliens vivant à proximité de la bande de Gaza. Mais malgré des itinéraires semblables, les deux dignitaires – qui se sont brièvement rencontrés lundi à Jérusalem – sont venus avec des objectifs et des stratégies différents.

Guterres a vivement recommandé des initiatives immédiates pour arriver à la paix tandis que Greenblatt a paru désireux d’explorer les moyens de rapprocher les deux sociétés pour préparer le terrain à une réconciliation qui serait préalable à la paix.

https://twitter.com/jdgreenblatt45/status/901926495869960192?ref_src=twsrc%5Etfw&ref_url=https%3A%2F%2Fwww.timesofisrael.com%2Fguterres-and-greenblatt-outline-divergent-paths-to-peacemaking%2F

L’approche du processus de paix de Greenblatt est certainement davantage au goût du gouvernement de droite israélien, mais ce dernier peut également se satisfaire de Guterres, qui est allé aussi loin que possible – au vu de sa position – dans l’expression de sa sympathie pour l’Etat juif.

Plus précisément, il a certainement dit des choses dont les responsables israéliens auraient pu se passer. Il a répété que les activités d’implantation sont « illégales selon les termes de la loi internationale », il a exprimé son soutien à une réconciliation entre le Hamas et le Fatah et il a appelé à mettre un terme au blocage israélien de Gaza, affirmant que la bande vit actuellement une « crise humanitaire dramatique ».

Et pourtant, ces discours et ces positionnements se sont révélés plus positifs que ce que pouvaient attendre les Israéliens d’une organisation créée pour rester « neutre » mais qui est devenue célèbre pour son « bashing » sans relâche de l’Etat juif.

Tandis qu’il a parfois fait part de son désaccord avec le gouvernement israélien, il a déclaré lundi à Jérusalem qu’il restait convaincu de la nécessaire « impartialité » de l’ONU – ce qui signifie qu’Israël ne doit plus être singularisé par des critiques indues – et il a souligné qu’il considérait l’appel à la destruction d’Israël comme « une forme moderne d’antisémitisme ». Il a répété cette idée à plusieurs reprises au cours de la semaine.

Israël a permis de « réaliser les droits et les aspirations nationales des Juifs à travers les générations », a-t-il dit. Jamais un chef des Nations unies ne s’était autant rapproché de la reconnaissance d’Israël en tant qu’Etat juif.

Après sa visite à Nahal Oz, un kibboutz situé sur la frontière avec Gaza, le secrétaire-général a salué les habitants des lieux, frappé par une roquette, qui sont parvenus à faire disparaître « ce qui serait un sentiment naturel de colère », choisissant plutôt d’envoyer « un message extraordinaire de paix et de réconciliation » en offrant d’aider les civils palestiniens dans cette enclave dirigée par le Hamas.

Guterres a recueilli les éloges de Jérusalem et du monde juif en général. L’accueillant à Jérusalem, le Premier ministre Netanyahu a critiqué « l’obsession absurde de l’ONU concernant Israël » mais, en même temps, a salué le nouveau secrétaire-général pour son désir affirmé de « tourner une nouvelle page dans nos relations ».

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu avec le secrétaire général des Nations unies, António Guterres, à Jérusalem, le 28 août 2017. (Crédit : (Amos Ben Gershom/GPO)
Le Premier ministre Benjamin Netanyahu avec le secrétaire général des Nations unies, António Guterres, à Jérusalem, le 28 août 2017. (Crédit : (Amos Ben Gershom/GPO)

Après une rencontre privée, lundi, le président du Conseil israélien des Affaires étrangères Dan Meridor a déclaré qu’il avait trouvé Guterres « impartial ».

L’ADL (Anti-Defamation League) a également salué l’équivalence « significative » faite par Guterres entre antisémitisme et agitations anti-israéliennes. Ces propos, en plus de la reconnaissance des menaces sécuritaires et terroristes auxquelles doivent faire face les Israéliens, « sont le signal important que le secrétaire-général comprend les défis qu’Israël doit affronter dans la région », a indiqué le président du groupe, Jonathan Greenblatt.

Le ton de sympathie inattendu adopté par Guterres en s’adressant aux Israéliens pourrait avoir quelque chose à voir avec les menaces croissantes de l’administration Trump de retirer ses financements des Nations unies si l’organisation devait ne pas renoncer à sa partialité envers Israël.

En substance, toutefois, cette approche n’est pas nouvelle. Le dignitaire a repris exactement les mêmes positions sur Gaza et le processus de paix que celles de ses prédécesseurs. Et c’est là que cette approche diffère fondamentalement de celle de Jason Greenblatt, resté loyal à la politique mise en place par l’administration Trump, qui refuse de souscrire en public à un positionnement en particulier s’agissant du processus de paix.

Lors d’une rencontre avec le Premier ministre de l’Autorité palestinienne organisée mardi, Guterres a ainsi mentionné la solution à deux états à neuf reprises.

L'envoyé pour la paix du président américain Donald Trump, Jason Greenblatt (à gauche), dans un tunnel terroriste du Hamas près de la bande de Gaza avec le coordonnateur des activités gouvernementales dans les territoires (COGAT) Yoav 'Poly' Mordechai le 30 août 2017 (Crédit : Bureau du porte-parole du COGAT)
L’envoyé pour la paix du président américain Donald Trump, Jason Greenblatt (à gauche), dans un tunnel terroriste du Hamas près de la bande de Gaza avec le coordonnateur des activités gouvernementales dans les territoires (COGAT) Yoav ‘Poly’ Mordechai le 30 août 2017 (Crédit : Bureau du porte-parole du COGAT)

Greenblatt, pour sa part, n’a jamais souscrit publiquement à la notion de deux états pour deux peuples. Plutôt que de se prononcer au niveau politique, l’envoyé de Trump a rencontré des responsables et des leaders de la société civile des deux parties et a continué son effort de renforcement de projets de coexistence entre Israéliens et Palestiniens.

Il a visité deux points de passage frontaliers avec Gaza – où il a rencontré des hommes d’affaires palestiniens, visité un tunnel terroriste du Hamas et participé à des négociations israélo-palestiniennes pourtant sur un autre accord d’achat d’électricité.

A l’hôpital Ziv de Safed, il s’est dit « extrêmement impressionné » par l’aide israélienne apportée à des milliers de réfugiés syriens. « C’est le genre d’histoire d’Israël que le monde a besoin d’entendre et des récits tels que celui-là montrent combien la paix dans la région peut-être possible », a -t-il estimé.

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Greenblatt s’est également rendu au carrefour de Jalameh (Gilboa), dans le nord de la Cisjordanie, pour en savoir davantage sur la coopération économique et sécuritaire entre Israël et les Palestiniens et sur l’initiative régionale prise par le ministre des Transports d’étendre les lignes ferroviaires pour connecter les Israéliens et les Palestiniens à la Jordanie, à l’Arabie saoudite et aux Etats du Golfe.

Greenblatt est allé à Rawabi — la première ville construite pour les Palestiniens de Cisjordanie – et y a rencontré des universitaires palestiniens pour « évoquer le rôle de l’enseignement supérieur dans la croissance économique et pour une société civile plus forte » et des Gazaouis.

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Greenblatt a également pris le temps de s’arrêter à un entraînement de football dans un club réunissant Arabes et Juifs à Mevasseret Zion, dans la banlieue de Jérusalem. « Il est très important d’affronter le racisme, de combattre la discrimination, et des programmes comme celui-là me donnent plein d’énergie. Je pense qu’ils sont importants pour ce que nous tentons de réaliser en terme de paix », a-t-il commenté. « Pour moi, un accord de paix ne réussira pas du jour au lendemain, avant que les sociétés ne se reconnectent. Et c’est un exemple parfait de sociétés qui se connectent entre elles », a-t-il dit en évoquant l’équipe.

Ce qui résume bien la stratégie de Greenblatt. Parallèlement aux entretiens avec les leaders politiques à Ramallah et à Jérusalem, il tente de voir ce qui peut aider l’avancée du processus au sein de la société civile.

Soucieux de ne pas compromettre sa réputation de négociateur honnête, l’envoyé de Trump s’est efforcé de tenir des propos aimables envers les Israéliens comme envers les Palestiniens, même si les éloges qu’il a fait aux Israéliens qu’il a pu rencontrer ont été plus chaleureux.

Plus important toutefois, sa visite, cette semaine, a souligné une fois encore que l’administration américaine, tout en souhaitant réaliser l’accord ultime, hésite toujours à imposer des politiques à Jérusalem. Il apparaît plutôt que la Maison Blanche a compris que toute tentative visant à relancer des négociations de paix doit être renforcée par des démarches qui sauront alimenter la réconciliation et la coexistence.

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