Iran : le port Shahid Rajaï, infrastructure commerciale stratégique du pays
Le guide suprême iranien, l'ayatollah Ali Khamenei, a ordonné l'ouverture d'une enquête sur l'incident, afin de déterminer si le drame a été causé par une "négligence" ou s'il était "intentionnel"

« Des manquements et de la négligence » sont à l’origine de l’explosion qui a dévasté le plus grand port commercial d’Iran, faisant au moins 70 morts selon un bilan qui ne cesse de s’alourdir, a pointé lundi le ministre iranien de l’Intérieur.
Plus de 48 heures après la catastrophe, le gigantesque incendie semble être en passe d’être éteint par les pompiers : « Les opérations de lutte contre l’incendie sont presque terminées », a déclaré Mehrdad Hassanzadeh, directeur de la gestion de crises pour la province de Hormozgan, à la télévision d’Etat, lundi dans la soirée.
Mais « le bilan est monté à 70 morts », a-t-il précisé.
Le guide suprême iranien, l’ayatollah Ali Khamenei, a ordonné l’ouverture d’une enquête sur l’incident, afin de déterminer si le drame a été causé par une « négligence » ou s’il était « intentionnel ».
Les autorités ont indiqué que plus d’un millier de personnes avaient été blessées. La plupart d’entre elles ont quitté l’hôpital après avoir y été soignées, a dit M. Hassanzadeh.
Seuls « 120 blessés sont encore hospitalisés », a déclaré pour sa part le ministre de l’intérieur, Eskandar Momeni, en visite dans la région.
« Certains coupables ont été identifiés et convoqués (…). Il y a eu des manquements, notamment le non-respect des mesures de sécurité et la négligence », a-t-il ajouté.
Le ministère de la Santé a appelé les quelque 650.000 habitants de la ville à rester chez eux « jusqu’à nouvel ordre » en raison de possibles fumées toxiques. Un appel aux dons de sang a été lancé pour les blessés.
Port stratégique
Le port Shahid Rajaï, situé à environ un millier de kilomètres au sud de Téhéran, est en périphérie de la ville de Bandar Abbas au bord du détroit d’Ormuz, une voie navigable par laquelle transite un cinquième de la production mondiale de pétrole.

Considéré comme le plus grand port commercial d’Iran, ce terminal dispose de nombreux entrepôts répartis sur une superficie de 2 400 hectares, l’équivalent d’environ 3 400 terrains de football.
La moitié du commerce iranien transite par ce site ainsi que 85 à 90 % des conteneurs du pays, selon les médias locaux.
Avec le port voisin de Shahid Bahonar, Shahid Rajaï est une infrastructure stratégique de Bandar Abbas, qui compte environ 650 000 habitants et est une importante destination touristique. La principale base de la marine iranienne y a son siège.
Des projets d’agrandissement du port sont en cours depuis des années, notamment la construction d’un silo à grains et de nouveaux ports de pêche.
Les autorités ont signé le mois dernier un accord pour la construction de réservoirs de pétrole d’une capacité de 80 000 mètres cubes, selon l’agence de presse Mehr.

Des précédents
La zone a par le passé été le théâtre d’incidents.
En mars 2024, un incendie dans la raffinerie de pétrole d’Aftab, près de Bandar Abbas, avait fait un mort et deux blessés lors de travaux de réparation.
En mai 2020, le port Shahid Rajaï avait été visé par une cyber-attaque qui avait paralysé les systèmes logistiques et interrompu le trafic maritime, selon le Washington Post.
L’opération avait été menée par des « agents israéliens » avait assuré le quotidien américain. Les autorités iraniennes n’ont jamais confirmé.
Israël mène depuis des années une guerre de l’ombre contre l’Iran, son ennemi juré, pour contrer son influence régionale.