Iran : polémique après une rencontre de la fille Rafsandjani avec des Bahaïs
La communauté bahaïe, dont le siège se trouve à Haïfa, est considérée comme une hérésie et ses adeptes traités d'infidèles en République islamique
La rencontre entre Faezeh Hachemi, la fille de l’ex-président Akbar Hachemi Rafsandjani (1989-1997), avec une dirigeante des Bahaïs, considérés comme des « infidèles » en Iran, provoque la polémique.
Faezeh Hachemi a récemment rencontré Fariba Kamalabadi, une des chefs de la communauté bahaïe, qui bénéficiait d’une autorisation de sortie de prison pour 5 jours, selon les médias iraniens.
Une photo de la rencontre a été publiée sur les réseaux sociaux où l’on voit Mme Hachemi, voilée, assise à côté de Mme Kamalabadi et d’autres femmes bahaïes non voilées.
Fondé au 19e siècle en Iran, le bahaïsme est considéré en République islamique comme une hérésie et ses adeptes, traités comme des « infidèles », sont régulièrement persécutés et accusés d’espionnage pour Israël, leur siège mondial se trouvant à Haïfa.
Les Bahaïs revendiquent 300 000 adeptes en Iran et plusieurs millions à travers le monde.
Mme Kamalabadi avait été arrêtée il y a huit ans avec six autres dirigeants de la communauté bahaïe, condamnés à 20 ans de prison, notamment pour « espionnage ».
Les milieux conservateurs se sont emparés de l’affaire pour dénoncer Mme Hachemi et critiquer l’ex-président modéré Rafsandjani. Des responsables réformateurs ont également critiqué la rencontre.
M. Rafsandjani lui-même a reconnu que sa fille avait « commis une erreur qui doit être réparée », selon les médias. « La secte bahaïe a été créée par les colonialistes. C’est une secte déviante (…) que nous désavouons et l’avons toujours fait », a ajouté M. Rafsandjani.
Mais Mme Hachemi a maintenu sa position en expliquant, dans un entretien à la chaîne Euronews en persan, qu’elle n’avait fait que rendre visite à « une amie ». « C’était une rencontre normale et anodine. J’ai simplement rendu visite à une amie, c’est tout », a-t-elle dit.
Elle a expliqué avoir rencontré Mme Kamalabadi lorsqu’elle était elle-même en prison en 2012 pour « propagande contre le régime ».
Le grand ayatollah Nasser Makarem Shirazi a réagi avec virulence en affirmant lundi que cet acte « peut et doit être poursuivi par la justice », selon les médias iraniens.
Des commerçants du bazar, piliers du régime, ont par ailleurs lancé une pétition pour demander au procureur de Téhéran de prendre des mesures contre Faezeh Hachemi, a rapporté l’agence Fars.
Cette polémique intervient alors que Washington a appelé samedi Téhéran à libérer les sept leaders de la minorité religieuse bahaïe.
John Kirby, porte-parole du département d’Etat a également demandé à Téhéran de « garantir la liberté d’expression, de religion, d’opinion et d’assemblée pour tous les citoyens ».