Israël dénonce The Guardian qui accuse le pays de « tuer impunément »
Pour le ministère des Affaires étrangères, l'édito paru dans le quotidien britannique est une manœuvre de "moralisation à bas prix" qui ignore les violences palestiniennes
Raphael Ahren est le correspondant diplomatique du Times of Israël
Jérusalem a accusé mercredi The Guardian de « moralisation à bas prix » et de déformation volontaire des faits après que le journal britannique a accusé l’Etat juif de tuer – sans scrupules – des émeutiers palestiniens à la frontière avec la bande de Gaza.
Dans un éditorial paru mardi, le journal basé à Londres déplore qu’en 2018, les soldats israéliens ont impunément tué des civils non-armés qui « ne posaient de danger à quiconque ».
Répondant au papier, intitulé « le point de vue du Guardian sur la démocratie israélienne : tuer impunément, mentir sans conséquences ? », le porte-parole du ministère des Affaires étrangères Emmanuel Nahshon n’a pas mâché ses mots.
« Le Guardian a décidé de procéder à un exercice de moralisation à bas prix en ignorant délibérément le terrorisme et la violence des Palestiniens », a-t-il déclaré au Times of Israel.
« The Guardian sait très bien que la bande de Gaza a été transformée par le Hamas en plate-forme de lancement de roquettes et d’attaques violentes qui mettent quotidiennement en péril les civils israéliens, mais il préfère ignorer cette réalité – qui le priverait du plaisir pervers d’attaquer Israël ».
Dans une pique à peine voilée lancée à l’attention du président du parti du Labour, Jeremy Corbyn, Nahshon a ajouté : « On peut présumer que les antisémites de gauche au Royaume-Uni se réjouiront grandement de cet éditorial ».
Corbyn, qui est un critique fervent d’Israël, ainsi que certaines parties du Labour sont régulièrement accusés d’antisémitisme.
.@guardian in typical cheap and false moralizing, deliberately ignoring the realities of #Hamas terror from #Gaza and Palestinian refusal to return to negotiations. One can only assume that left wing antisemites in the UK will be very happy with this editorial. Nasty hypocrisy ???? pic.twitter.com/63OSAxajJg
— Emmanuel Nahshon ????️ (@EmmanuelNahshon) January 23, 2019
L’article du Guardian semble accepter la version palestinienne de « la marche du retour », une série de manifestations dans la bande de Gaza encouragée par l’organisation terroriste du Hamas qui gouverne la zone et a juré de détruire Israël.
Dans sa toute première phrase, par exemple, l’éditorial affirme que les Palestiniens tués par Israël à la frontière protestaient pour rappeler « leur droit à retourner dans le foyer de leurs ancêtres », ignorant que certains organisateurs du mouvement de protestation n’avaient pas tu leur volonté de prendre d’assaut les villes israéliennes et de tuer des civils. Il ne dit pas non plus que le « droit au retour » – réclamé par les dirigeants palestiniens au nom des quelque cinq millions de descendants des réfugiés d’origine – marquerait la fin d’Israël en tant qu’Etat juif. (Israël affirme que les dizaines de milliers de réfugiés de ce qui est aujourd’hui devenu Israël et leurs descendants deviendraient les citoyens d’un Etat palestinien dans le cadre d’un accord de paix permanent, tout comme Israël a intégré des centaines de milliers de réfugiés juifs venus du Moyen-Orient et d’Afrique du nord dans les premières années d’existence de l’Etat).
« La majorité des personnes décédées ne représentaient pas un danger pour qui que ce soit, ils ne portaient pas grand-chose de plus que des pierres à la main et des slogans aux lèvres », poursuit l’éditorial.
« Et pourtant, Israël a continué à mettre en place une politique immorale et injuste qui permet aux soldats de son armée – sous contrôle civil démocratique – de tirer, de gazer, de frapper et de tuer des manifestants, notamment des gens qui ne représentaient aucune menace crédible ».
L’article continue en accusant Israël de « mépris flagrant pour les vies des Gazaouis », ajoutant qu’il existe « un manque de sens des responsabilités » qui aura des implications négatives pour l’Etat juif lui-même.
« Si on peut tuer impunément alors est-il facile de mentir sans conséquence ? », écrit l’auteur qui conserve l’anonymat.
Depuis la fin du mois de mars 2018, les Palestiniens, à Gaza, ont pris part à des manifestations hebdomadaires violentes, qui impliquent des jets de pierre et de bombes artisanales en direction des forces de sécurité dans la zone frontalière séparant Israël de l’enclave côtière.
Au début du mois, un rapport émis par le groupe pacifiste israélien B’Tselem a révélé que les forces armées israéliennes avaient tué 190 Palestiniens qui participaient au mouvement de protestation, dont la majorité était « non-armée et ne posait de danger à quiconque ».
Depuis le début des manifestations, les soldats ont tué de nombreux Palestiniens qui s’étaient approchés de la clôture de sécurité qui sépare Israël et la bande.
Les responsables de la sécurité israéliens ont appelé de manière – répétée – les Palestiniens de Gaza à se tenir à distance de la frontière.
Le Hamas a reconnu que des dizaines de ces morts faisaient partie de ses rangs, notamment 50 combattants sur les 62 personnes tuées au cours des quarante-huit heures de manifestations qui avaient suivi l’inauguration de l’ambassade américaine à Jérusalem, au mois de mai dernier.
Les responsables israéliens assurent n’employer la force qu’en cas d’absolue nécessité et prendre de grandes précautions pour empêcher la mort de civils palestiniens. Ils ont toutefois reconnu avoir parfois fait des erreurs.
Adam Rasgon a contribué à cet article.