Israël extrade de plus en plus de citoyens vers la France
Si la demande française au sujet de l'extradition du présumé escroc Fabrice Sakoun aboutit, celui-ci ne serait pas le premier à être extradé depuis Israël vers la France
La justice française a annoncé ce mardi le démantèlement d’une importante escroquerie aux faux placements en bitcoins, diamants ou or, qui a fait 85 victimes en France et en Belgique, pour un préjudice de 6 millions d’euros.
Fabrice Sakoun, Franco-Israélien de 46 ans, en serait le principal instigateur. Ces prochains mois, Israël pourrait accepter l’extradition de l’homme vers la France, qui l’avait déjà condamné en 2011 à Paris à cinq ans de prison pour escroquerie en bande organisée dans le cadre de l’arnaque à la taxe carbone.
Si la demande française aboutit, l’escroc ne serait pas le premier à être extradé depuis Israël vers la France. Mardi dernier, le tribunal de district de Jérusalem a autorisé l’extradition d’un criminel sexuel qui s’était réfugié en Israël pour échapper à la justice française, a rapporté Le Parisien. En décembre, l’extradition d’un père de famille des Hauts-de-Seine qui a soutiré à sa femme la garde des enfants a également été autorisée.
« Malgré l’atteinte à la liberté individuelle, la loi autorise l’extradition parce qu’Israël est déterminé à aider la lutte internationale contre la criminalité, et également parce qu’elle ne souhaite pas être un refuge pour les criminels », avait expliqué le tribunal de Jérusalem concernant cette affaire.
En 2019, quatre Français ont été extradés d’Israël vers la France, parmi eux Stéphane Alzraa et Mickael Aknin, principaux suspects dans l’affaire de la taxe carbone.
En 2018, un seul individu avait été extradé.
Si les deux pays sont tous deux signataires de la convention européenne d’entraide, permettant de mettre en place des règles concernant l’extradition, celle-ci est loin d’être garantie. Si les deux pays peuvent légitimement formuler des demandes, ils n’ont pas passé de traité d’extradition.
Ainsi, la France a pour politique de ne pas extrader ses ressortissants : c’est ainsi que les chauffards Éric Robic, Français, et Claude Khayat, Franco-Israélien, qui avaient renversé la jeune Israélienne Lee Zeitouni en septembre 2011 à Tel Aviv n’ont jamais été jugés en Israël, mais en France, provoquant des tensions diplomatiques entre les deux pays.
Mais le principe de bonne volonté prévaut généralement : « De manière générale, en terme d’extradition, il n’y a pas de contraintes hormis la pression diplomatique », expliquait en juin dernier Me Anthony Bem, avocat au barreau de Paris, qui répondait à une question de BFMTV sur une possible extradition du hacker Grégory Chelli d’Israël vers la France. « En tant que Français, Israël pourrait l’extrader, mais en tant qu’Israélien, et comme la France n’extrade pas ses ressortissants, Israël pourrait refuser », ajoutait-il.
La fuite de criminels français en Israël est particulièrement mal vue des autorités et des Franco-Israéliens qui ont effectué leur alyah en toute sincérité ou pour des raisons légitimes. Les individus arrivant en Israël pour y mener des activités criminelles sont eux aussi particulièrement méprisés. Les autorités israéliennes n’ont ainsi pas de remords à accéder à certaines demandes d’extradition, de crainte qu’Israël soit vu ou utilisé comme un refuge pour criminels.
Interrogé par Le Parisien, le porte-parole de l’ambassade d’Israël en France explique que « depuis trois ans, [les] services s’entraident en temps réel sur les enquêtes ».
« Nous mettons nos techniques d’investigations au service des enquêteurs français. Ces enquêtes communes contribuent au nombre croissant d’extraditions », explique-t-il.