Israël refuse de prolonger le visa d’un journaliste hollandais qui critique Israël
Le bureau de presse du gouvernement israélien a annoncé qu’il avait refusé d’accorder l’autorisation de travail à Derk Walters en raison d’un vice de forme et non pas en raison du contenu des articles

En citant un vice de forme administratif, les autorités israéliennes ont refusé de prolonger le visa de travail d’un journaliste basé à Jérusalem d’un quotidien hollandais très critique envers l’Etat juif.
Derk Walters, qui est le correspondant principal du quotidien NRC Handelsblad en Israël et auprès de l’Autorité palestinienne depuis 2014, a épuisé les voies de recours pour prolonger son visa et doit quitter le pays en juillet, a annoncé mardi le quotidien.
Pour expliquer le refus, le bureau de presse du gouvernement israélien a déclaré au NRC qu’il avait appris que le rédacteur en chef du NRC est également son directeur général. Cette affirmation, que le NRC réfute, signifie que le NRC ne respecte pas les règles d’accréditation du bureau de presse du gouvernement, avait expliqué Nitzan Chen du bureau de presse du gouvernement au NRC en septembre.
Dans un article rédigé par Peter Vandermeersch, le rédacteur en chef du quotidien, et publié mardi, il a affirmé que le bureau de presse du gouvernement avait transformé cette extension de visa une question bureaucratique pour faire taire les rapports critiques de Walters sur le gouvernement israélien et les forces de sécurité.
Le refus d’étendre un visa de travail de Walters est « une tentative par Israël d’empêcher une couverture gratuite et critique sur le pays », a affirmé Vandermeersch. Il a ajouté qu’Herman Loonstein, un avocat juif et pro-israélien d’Amsterdam, a écrit au bureau de presse du gouvernement, les informant que Vandermeersch occupait le poste de « rédacteur en chef et directeur général », ce qui est interdit pour une organisation médiatique opérant en Israël.
Le NRC a nié cette affirmation et a signalé qu’en fait, Vandermeersch est membre du conseil d’administration et que « ce n’est pas inhabituel dans une organisation médiatique ».
Les membres de la presse étrangère ont dénoncé l’interdiction de travailler imposer à leur collègue avec des messages publiés sur les réseaux sociaux.
Bad new from Israel on #WPF2017: authorities refuse credentials of @DerkWalters for alleged ‘activism’ https://t.co/CsZWfdQp6L
via @nrc pic.twitter.com/e8IcnqYdkU— Jan Kooy (@KooyJan) 3 mai 2017
Le bureau du gouvernement israélien a déclaré au JTA qu’il s’agissait d’un « mensonge absolu » d’affirmer que Walters n’avait pas obtenu le visa en raison de ses reportages anti-israéliens. Il a affirmé que les recommandations pour accorder les visas de travail et les cartes de presse ne sont jamais basées sur le contenu journalistique.
En se référant à la question de la validité du NRC pour obtenir l’accréditation, le bureau de presse a ajouté que le NRC a refusé de se conformer à une demande de clarification sur « un écart substantiel par rapport aux faits et à l’éthique universelle du journaliste ».
Après avoir autorisé Walters à travailler illégalement sans visa pendant des mois puis en lui accordant une prolongation de trois mois, a ajouté le GPO, il a informé le journal qu’aucune prolongation supplémentaire ne serait accordée.
« L’Etat d’Israël en général et le Bureau de presse du gouvernement en particulier défendent la liberté d’expression et la liberté de la presse. Le bureau de presse fait tout ce qui est en son pouvoir pour accueillir les médias en Israël à tous égards », a déclaré le bureau de presse du gouvernement dans un communiqué.
Le bureau de presse a déclaré que le visa de Walters n’avait pas été renouvelé en raison de sa violation intentionnelle de l’exigence légale en vertu de laquelle il avait obtenu un visa. Il a déclaré que le NRC avait le temps « d’envoyer un journaliste remplaçant qui recevrait des permis en vertu de la loi ».
« M. Derk Walters a violé la loi israélienne en travaillant sans permis depuis des mois », a déclaré le communiqué. « Selon la position du NRC, il l’a fait intentionnellement et non par négligence ».
Interrogé par téléphone pour savoir si Walters pourrait pratiquer le journalisme en Israël dans le futur, une porte-parole du bureau de presse a déclaré qu’elle ne pouvait pas le prédire.
Le NRC et surtout Walters ont fait l’objet de nombreuses plaintes de groupes pro-israéliens et, selon le quotidien, également du Bureau de presse du gouvernement.
En janvier, le journal a refusé de corriger une affirmation dans l’un des articles de Walters qui a déclaré qu’en 1948, « presque tous les Arabes ont été chassés de Haifa ». Des combattants juifs ont tiré plusieurs obus de mortier dans des quartiers dans la ville portuaire en avril 1948 pendant les combats entre les milices arabes et juives pour obtenir le contrôle de la ville. Cependant, le maire Shabtai Levi avait demandé aux Arabes locaux de ne pas partir, en promettant de les garder en sécurité.
Walters et son journal ont également refusé de corriger une citation inexacte attribuée à David Friedman, l’ambassadeur des États-Unis en Israël. NRC a repris des propos de Friedman en les réinterprétant : « les juifs libéraux sont pires que les collaborateurs nazis ». En réalité, il a écrit que « les partisans de J Street » sont « bien pires que les kapos ».

J Street est un groupe israélien juif pacifiste. Les Kapos étaient des Juifs contraints par les nazis de contrôler d’autres Juifs dans les camps et les ghettos.
En 2016, un article de Walters sur Hebron affirmait que les soldats israéliens « ont abattu cinq Palestiniens » dans la ville sans mentionner les précisions de l’armée israélienne selon lesquelles les Palestiniens en question ont été abattus pendant qu’ils essayaient de poignarder ses Israéliens. Le NRC a refusé de corriger son article.
En 2011, l’un des éditeurs de NRC Handelsblad, Hans Mol, qui a travaillé dans le journal pendant 23 ans avant de prendre sa retraite, a publié un livre intitulé « Comment la nuance a disparu d’un article de qualité : le NRC Handelbald prend une position anti-israélienne ». Le bureau de presse du gouvernement accusait le NRC de poursuivre une ligne éditoriale sur Israël qui « ne respecte pas les normes journalistiques de base ».
Rejetant les appels à repenser sa couverture d’Israël suite à la publication du livre, les représentants du NRC Handelsblad ont rejeté le livre en affirmant que le livre avait écrit par un ancien employé mécontent.