Jean-Raphaël Hirsh, plus jeune résistant de France, est décédé
Résistant dès l'âge de 9 ans, Jean-Raphaël Hirsh a été inhumé aujourd’hui à 11h au cimetière du Montparnasse
Jean-Raphaël Hirsh, plus jeune résistant de France, qui fut vice-président des des « Enfants cachés », président de la commission « Solidarité » de la Fondation pour la mémoire de la Shoah et ancien président de Yad VaShem France est décédé le 12 septembre 2016.
Né à Paris le 6 septembre 1933, Jean-Raphaël est le fils de Sigismond Hirsh, originaire de Roumanie, et de sa femme Berthe.
Jean-Raphaël Hirsh n’a pas encore 10 ans quand il rejoint la zone libre seul en 1942, sur le moteur d’une locomotive. A Moissac (Tarn-et-Garonne), son père Sigismond est engagé dans la résistance, ou il y joue un rôle important. C’est ainsi que son fils s’implique dans la résistance, en lui servant d’agent de liaison. Il est chargé, entre autre, d’apporter des documents aux résistants et juifs qui se cachent dans la région.
Sigismond Hirsh, avec l’aide de son fils et des réseaux de la région, a aidé 400 juifs à se cacher et à éviter ainsi la déportation. Mais en octobre 1943, les parents Hirsh sont dénoncés et arrêtés par la Gestapo. Ils seront transférés à Drancy puis à Auschwitz.
Jean-Raphaël se retrouve alors sans ses parents. Il est caché par son oncle et sa tante puis envoyé chez le docteur Jean Daniel dans les Bouches-du-Rhône. Ce résistant sera reconnu Juste Parmi les Nations en 1989.
Aux côtés du docteur Jean Daniel, le jeune Jean-Raphaël continue à aider les réseaux de résistance locaux. Il sert une nouvelle fois d’agent de liaison pour apporter des médicaments aux résistants. Il aide également Jean Daniel à soigner les maquisards.
A la fin de la guerre, il rejoint son oncle et sa tante. Son père est le seul de ses parents à avoir survécu à Auschwitz. Sa mère a été gazée dès son arrivée au camp en 1943.
Après la guerre, Sigismond devient le premier directeur général de la Sécurité sociale. De son côté, Jean-Raphaël débute des études de médecine. Il deviendra chirurgien des hôpitaux.
En marge de sa carrière médicale, Jean-Raphaël Hirsh a également écrit sur le traumatisme des enfants cachés et de la période post-Auschwitz.
Son ouvrage Réveille-toi papa, c’est fini ! illustre la difficulté des survivants à continuer leur vie après la guerre. A travers son expérience personnelle, il aborde la Seconde Guerre mondiale, la résistance et la Shoah avec une conclusion effrayante, « on ne guérit pas de la Shoah ».
Boris Cyrulnik, enfant caché et psychiatre, rendait hommage dans la préface de Réveille-toi papa, c’est fini !, qui a reçu le prix Mizo 2015, à la personnalité hors du commun de Jean-Raphaël. « Je me suis longtemps demandé comment un enfant pouvait être condamné à mort pendant plusieurs années, traverser la guerre en participant à la résistance, perdre une grande partie de sa famille et se remettre à vivre tant bien que mal, jusqu’au moment où Jean-Raphaël Hirsch, devenu chirurgien, a refait une famille, sans transmettre l’horreur de la Shoah. J’ai connu le même chemin, nous sommes frères d’âmes, mais je ne suis pas un aussi bon exemple de résilience que lui. Avec Jean-Raphaël Hirsch, on respire l’amitié et la joie de vivre. Le bonheur est contagieux », écrit-il.
Jean-Raphaël était devenu également une personnalité de premier plan de la communauté juive francophone.
« Nous sommes profondément affectés par son décès. Notre pays, qui a tant besoin aujourd’hui de voix fortes et sereines, d’hommes et femmes exemplaires, perd en lui un exemple de courage, de détermination, de force morale, un homme qui sut vivre la résilience, cette capacité de rebondir après une catastrophe, la Catastrophe, tel le cerf (der Hirsch, en allemand), emblème d’une des 12 tribus d’Israël, et de surmonter cette douleur, cette blessure que fut la Shoah », a déclaré Jean-François Bensahel, président de l’ULIF-Copernic.
Jean-Raphaël Hirsh a été inhumé aujourd’hui à 11h au cimetière du Montparnasse à Paris.