Jordanie: un millier de manifestants pour réclamer des réformes économiques
Les manifestants dénonçaient aussi un projet de loi durcissant la législation sur la cyber-criminalité
Un millier de personnes ont manifesté jeudi à Amman pour protester contre une loi fiscale adoptée en novembre dans le cadre d’une série de mesures d’austérité visant à réduire la dette publique en échange d’un prêt de plusieurs centaines de millions d’euros du FMI.
Les manifestants se sont rassemblés à proximité du siège de la primature au milieu d’un dispositif de sécurité renforcé pour dénoncer une loi fiscale qui apportait peu de changements au texte initial ayant entraîné de nombreuses manifestations en juin et provoqué la chute du gouvernement.
Les manifestants dénonçaient également un projet de loi durcissant la législation sur la cybercriminalité.
« A bas la loi sur l’impôt » ou « museler est du terrorisme », pouvait-on lire sur des pancartes arborées par des manifestants.
D’autres scandaient des slogans en faveur « des réformes et du changement » ou clamaient : « Nous voulons un gouvernement de patriotes non pas une bande de voleurs ».
Des manifestations moins importantes ont eu lieu au cours des deux dernières semaines, des sites d’information jordaniens faisant état de la détention de 24 activistes en lien avec ces protestations.
Des slogans appelant à la libération des manifestants détenus ont été entendus jeudi parmi les protestataires, comme « liberté aux hommes libres, liberté aux hommes libres ».
Les agissements « hors du cadre de la loi ne seront pas tolérés », a prévenu jeudi au cours de sa conférence de presse la porte-parole du gouvernement, Joumana Ghneimat, tout en affirmant que les autorités étaient en faveur du dialogue.
Mardi, le Premier ministre Omar Razzaz a reçu un groupe de jeunes activistes venus faire part des revendications des manifestants.
Le Parlement a approuvé le 18 novembre un projet amendé d’une loi fiscale qui avait entraîné une vague de protestations au printemps. Les manifestations avaient poussé le Premier ministre à démissionner et les autorités à retirer le projet de loi initial.
Celui-ci prévoyait une augmentation d’au moins 5% des impôts sur les salariés et entre 20 et 40% sur les entreprises, des dispositions qui n’ont pas changé dans la version du texte amendée.
Le Parlement a néanmoins augmenté pour 2019 le seuil d’exonération des revenus des ménages à 20 000 dinars jordaniens (24 700 euros). Le plafond était avant de 18 000 dinars.
Un autre amendement à la loi introduit des exemptions jusqu’à 2 000 dinars par famille pour les dépenses de base comme l’éducation et la santé, et de 1 000 dinars par personne, « applicables à la réception de reçus ».
Dépourvue de ressources naturelles et très dépendante d’aides étrangères, la Jordanie est confrontée à une situation économique difficile, tandis que 18,5% de la population est au chômage et 20% vit à la limite du seuil de pauvreté.