La députée Likud, Miri Regev, suscite la controverse dans son propre parti
L'élue a notamment affirmé que "l'ADN blanc" dirigeait sa formation politique et qu'Israël était contrôlé par "l'élite occidentale"
L’ex-ministre du Likud Miri Regev a été vivement critiquée par les autres législateurs de son parti après avoir dénoncé ce qu’elle a appelé « l’ADN blanc » des responsables de sa formation.
Au cours d’un entretien accordé au le quotidien Yedioth Ahronoth qui a été publié vendredi, Regev – qui a évoqué ses espoirs de devenir un jour Première ministre – a noté que de nombreux rôles déterminants, au sein de l’État juif, n’avaient jamais été occupés par des Juifs mizrahis (ou « orientaux ») depuis la fondation du pays, il y a 73 ans, et ce, malgré l’appartenance à cette communauté de la majorité des membres du Likud.
La plus grande partie des responsables de premier rang du Likud, qui sont choisis lors de primaires, sont d’origine ashkénaze (européenne) comme cela a également été le cas de tous les dirigeants de la formation.
« Si les membres du Likud continuent à élire des dirigeants dont l’ADN est blanc, un autre Likud va émerger. Un réel Likud mizrahi qui accordera aux Juifs mizrahis une voix qui ne s’est pas faite entendre pendant des années », a-t-elle confié au Yedioth Ahronoth.
Doublant la mise devant les caméras de la Treizième chaîne, samedi, elle a expliqué qu’il « y a une élite occidentale ici qui, dans les faits, contrôle tous les centres de pouvoir… Il est inacceptable qu’après 73 ans d’existence d’Israël, il n’y ait pas de Juif mizrahi, homme ou femme, au poste de Premier ministre et qu’il n’y ait pas de Juif mizrahi, homme ou femme, à la tête de la Cour suprême », a-t-elle dit.
« Je pense que quand Bibi Netanyahu s’en ira, les membres du Likud devront entamer une introspection », a-t-elle confié au journal. « Nous avons des personnalités mizrahies excellentes, bonnes, de grande qualité, qui sont en mesure d’accompagner le Likud dans son évolution », a-t-elle continué.
Mais de nombreux députés du Likud se sont insurgés suite à ces propos. Certains ont accusé la députée de vouloir prendre la place de Netanyahu maintenant que le parti n’est plus au pouvoir.
« Ceux qui disent : ‘Je me présenterai à la tête du Likud quand Netanyahu partira’ souhaitent probablement secrètement que ce jour arrive et prennent peut-être des initiatives pour faire en sorte qu’il arrive – ouvertement ou discrètement », a commenté le député Amir Ohana devant les caméras de la Douzième chaîne, samedi.
« J’ai été surpris. Ces propos sont étonnants. Regev a voté pour Netanyahu, l’ashkénaze, pendant toutes ces années… Pourquoi a-t-elle soudainement ce type de considérations ethniques ? » s’est interrogé le législateur Yuval Steinitz au micro de la station de radio Kol Barama, dimanche.
Pour sa part, le parlementaire Tzachi Hanegbi a dit à la Douzième chaîne : « Ma mère était une responsable mizrahie et elle aurait pu être une excellente Première ministre – mais pas parce qu’elle était la fille d’un père yéménite et d’une mère marocaine, mais bien à cause de sa personnalité. Et c’est ainsi que les leaders sont élus au Likud ».
Le député du Likud Nir Barkat, qui est considéré comme l’un des principaux candidats à la tête du parti, a posté vendredi sur Twitter un clip vidéo montrant l’ex-Premier ministre Menachem Begin en train de mettre en garde contre les divisions ethniques lors du scrutin qui avait eu lieu en 1981 dans le pays.
« Nous sommes tous frères et sœurs, nous sommes tous Juifs », a écrit Barkat.
Barkat avait déclaré qu’il se présenterait comme dirigeant du Likud quand Netanyahu abandonnerait son poste, jurant qu’il remporterait la course. Toutefois, au mois de juin, Barkat a demandé le report des primaires.
Netanyahu avait remporté de manière décisive les primaires du Likud en 2019 quand il avait remporté le défi qui lui avait alors été lancé à la tête du parti par l’ancien ministre Gideon Saar. Saar a quitté le Likud en 2020 et il a lancé sa propre formation, Tikva Hadasha, qui a fait campagne sur la promesse de ne jamais intégrer un gouvernement qui serait placé sous l’autorité de Netanyahu.
Le Likud n’a plus organisé de primaires depuis dans un contexte de troubles politiques qui ont entraîné l’organisation de quatre élections en l’espace de deux ans.
Une alliance de huit partis, dirigée par le Premier ministre Naftali Bennett de Yamina et par le leader de Yesh Atid, Yair Lapid, a finalement écarté Netanyahu du pouvoir, au mois de juin, renvoyant le Likud dans l’opposition pour la toute première fois depuis 2009.