La Garde des Sceaux s’exprime au sujet de l’affaire Sarah Halimi
Nicole Belloubet dit avoir été "particulièrement touchée par l’horreur du meurtre de Mme Attal-Halimi" et que fumer du cannabis ne donne pas "un permis de tuer"
Ce jeudi, Nicole Belloubet, Garde des Sceaux, a accordé une interview exclusive au journal Actualité juive.
Dans l’entretien, elle s’est dit compréhensive face à l’émoi suscité par l’affaire Sarah Halimi et a fait part de son inquiétude face à la recrudescence des actes antisémites en France.
« J’ai été particulièrement touchée par l’horreur du meurtre de Mme Attal-Halimi et je comprends véritablement l’émotion suscitée par ce crime », a-t-elle confié.
Elle explique néanmoins qu’en tant que Garde Sceaux, il lui est interdit « d’adresser aux procureurs de la République des instructions dans des affaires individuelles », cela permettant de garantir aux citoyens qu’aucune ingérence de l’exécutif ne viendra s’immiscer dans le déroulement des procédures pénales.
Elle rappelle également que « six experts psychiatres sur sept considéraient que l’accusé était irresponsable au moment des faits », et que « la Cour a suivi ces expertises et a estimé que le suspect ne pouvait être condamné pénalement ».
Selon Nicole Belloubet, fumer du cannabis ne donne pas pour autant « un permis de tuer ». « Cette affaire est une affaire incroyablement douloureuse qui pose clairement une question d’interprétation juridique. C’est la raison pour laquelle un pourvoi a été formé devant la cour de cassation. Il apportera une réponse à cette question. »
La ministre a aussi estimé que « la reconnaissance du caractère antisémite dans cette affaire demeure importante, pour les victimes comme pour la République », et a ajouté que son « engagement dans la lutte contre l’antisémitisme est total ». « Je suis déterminée à ce que la politique pénale soit particulièrement ferme pour réagir contre les actes antisémites », a-t-elle expliqué.
En fin d’entretien, Nicole Belloubet est revenue sur les mouvements de boycott visant les produits israéliens. Elle fait ainsi mention de l’existence de la « circulaire Alliot-Marie », signée en février 2010, souvent la cible de demandes d’abrogation de la part de militants pro-palestiniens. La mesure appelait à une « réponse cohérente et ferme à ces agissements » de boycott. « Sachez que pour ma part je n’envisage pas le retrait de cette dépêche qui ne fait que rappeler le droit applicable, droit qui s’impose à tous », a expliqué la ministre.
Elle se dit également opposée aux « demandes d’armement » de la part de citoyens français qui seraient tentés de s’armer face aux attaques terroristes et/ou antisémites. « Protéger l’ensemble des citoyens français est le rôle des forces de l’ordre et de la justice », explique-t-elle.