La guerre des Six Jours a réalisé une prophétie, selon un documentariste chrétien
“In Our Hands” de Pat Roberstson pour la Christian Broadcasting Network replace la victoire d'Israël de 1967 dans son contexte scriptural
Gordon Robertson, fils du célèbre télévangéliste américain chrétien évangélique Pat Robertson, se souvient, quand il avait neuf ans, que son père, pasteur, avait réuni la famille avec des Bibles pour lire et comprendre les ramifications de la victoire d’Israël en 1967, pendant la guerre des Six Jours.
« Normalement, nous parlions de politique à table, se souvient Robertson, âgé de 59 ans. « Mais cette fois-ci, c’était différent. Il nous a dit ‘okay, prenez vos Bibles, je vais vous montrer comment les prophéties se sont réalisées’. »
« Il voulait souligner le fait que très peu de fois, dans la vie, on a l’occasion de dire qu’une prophétie s’est réalisée, ajoute-t-il. Ce n’est pas juste une prophétie de l’Ancien Testament, c’est aussi une prophétie du Nouveau Testament, ce qui vient de se passer. »
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La victoire d’Israël en juin 1967 était un moment charnière de la jeunesse de Robertson, suivi de son premier voyage en Israël deux ans plus tard, à l’âge de 11 ans, quand il s’est rendu au mur Occidental.
« La joie, en 1969, était incroyable, raconte Robertson. L’exultation… je ne sais pas vraiment comment l’expliquer. C’est le genre de chose complètement abstraite. Pendant un temps, il y avait un aspect du judaïsme que je n’avais jamais vu auparavant. »
Robert a partagé ces tranches de vie avec la presse, pendant la promotion de son dernier projet pour la chaîne chrétienne. « In Our Hands » est un docudrame de 108 minutes créé par le Christian Broadcasting Network à l’occasion du 50e anniversaire de la guerre des Six Jours.
Robertson, diplômé de Yale et avocat, est désormais le président de la chaîne chrétienne et coanime l’émission « The 700 Club », créé par son père. Il était en Israël cette semaine pour une projection du film, après une avant-première aux États-Unis puis en Europe à Bruxelles.
Dans « In Our Hands », Robertson souligne qu’il fait remonter l’histoire à Titus, le futur empereur romain qui a détruit le deuxième Temple en 70 de l’ère commune. Cette perspective était partagée par les parachutistes de 1967 interviewé pour les besoins du film, a assuré Robertson.
« De leur point de vue, ils ne luttaient pas contre les Jordaniens, explique Robertson. Ils étaient en guerre contre Titus. »
Robert fait part de cet angle historique dans une annexe à la fin du film, dans lequel il accompagne les téléspectateurs à travers les Écritures, leur montrant l’histoire du Jérusalem et du Temple, les conquêtes, et les évènements qui ont drastiquement modifié le paysage chrétien.
« Tant que vous n’avez pas compris cela, vous ne pouvez pas comprendre que c’était la première fois que Jérusalem était à nouveau sous contrôle israélien, dit-il. Vous ne pouvez comprendre ni les prophéties, ni les gros titres dans les médias. »
Ce docudrame est parsemé de scènes d’acteurs israéliens qui incarne les parachutistes, les généraux de l’armée israélienne, et les dirigeants politiques dans une gamme de scènes lourdes de sens et de roulements de tambours virtuels.
Cependant, ce sont les interviews des vétérans de l’armée, qui rappellent un peu « The Gatekeepers », le film oscarisé de Dror Moreh en 2012 sur les directeurs du Shin Bet, qui sont les plus marquantes. Les vétérans, désormais âgés, décrivent les évènements de cette semaine cruciale et partage l’expérience telle qu’ils l’ont vécue.
« L’un des points fondamentaux quand je me suis embarqué dans ce projet, c’était de ne pas intégrer mon point de vue, affirme Robertson. Je voulais que ce soit le point de vue des parachutistes qui ont gagné la guerre, de ceux qui ont mené la bataille, pas le point de vue chrétien ou américain. »
Roberston et Eric Zimmerman, producteur et réalisateur, disent avoir tous les deux regardé « The Gatekeepers » et d’autres travaux plus récents de cinéastes israéliens sur la période, notamment « Censored Voices », de Mor Loushy, sur la diffusion d’enregistrements des réactions des soldats après la guerre des Six Jours, auparavant censurées par le gouvernement.
Il est impossible, dit Robertson, de regarder ces films controversés, à tendance gauchiste sur les évènements qui ont changé l’histoire d’Israël, sans qu’ils n’affectent son propre film.
Et pourtant, pour Robertson, chrétien pro-Israël et ami d’Israël, il est crucial que Jérusalem et la Vieille Ville restent aux mains des Israéliens.
Il se souvient être allé à Bethléem dans les années 1970, et en avoir tiré une « profonde expérience » avec les bougies et les bergers, le soir de Noël, « une sensation qu’il n’a plus jamais retrouvée », a-t-il dit, évoquant le fait que la ville est désormais sous contrôle de l’Autorité palestinienne.
« Je n’y suis plus en sécurité, dit-il. On me dit que c’est instable. »
« En tant que chrétien, est-ce que je veux d’une Jérusalem qui soit sous contrôle palestinien ?, s’interroge Robertson. La réponse est non, je ne veux pas que les Jardins de Gethsémani, l’église du Saint-Sépulcre, la ville de David, le mur Occidental, le tunnel d’Ezéchias soient sous ce type de contrôle, où il faut demander une permission et ne pas être en sécurité. »
« J’espère qu’Israël ne négociera jamais le mur Occidental, dit-il. Parce que si c’est le cas, je suis certain que nous n’y aurons plus accès. Et qu’est-ce que cela signifiera pour l’héritage du peuple juif ? »
Le patrimoine de la Vieille Ville et du mur Occidental est très important pour Robertson, sur le plan personnel. Il a emmené ses propres enfants pour un genre de bar-mitsva chrétienne quand ils ont eu 12 ans. Il les a accompagnés, un par un, au mur Occidental, puis au Jourdain pour y être baptisés.
« Pour les Roberston, notre clan, mon père, mon fils et moi moi-même, il existe un lien indicible », explique-t-il.
L’arrière-grand-père de Robertson, un prêcheur de la vallée de Shenandoah, en Virginie, parlait hébreu couramment, et maitrisait également le latin et le grec, afin de mieux lire les Écritures dans leur langue d’origine. Il prenait des cours d’hébreu à l’école du dimanche, dans la synagogue du quartier.
Quant à Robertson, il ne compte plus le nombre de fois où il s’est rendu en Israël.
Et pourtant, à plusieurs reprises, il s’est interrogé : « Qu’est-ce qu’un goy comme moi fait dans ce documentaire ? »
Pour l’instant, Robertson continuera de faire la promotion d’Israël dans son prochain film pour la chaîne chrétienne, appelé « To life », sur l’aide israélienne dans le monde entier.
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