La Knesset rejette l’appel à ajouter le mot « égalité » à la loi sur l’Etat-nation
Gantz a été absent lors du vote tandis que Kakhol lavan a critiqué l'amendement, disant que le parti soutient et prépare une loi indépendante garantissant l'égalité
Un amendement qui aurait permis d’ajouter la notion d’égalité pour toutes les minorités à une loi controversée définissant le caractère juif d’Israël a été rejeté par la Knesset dans la journée de mercredi, ses opposants dénonçant une « posture politique ».
Gadeer Mreeh, législatrice druze qui avait quitté, au mois de mai, la formation Kakhol lavan de Benny Gantz pour intégrer les rangs du parti Yesh Atid de Yair Lapid après que Gantz a rejoint le gouvernement d’unité, avait proposé ce projet de loi qui aurait inclus un « droit à l’égalité » pour toutes les minorités dans le cadre de la Loi fondamentale : Israël, Etat-nation du peuple juif. Le texte prévoyait notamment d’améliorer le statut de la langue arabe et exigeait des dépenses de développement égalitaires entre toutes les communautés.
Tandis que de larges pans de la Knesset avaient soutenu une telle mesure dans le passé – elle avait figuré dans les principales promesses de campagne de Gantz au cours des trois cycles électoraux qui se sont succédé au cours des dix-huit derniers mois – la législation n’a réuni que 21 votes, en particulier issus de la faction Yesh Atid-Telem de Mreeh.
Les partis de coalition ont voté contre et Kakhol lavan était largement absent de l’hémicycle – comme cela été le cas de Gantz lui-même.
Une absence de Gantz qui a été critiquée par Yesh Atid. Un conseiller du chef du parti, Yair Lapid, a estimé que le ministre de la Défense dans le gouvernement d’unité avait affiché « zéro leadership, zéro principes ».
« Israël est en train de se transformer en passant d’un Etat démocratique à un Etat nationaliste », a commenté Mreeh dans sa déclaration en soutien à la législation pendant la séance plénière. Elle a cité Zeev Jabotinsky et l’ancien Premier ministre Menachem Begin, deux personnalités emblématiques de la droite israélienne, qui avaient insisté sur la nécessité d’assurer l’égalité pour tous les citoyens, disant que le Premier ministre Benjamin Netanyahu se trouvait dans une « tour d’ivoire » et qu’il n’avait pas compris la souffrance entraînée par la loi de 2018 chez les minorités du pays.
« Au lieu de rester dans votre tour d’ivoire, sortez, écoutez la frustration et la colère. Ecoutez ce que cela entraîne pour les jeunes de 18 ans [au sein de la communauté druze] qui vont faire sous peu leur service militaire. Mais bien entendu, vous êtes trop affairé avec vos propres problèmes, pourquoi vous préoccuper de telles bagatelles ? », a-t-elle interrogé.
Mreeh avait quitté Kakhol lavan lorsqu’elle avait appris que Gantz ne demanderait pas d’amendement à la loi sur l’Etat-nation dans le cadre de son accord de coalition avec le Likud.
Le vote a divisé le centre et les partis de gauche.
Peu après la séance, Kakhol lavan a émis un communiqué qui a critiqué le texte.
« Nous nous opposons au projet de loi qui a été présenté aujourd’hui en plénière », a dit le communiqué. « Les membres de Yesh Atid, comme nous, ont insisté jusqu’à cette semaine sur le fait que la meilleure manière de régler les problèmes posés par la loi sur l’Etat-nation était de présenter une Loi fondamentale distincte qui garantisse le principe de l’égalité. Le ministre de la Justice [Avi] Nissenkorn travaille sur ce projet depuis plusieurs semaines maintenant et, aux côtés d’éminents experts juridiques et d’autres députés de la faction Kakhol lavan, il développe un texte qui viendra résoudre ce problème majeur ».
La législatrice Travailliste Merav Michaeli, pour sa part, a fustigé les membres de son parti, le ministre de l’Economie Amir Peretz et le ministre des Affaires sociales Itzik Shmuli, qui n’ont pas soutenu le projet de loi de Mreeh.
« Je suis heureuse d’avoir le privilège de représenter le parti Travailliste réel et d’avoir voté, juste maintenant, le projet de législation de la députée Gadeer Mreeh qui aurait permis d’ajouter une clause sur l’égalité dans la loi raciste sur l’Etat-nation. Je suis attristée de constater que d’autres membres du parti auquel j’appartiens ont évité un vote sur une loi qu’ils avaient pourtant promis de mettre au point eux-mêmes », a-t-elle écrit sur Twitter.
La loi sur l’Etat-nation a été adoptée en 2018 et elle ancre le statut d’Israël comme foyer du peuple juif. Sa forme présente avait été vivement dénoncée par la minorité druze israélienne, dont un grand nombre de responsables avaient pris la tête de manifestations condamnant le texte qui, selon lui, équivalait dans les faits à faire d’eux « des citoyens de seconde classe ».