La Knesset va voter l’abrogation de la Loi sur le désengagement
Ces changements controversés dans la politique mise en place dans le nord de la Cisjordanie devraient être approuvés sans grande fanfare
Carrie Keller-Lynn est la correspondante politique et juridique du Times of Israël.
La Knesset devrait abroger, lundi, la législation qui avait ordonné l’évacuation de quatre implantations de Cisjordanie en plus du retrait d’Israël de la bande de Gaza en 2005, alors que la coalition œuvre à légaliser un avant-poste sauvage qui occupe actuellement les lieux où se trouvait l’une de ces anciennes communautés.
Le projet de loi annulerait les clauses présentes dans la loi sur le Désengagement qui interdisent aux Israéliens de vivre dans la région où se trouvaient quatre avant-postes illégaux, dans le passé : Homesh, Ganim, Kadim et Sa-Nur. Ces implantations avaient été les seules à être évacués pendant le désengagement à Gaza.
Ces villes détruites avaient été un symbole d’injustice pour les partisans du mouvement pro-implantation, d’une injustice qu’ils cherchent aujourd’hui à corriger. La Haute-cour de justice avait estimé qu’au moins une communauté avait été construite sur des terres privées palestiniennes.
Faire disparaître les restrictions sur la présence juive dans ces territoires est une initiative nécessaire pour atteindre l’objectif poursuivi par le gouvernement, qui est la légalisation de l’avant-poste de Homesh.
Malgré l’importance que peut avoir l’abrogation de certaines parties de la loi pour les membres les plus extrêmes du gouvernement actuel de la droite dure, ces derniers n’ont pas ouvertement vanté leurs efforts, des sources au sein de la coalition évoquant en cela une tactique délibérée visant à ne pas attirer l’attention sur ces mesures controversées, permettant ainsi leur adoption rapide.
De plus, les députés de l’opposition qui s’insurgent habituellement contre un ancrage plus fort de la présence israélienne en Cisjordanie ont été relativement calmes sur le sujet alors que leur énergie est actuellement consacrée à la lutte contre la refonte du système judiciaire israélien qui est actuellement avancée par la coalition. La leader du parti d’Avoda de centre-gauche, Merav Michaeli, par exemple, a consacré l’intégralité de ses propos tenus devant les médias, lundi, aux derniers développements survenus dans le plan de sélection des juges du gouvernement, sans mentionner ces changements de politique en Cisjordanie.
Mais ce projet de loi est controversé à l’international et ses lectures devant la Knesset sont prévues à une période problématique. Au début de la semaine, Israël – en présence de responsables américains, égyptiens et jordaniens – a réaffirmé son engagement auprès de l’Autorité palestinienne à ne pas faire avancer de plans dans les implantations pendant quatre mois et à ne pas présenter de légalisation d’avant-poste en Cisjordanie pendant six mois.
Cette promesse – et la promesse palestinienne de geler toute action unilatérale à laquelle s’opposerait Israël – vise à calmer les tensions entre Israël et les Palestiniens, des tensions qui bouillonnent souvent pendant le mois sacré du ramadan qui commencera jeudi.
Le leader du parti HaMahane HaMamlahti, Benny Gantz, a déclaré que le projet de loi sur Homesh était « une erreur stratégique » tout en indiquant qu’il laisserait les députés de sa faction d’opposition – qui comprend des députés de droite – voter selon leur conscience.
Le projet de loi est parrainé par le député Yuli Edelstein et il est soutenu par plusieurs autres députés du Likud, par des parlementaires du parti ultra-orthodoxe Shas et par des membres des formations ultra-nationalistes Hatzionout HaDatit et Otzma Yehudit. Parmi eux, la députée Limor Son Har-Melech, une ancienne résidente de Homesh dont le premier mari avait été tué dans un attentat terroriste quand il vivait là-bas.
Har-Melech figure parmi un certain nombre de législateurs d’extrême-droite qui ont appelé dimanche à sévir contre le terrorisme palestinien, suite à la seconde attaque survenue, ce mois-ci, dans la ville palestinienne de Huwara.
Récupérer Homesh est devenu une cause importante pour les partisans du mouvement pro-implantation, qui jouent depuis des années au chat et à la souris avec l’armée israélienne, reconstruisant, démolition après démolition, la yeshiva illégale qui se trouve dans l’avant-poste ainsi certains quartiers de vie qui se trouvent sur la colline.
Le gouvernement du Premier ministre Benjamin Netanyahu a promis de préserver la yeshiva malgré les ordonnances des tribunaux réclamant sa démolition. Au mois de janvier, la Haute-cour de justice avait ordonné au gouvernement d’expliquer pourquoi l’avant-poste ne devait pas être évacué.
Même s’il constitue en lui-même un pas déterminant, le projet de loi de lundi ne légalisera pas immédiatement Homesh.