La police charge l’accusation dans le scandale Yisrael Beitenu
15 responsables accusés de corruption ; la plus expérimentée, l'ancienne vice-ministre Faina Kirshenbaum, détenue pour être interrogée
Après avoir bouclé une enquête sur les allégations de corruption endémique au sein du parti, les représentants de la police ont déclaré samedi soir qu’ils recommandaient l’inculpation de quelques 15 représentants, en fonction ou retraités, du parti Yisrael Beitenu et d’autres personnalités publiques.
Les conclusions du rapport doivent être délivrées au bureau du procureur général en mai. Puis, le procureur général Shai Nitzan décidera des responsables à mettre en examen.
Le suspect le plus en vue est l’ancienne vice-ministre à l’Intérieur Faina Kirshenbaum, dont la fille Ranit Kirshenbaum et la conseillère Vica Rabin sont également soupçonnées. Kirshenbaum a annoncé qu’elle prenait sa retraite de la vie politique juste avant les élections législatives de mars dernier.
Ce dimanche, Kirshenbaum a été interrogée quant à son rôle présumé dans l’affaire. Les enquêteurs de l’unité anti-corruption Lahav 433 ont procédé à des fouilles de son domicile et ont également arrêté sa fille, son fils et plusieurs autres de ses proches. Sa détention n’est rendue possible qu’aujourd’hui car, n’étant plus ministre et députée, elle ne bénéficie plus de l’immunité.
Le Commissaire de police Yohanan Danino a déclaré samedi que la police a réussi à convaincre six suspects de dénoncer leurs complices.
Leurs noms ne sont pas publiables, mais les responsables de police notent que dans la plupart des cas, les témoins se sont vus offrir une peine plus clémente, et n’échapperaient pas complètement à la justice.
La police a justifié le grand nombre de témoins par les nombreuses ramifications existantes avec d’autres affaires plus mineures. Kirshenbaum et son cercle de proches seraient les seuls personnes impliquées dans toutes les autres affaires.
L’ancien ministre du Tourisme Stas Misezhnikov, le chef du Conseil régional de Megilot Mordechai Dehman, le chef du Conseil régional de Tamar Dov Litvinoff et le maire d’Afula Yitzhak Miron et son adjoint Boris Yudis sont, selon la police, tous susceptibles d’être mis en examen.
Figurent également parmi les suspects l’ancien directeur général du ministère de l’Agriculture Rami Cohen et le chef du siège du parti Yisrael Beitenu, David Godovsky.
En annonçant l’enquête fin décembre, la police avaient évoqué des soupçons selon lesquels les responsables du parti, mais pas seulement, avaient « conspiré de manière calculée pour faire avancer leurs intérêts personnels et publics et pour s’attribuer des fonds pour un usage privé, en commettant différents délits qui ont sérieusement entravé l’administration de leurs domaines de gouvernance ».
Les enquêteurs soupçonnent que d’importantes sommes d’argent ont été indûment détournées vers des organisations non gouvernementales et d’autres groupes.
En retour, ces groupes auraient procédé à des nominations teintées de népotisme, et à des manipulations d’argent pour rétribuer des fonctionnaires de service public sous la forme de pots-de-vin et d’avantages financiers.
« L’enquête a révélé une méthode secrète et bien rodée dans laquelle les suspects et leurs représentants transféraient illégalement, en mettant à profit leurs pouvoirs en tant que fonctionnaires, des sommes importantes de fonds publics à [divers] organismes et autorités. Tout ceci en échange d’importants avantages pour eux ou leurs associés, y compris, mais pas seulement, des nominations et des paiements », peut-on lire dans le communiqué de la police.
Le ministre des Affaires étrangères Avigdor Liberman, le chef du parti Yisrael Beitenu, qui a lui-même été blanchi de diverses accusations de corruption après de longues enquêtes qui ont duré plus de dix ans, accuse la police de se livrer à une chasse aux sorcières contre son parti.
Liberman, qui n’est pas personnellement impliqué dans le scandale, a relevé que « pour Yisrael Beitenu, les élections viennent toujours avec les enquêtes de police ».