La police retire la bannière « Interdit aux Juifs » d’un hôtel polonais
Cette bannière était accrochée depuis le printemps dernier. Les autorités accusent de crime de haine le propriétaire nationaliste de l'établissement

La police polonaise a saisi une bannière disant « Interdit aux Juifs, aux voleurs et aux traîtres » qui avait été accrochée à l’entrée d’un hôtel qui appartiendrait à un ultra-nationaliste actuellement incarcéré pour discours de haine antisémite.
Les forces de l’ordre ont été envoyées à Dom Polski, à proximité de la ville de Wroclaw, à l’ouest du pays, jeudi soir, après la réapparition d’images sur les réseaux sociaux montrant la bannière suspendue aux portes de l’hôtel du même nom situé dans la banlieue de Cesarzowice, à l’est de la ville, a raconté Paweł Petrykowski, porte-parole du département de la police de la province de Silésie inférieure, à TVP, une chaîne nationale du pays.
L’hôtel, qui arbore la bannière depuis le printemps dernier, appartient à Piotr Rybak, un ultra-nationaliste qui, au début de l’année, a été condamné à trois mois de prison pour avoir incendié l’effigie d’un Juif lors d’une manifestation organisée en 2015 à Wroclaw contre l’immigration musulmane, a fait savoir le maire de Cesarzowic, Jolanta Szulc, à TVP.
Le bureau du procureur régional chercherait à inculper Rybak pour discours de haine raciste en lien avec la bannière, a déclaré à TVP la porte-parole du bureau du procureur, Małgorzata Kalus.
Plusieurs organisations juives, parmi lesquelles l’ADL (Anti-Defamation League) et l’organisation de commémoration de l’Holocauste, From the Depths, ont demandé jeudi aux autorités polonaises d’ôter la bannière et de poursuivre les parties responsables.
Rybak est assigné à domicile depuis la semaine dernière, lorsqu’un tribunal de district de Wroclaw l’a condamné pour avoir participé à une marche nationaliste le 11 novembre au cours de laquelle une rhétorique antisémite avait été utilisée.
Le même jour, 60 000 personnes avaient assisté à une manifestation plus importante à Varsovie, et certains participants avaient brandi des bannières anti-musulmanes et scandé des slogans antisémites.
L’incarcération de Rybak et l’action menée par la police sur la bannière antisémite montrent que « le système judiciaire a prouvé qu’il prend au sérieux les problèmes posés par les discours de haine et qu’il souhaite utiliser la force de la loi pour maintenir un sentiment de sûreté et de sécurité chez tous les citoyens », a commenté Jonny Daniels, fondateur du groupe, From the Depths, qui s’était plaint à la police du racisme affiché le 11 novembre à Varsovie.
Cet événement avait attiré l’attention internationale sur la question ultra-nationaliste en Pologne qui, selon certains critiques du gouvernement, s’est développé depuis 2015 dans la mesure où il est toléré par le parti au pouvoir du Droit et de la justice.
Le président Andrzej Duda avait pour sa part condamné la marche, ses tons antisémites et le nationalisme radical exposé suite à la manifestation.
Richard Spencer, suprématiste blanc américain, devait être présent mais n’était finalement pas venu. L’agence de presse polonaise a fait savoir la semaine dernière qu’il est désormais interdit d’entrée pendant cinq ans dans les 26 pays qui forment l’espace Schengen de l’Union européenne.
Certains chefs de la communauté juive polonaise, notamment le Grand rabbin Michael Schudrich, prétendent que, sous le parti du Droit et de la justice, l’intolérance n’a cessé de croître au sein de la société « envers des communautés variées, notamment les Juifs ».
Et Leslaw Piszewski, président de l’Union des communautés juives de Pologne, a déploré dans un courrier adressé à un haut-politicien au mois d’août que les communautés juives avaient dorénavant besoin de davantage de sécurité.
Mais Artur Hoffman, chef du groupe culturel TSKZ, qui est la plus importante organisation juive de Pologne, avait déclaré que Piszewski exagérait les inquiétudes communautaires dans le cadre d’une « guerre politique ».