Israël en guerre - Jour 372

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Analyse

La troisième guerre d’Israël au Liban est en cours ; voici ce qu’il faut savoir

Israël est déterminé à en découdre avec Hezbollah, même au prix d'efforts considérables, afin de permettre le retour des habitants du nord et d'instaurer une stabilité à long-terme

Le ministre de la Défense Yoav Gallant s'adressant à des troupes dans le nord d'Israël, le 30 septembre 2024. (Crédit : Ariel Hermoni/ Ministère de la Défense)
Le ministre de la Défense Yoav Gallant s'adressant à des troupes dans le nord d'Israël, le 30 septembre 2024. (Crédit : Ariel Hermoni/ Ministère de la Défense)

JTA – Des combats sont en cours entre les troupes de l’armée israélienne et les combattants du groupe terroriste chiite libanais du Hezbollah le long de la frontière israélo-libanaise.

Ce qui n’est pas encore clair, c’est le nombre de terroristes, la durée des combats, le nombre de morts et la question de savoir si le conflit qui oppose Israël et le Hezbollah, après une année d’effusion de sang, se transformera en un conflit régional plus large. On ne sait pas non plus ce qu’il faudra faire pour sécuriser suffisamment le nord d’Israël pour que les plus de 60 000 civils, qui ont été évacués de la région depuis un an, puissent y retourner en toute sécurité.

Ce qui est clair, c’est qu’Israël semble déterminé à porter un coup décisif à ce groupe terroriste qui, pendant des dizaines d’années, a constitué une menace redoutable, même si le coût en est potentiellement élevé.

Au cours de l’année écoulée, le Hezbollah a bombardé Israël de missiles quasi-quotidiennement, et Israël a riposté. Pendant tout ce temps, le conflit a semblé être un front secondaire par rapport au cœur de l’opération militaire israélienne : la guerre épuisante contre le groupe terroriste palestinien du Hamas à Gaza. Mais au cours des deux dernières semaines, les choses ont changé : Israël a éliminé le chef du Hezbollah et plusieurs de ses adjoints, épuisé le stock de missiles du groupe terroriste et préparé sa propre population à une nouvelle guerre à sa frontière nord.

Les Israéliens semblent favorables à une guerre contre le Hezbollah au Liban. Mais les précédentes incursions dans le pays ont eu des résultats peu concluants et ont coûté à Israël la vie de ses soldats et sa réputation à l’internationale.

Voici ce qu’il faut savoir sur la troisième guerre du Liban qui se profile.

Des volutes de fumée s’échappant du site d’une frappe aérienne israélienne sur le quartier de Bir el-Abed, dans la banlieue sud de Beyrouth, le 1er octobre 2024. (Crédit : Anwar Amro/AFP)

Israël et le Hezbollah s’affrontent depuis longtemps

Au cours des premières dizaines d’années de son existence, Israël a été contraint de contre-attaquer lors de guerres répétées contre l’Égypte et la Syrie. Au cours des dernières dizaines d’années, il doit faire face aux groupes terroristes palestinien du Hamas et chiite libanais du Hezbollah.

Le Hezbollah a été fondé à la suite de l’incursion au Liban par Israël en 1982. Cette opération visait principalement un autre ennemi d’antan, l’Organisation de libération de la Palestine (OLP). Mais très vite, les soldats israéliens se sont retrouvés à combattre le Hezbollah, un groupe terroriste chiite – répondant à l’Iran – voué à la destruction d’Israël.

Les soldats israéliens ont occupé une bande du sud du Liban jusqu’en 2000, principalement pour faire face aux attaques du Hezbollah, qui a également tué des centaines de soldats américains lors de deux attentats en 1983 contre l’ambassade des États-Unis et la caserne militaire du Drakkar – au cours duquel 58 parachutistes français ont été assassinés.

Six ans plus tard, les deux camps s’affrontent à nouveau lorsque le Hezbollah enlève deux soldats israéliens. Israël envahit à nouveau le Liban, mais la guerre est considérée comme un fiasco en Israël : plus de 100 soldats israéliens sont tués et des centaines de terroristes du Hezbollah sont éliminés, sans compter des dizaines de civils israéliens et plus de 1 000 civils libanais.

Plus important encore, le Hezbollah est resté intact. Le groupe terroriste chiite libanais a ignoré la résolution 1701 des Nations unies qui lui demande de se retirer au nord du fleuve Litani, pour créer une zone tampon dans le sud du Liban.

Depuis lors, le Hezbollah est le mandataire le mieux financé de l’Iran, une force estimée à 100 000 combattants (mais qui en compte peut-être moins de la moitié) et des centaines de milliers de missiles. Ses roquettes peuvent atteindre la quasi-totalité d’Israël.

Au cours de cette période, Israël a régulièrement bombardé les cargaisons d’armes destinées au Hezbollah. Mais jusqu’à l’automne dernier, les deux parties s’étaient abstenues de tout nouveau conflit majeur.

Un drapeau du Hezbollah sur le site de l’élimination du chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, dans la banlieue sud de Beyrouth, le 29 septembre 2024. (Crédit : Hassan Ammar/AP Photo)

Le Hezbollah a commencé à bombarder Israël le 8 octobre … ce n’était que le début

Au lendemain du pogrom perpétré par le Hamas le 7 octobre sur le sol israélien, le Hezbollah a commencé à bombarder le nord d’Israël. Les tirs de missiles se sont poursuivis sans relâche pendant près d’un an, excepté lorsque le Hezbollah a respecté une trêve d’une semaine conclue fin novembre entre Israël et le groupe terroriste palestinien.

Israël a bombardé des positions du Hezbollah au Liban et, au total, des centaines d’éléments du groupe terroriste chiite libanais ont été tués, faisant des victimes civiles des deux côtés. La zone frontalière des deux pays est un no man’s land. Et comme des dizaines de milliers d’Israéliens évacués du nord vivent dans des hôtels depuis près d’un an, l’idée de frapper plus durement le Hezbollah bénéficie d’un soutien de plus en plus important.

Selon un sondage réalisé le mois dernier, près de deux tiers des Israéliens sont favorables à la lutte contre le Hezbollah, tandis qu’un quart seulement est favorable à un accord de cessez-le-feu avec le groupe terroriste chiite libanais.

Morceaux d’un bipeur explosé, sur une photo circulant sur les réseaux sociaux, le 17 septembre 2024. (Crédit : Telegram)

Et Israël semble tenir compte de cet appel. Au cours des dernières semaines, les systèmes militaires et de renseignement israéliens ont mené une série d’opérations spectaculaires : explosion de bipeurs – qui ont fait des dizaines de morts et de milliers de blessés ; frappes contre des dirigeants du Hezbollah ; explosion de dépôts d’armes du Hezbollah. Plus de 1 000 personnes auraient été tuées au Liban, selon les autorités sanitaires libanaises qui ne font pas de distinction entre les civils et les terroristes.

Puis, au cours du week-end, Israël a éliminé le chef du groupe terroriste, Hassan Nasrallah. Il était la figure et l’incarnation du Hezbollah, son chef depuis plus de 30 ans et l’ennemi juré d’Israël. Une analyse du Council on Foreign Relations conclut que « le groupe a probablement été rendu inerte sur le plan opérationnel, du moins dans un avenir prévisible ». En effet, il n’y a pas de successeurs clairs à Nasrallah, étant donné sa stature unique et inégalée au sommet du mouvement ».

Pourtant, le groupe terroriste fait savoir qu’il a encore de beaux jours devant lui. Dans une vidéo diffusée lundi, un haut responsable du Hezbollah a déclaré que tous les éléments tués pouvaient être remplacés et que les attaques contre Israël représentaient jusqu’à présent un effort « minimum » pour le groupe terroriste chiite libanais.

Israël se prépare maintenant à une guerre au sol … et ce ne sera pas chose facile

Israël ne s’arrête pas à l’élimination de Nasrallah. Lundi, les troupes israéliennes et l’artillerie combattaient à la frontière et les soldats se massaient en vue d’une incursion. Israël a informé les Etats-Unis de son projet d’opération au sol. Les incursions terrestres limitées ont débuté dans la nuit de lundi à mardi.

De la fumée s’élevant après une frappe israélienne sur des cibles du Hezbollah dans des villages près de la ville de Tyr, au sud du Liban, le 29 septembre 2024. (Crédit : Kawnat Haju/AFP)

Depuis des mois, les soldats israéliens effectuent des exercices d’entraînement à la frontière libanaise, en prévision d’une guerre visant à débarrasser le Hezbollah d’un champ de tir lui permettant d’effectuer des tirs anti-chars sur les villes israéliennes, éliminant ainsi une menace majeure. L’opération des bipeurs a également révélé qu’Israël suivait le groupe terroriste et élaborait des plans à son encontre depuis longtemps. Ainsi, contrairement à ce qui s’est passé lorsqu’elle a été prise au dépourvu par le groupe terroriste palestinien du Hamas le 7 octobre, l’armée israélienne est sans doute prête à combattre le Hezbollah au Liban.

Mais comme le savent de nombreux vétérans israéliens des précédents conflits, le Liban est un terrain impitoyable. Il est montagneux et, même sans chef, le Hezbollah y est implanté depuis bien longtemps. Le sud-Liban est beaucoup plus grand que Gaza, où Israël mène une guerre difficile depuis un an, bien qu’il compte beaucoup moins d’habitants.

« Le Hezbollah est aujourd’hui bien plus redoutable [qu’en 2000], et même s’il subissait plus de pertes qu’il ne se sentait capable d’en supporter, le gros de ses effectifs pourrait se retirer de la région frontalière et revenir simplement lorsqu’Israël la quitterait, ou mener des attaques de guérilla régulières au moment de son choix si les troupes israéliennes restaient sur place », conclut une analyse publiée dans Foreign Policy.

Il y a aussi la question de l’impact d’une nouvelle guerre sur la société israélienne. Israël a envoyé des centaines de milliers de soldats sur le front sud après le 7 octobre, et de nombreux hommes ont passé des mois loin de leur famille et de leur travail. Des centaines de personnes ont été tuées à Gaza. Si les Israéliens sont largement favorables à une intensification des combats au Liban pour mettre fin aux tirs de missiles en provenance du nord, cela signifie également un nouvel appel massif de réservistes israéliens déjà épuisés, alors que les Israéliens espéraient trouver un peu de réconfort pendant les grandes fêtes juives de Tishri, qui commencent ce mercredi soir.

Les Etats-Unis soutiennent Israël… pour le moment

Le président américain Joe Biden et la vice-présidente Kamala Harris, candidate démocrate à l’élection présidentielle, ont tous deux défendu l’élimination de Nasrallah et ont continué à financer l’effort militaire d’Israël. Mais Biden a également appelé publiquement à un cessez-le-feu dans le nord, parallèlement à ses efforts jusqu’à présent infructueux pour parvenir à un cessez-le-feu à Gaza.

Qu’est-ce que cela signifiera si la guerre au Liban s’éternise ? Donald Trump a semblé soutenir les efforts militaires d’Israël, mais il a aussi un penchant isolationniste et a appelé Israël à terminer rapidement ses combats. Harris subit déjà des pressions de la part de son aile gauche pour qu’elle réduise ou mette fin à son soutien à la guerre d’Israël contre le Hamas à Gaza. Nombre de ces mêmes voix, au Congrès et ailleurs, ont condamné les frappes israéliennes au Liban et pousseraient sans aucun doute Harris à cesser de soutenir une guerre contre le Hezbollah au Liban.

Les Etats-Unis s’efforcent également depuis un an d’empêcher une guerre régionale plus large. Si l’Iran attaque Israël pour venger la mort de Nasrallah, ce scénario pourrait se réaliser et transformer le Moyen-Orient en une vaste zone de guerre.

Des manifestants rassemblés contre anti-Israël, après que le groupe terroriste chiite libanais du Hezbollah, soutenu par l’Iran, a confirmé les informations selon lesquelles son chef Hassan Nasrallah a été éliminé lors d’une frappe aérienne israélienne à Beyrouth la veille, sur la Place de Palestine à Téhéran le 28 septembre 2024. (Crédit : Atta Kenare/AFP)

Après avoir frappé Nasrallah, le Premier ministre Benjamin Netanyahu a averti l’Iran qu’Israël pourrait également attaquer son territoire. Lundi, il a suggéré à ses concitoyens de se préparer à une nouvelle guerre.

« Je tiens à soutenir nos soldats héroïques, nos conscrits et nos réservistes », a-t-il déclaré.

« Alors que nous célébrons la nouvelle année, qu’elle soit bonne, ils continueront à défendre notre pays avec le même dévouement, le même sacrifice et le même héroïsme que ceux dont ils ont fait preuve tout au long de l’année écoulée. »

« Enfin, je voudrais remercier tous les citoyens d’Israël : les épouses des réservistes, les mères et les pères de nos combattants et les enfants, pour leur ténacité tout au long de cette longue période. Nous sommes en guerre pour notre propre existence. Nous nous unirons, nous irons main dans la main et nous vaincrons nos ennemis. », a-t-il ajouté.

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