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La « Troupe X », ces Juifs allemands qui ont participé au Débarquement

En vengeance de leur exil forcé au Royaume-Uni, ces réfugiés juifs allemands, autrichiens et tchécoslovaques se sont engagés dans l’armée britannique contre le régime nazi

(ARCHIVES) Les premiers chars à arriver sur la plage Sword, en Normandie, lors du débarquement des Alliés, le 6 juin 1944. (Crédit : AFP)
(ARCHIVES) Les premiers chars à arriver sur la plage Sword, en Normandie, lors du débarquement des Alliés, le 6 juin 1944. (Crédit : AFP)

Ce 6 juin, à l’occasion de l’anniversaire du Débarquement en Normandie, le site de FranceTVinfo a rappelé l’histoire de ces Juifs allemands, nommés la « Troupe X », qui ont participé à la Seconde Guerre mondiale.

« Ce seront des guerriers inconnus, en quantité inconnue [tous changeront de nom pour garantir leur sécurité et cacher leurs origines]. Alors, puisque le symbole algébrique de l’inconnu est X, appelons-les X-Troop », déclarait Winston Churchill en 1942, baptisant ainsi l’étrange unité de l’armée britannique composée de réfugiés juifs allemands, autrichiens et tchécoslovaques qui allaient combattre le régime nazi, en vengeance de leur exil forcé au Royaume-Uni.

Toutefois, en raison des risques d’espionnage qu’ils représentaient pour l’armée britannique, la centaine d’hommes n’était pas destinée à combattre sur le champ de bataille.

Ainsi, ils ont d’abord plutôt été affectés au Royal Pioneer Corps, le corps de combattants chargés des tâches d’ingénierie légères. Néanmoins, « leurs connaissances linguistiques et leur motivation furent rapidement exploitées par les Alliés », explique FranceTVinfo.

Sélectionnés dans le plus grand secret, les membres du commando s’entraînent au pays de Galles et en Ecosse, selon le site de la BBC.

« Aucun d’entre eux n’avait réellement la moindre idée de la raison pour laquelle ils y avaient été envoyés. La plupart avaient déjà participé à des exercices de parachute et à des entraînements spéciaux, mais ignoraient lamentablement l’exercice élémentaire et l’entraînement aux armes », expliquera leur chef à l’issue de la guerre, dans des propos rapportés par le Daily Mail, qui les surnomme les « vrais Inglorious Basterds » en référence au film de Quentin Tarantino.

Parmi les commandos du groupe, Dyuri Lanyi, alias George Lane, qui expliquait : « Faire payer les Nazis était une motivation omniprésente… Notre commando juif était l’antithèse même des allégations d’agneaux qu’on emmène à l’abattoir. »

En mai 1944, peu avant le Débarquement du 6 juin, l’homme est chargé par les Britanniques de débarquer sur les plages françaises afin d’y photographier des mines d’un nouveau genre installées là – une innovation inquiétant grandement les troupes alliées.

Depuis une vedette rapide amarrée au large, il embarque avec un camarade dans un canot pneumatique. Direction la plage d’Ault, dans la Somme. Là, son appareil émet accidentellement un flash, qui provoque la panique chez deux patrouilles allemandes, qui se tirent dessus. Les commandos parviennent à se cacher et à prendre la fuite vers le canot. La vedette n’aura néanmoins pas attendu les deux hommes, les laissant ainsi dériver dans la Manche.

Capturés le lendemain matin, ils sont longuement interrogés par la Gestapo. Ils réussiront à garder leur identité secrète et à en sortir indemnes.

Durant le Débarquement, la « Troupe X » sert également à des missions de traduction pour les Américains. Les commandos ont ainsi pour charge d’interroger les prisonniers et de décrypter cartes, panneaux et messages interceptés, facilitant ainsi les efforts de l’armée américaine.

FranceTVinfo cite l’exemple du caporal Peter Masters, un Juif autrichien né Peter Arany, que son commandant cherchera à utiliser comme chair à canon dans une mission d’éclaireur lors du Débarquement, ou encore celui d’Harry Andrews, tué par une mine dans le bocage normand à l’arrière des lignes allemandes en août 1944.

Selon la BBC, sur les 44 commandos de la troupe X ayant participé au Débarquement, 27 ont été tués, blessés ou emprisonnés. Très peu ont été décorés. En 1946, Louis Mountbatten, chef des opérations combinées, rendra toutefois hommage à cette « troupe composée de réfugiés qui croyaient en la démocratie et la liberté dans leur pays. (…)  La situation a été clairement expliquée à ces Allemands qu’ils seraient torturés s’ils étaient capturés. Aucun homme n’a dit non et aucun ne nous a laissé tombé ».

Après la guerre, de nombreux membres de l’unité continueront à travailler pour l’armée britannique, notamment dans des missions de traduction et dans la chasse aux criminels de guerre.

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