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L’aide universelle voulue par Netanyahu très critiquée: « populiste », « illogique »

L'aide économique se fera indépendamment de la situation financière des récipiendaires alors que le déficit budgétaire est en hausse

Les Israéliens auto-entrepreneurs bloquent une route de Tel Aviv pendant une manifestation réclamant le soutien du gouvernement, le 11 juillet 2020 (Crédit : Miriam Alster/Flash90)
Les Israéliens auto-entrepreneurs bloquent une route de Tel Aviv pendant une manifestation réclamant le soutien du gouvernement, le 11 juillet 2020 (Crédit : Miriam Alster/Flash90)

La nouvelle enveloppe financière annoncée mercredi soir par le Premier ministre Benjamin Netanyahu pour soutenir l’économie frappée de plein fouet par la pandémie de coronavirus a été vivement critiquée par ses alliés mais soutenue par Meretz.

Les critiques ont émané des responsables du ministère des Finances et des membres de la coalition du chef du gouvernement. Elles se sont majoritairement opposées au principe du versement universel en direction de tous les Israéliens, indépendamment de leurs revenus ou des dommages économiques subis suite aux restrictions mises en place pour contenir la propagation du virus.

L’enveloppe a aussi été dénoncée pour son coût élevé.

Le plan prévoit que les couples ayant un enfant recevront un versement unique de 2 000 shekels, qui s’élèvera à 2 500 shekels pour les foyers avec deux enfants et à 3 000 shekels pour les familles ayant trois enfants ou plus. Les couples sans enfant devraient bénéficier d’une somme de 750 shekels. L’ensemble devrait coûter six milliards de shekels.

Netanyahu est de plus en plus mis en cause pour sa réponse apportée à la crise financière, alors que le nombre de nouvelles infections augmente chaque jour à un rythme alarmant.

Le parti Kakhol lavan de Benny Gantz a fustigé le plan, affirmant qu’il ne parvenait pas à venir en aide à ceux qui sont véritablement dans le besoin. « Toutes les aides économiques à destination des citoyens israéliens sont les bienvenues mais elles doivent être prises dans le cadre d’un plan responsable et sur le long-terme », a noté le parti centriste dans un communiqué.

Et d’ajouter : « En ce qui concerne les subventions, Kakhol lavan est favorable à un transfert d’argent aux citoyens, mais cela doit être réalisé en accordant une importance particulière à ceux dont le revenu a été touché… Nous évoquerons cela ultérieurement au gouvernement ».

Eitan Ginzburg, le député de Kakhol lavan, pose pour une photo à la Knesset, el 29 avril 2019. (Noam Revkin Fenton/Flash90)

Le député Eitan Ginzburg de Kakhol lavan a été plus précis dans ses critiques.

« Il n’y a pas de logique économique ou sociale dans cette distribution d’un montant identique à tout un chacun alors qu’il apparaît clairement que certains en ont désespérément besoin et que d’autres peuvent s’en passer », a écrit Ginzburg sur Twitter, ajoutant avoir la certitude que les ministres Kakhol lavan sauraient prôner une « rectification de cette distribution de fonds illogique ».

« Nous ne sommes pas en mesure de débourser un tel océan de fonds… sans faire la distinction entre les riches et les pauvres. Ce n’est pas un plan. C’est du populisme, » a déclaré la ministre des Affaires stratégiques, Orit Farkash-Hacohen (Kakhol lavan).

Netanyahu, de son côté, a affirmé avoir la certitude que le chef de Kakhol lavan, Benny Gantz, soutiendrait l’enveloppe.

Le député Moshe Gafni (Yahadout HaTorah) et président de la commission des Finances de la Knesset, aurait également fait part de sa frustration. « Je ne comprends pas pourquoi nous avons besoin de donner de l’argent aux familles riches. Pourquoi ne pas le distribuer en effectuant des différentiations ? », s’est interrogé Gafni, selon des informations parues dans les médias en hébreu. La faction ultra-orthodoxe dont est issu Gafni appartient aussi à la coalition au pouvoir du Premier ministre.

Le ministre des Communications Yoaz Hendel (Derech Eretz) a réclamé « des indemnisations pour ceux qui ont été frappés. Pas des allocations universelles. Les commerçants, les auto-entrepreneurs, les chômeurs et les familles vulnérables ont besoin d’argent. Ce n’est pas le cas des familles qui travaillent ».

Itzik Shmuli, ministre des Affaires sociales et membre du parti Travailliste de gauche, a déclaré que le plan négligeait 80 000 commerçants qui devaient être soutenus et qu’il ne prévoyait pas non plus de financement d’urgence pour les personnes en situation de handicap, les jeunes dans une situation difficile et les personnes âgées.

Le député travailliste Itzik Shmuli s’exprime lors d’une session plénière à la Knesset, à Jérusalem, le 15 juillet 2019. (Noam Rivkin Fentonl/Flash90)

De hauts-responsables du ministère des Finances, et notamment sa directrice, Keren Terner Eyal, se sont également opposés au plan, disant qu’il consistait à « jeter à la mer des valises remplies d’un argent que nous n’avons pas », selon la Treizième chaîne.

Le chef du Lahav, la chambre des organisations et entreprises indépendantes d’Israël, a émis les mêmes critiques. « C’est une décision surréaliste de donner de l’argent à des personnes qui n’en ont pas besoin au lieu de le distribuer à ceux qui le réclament. Le secteur des l’auto-entrepreneuriat subit une hémorragie. Il y en a assez de ce populisme à bas prix », aurait déclaré Roee Cohen, des propos rapportés par la Douzième chaîne. « Les rues sont en feu. Nous avons besoin de solutions réelles ».

Des hurlements, entendus depuis les bureaux avoisinants, auraient marqué une rencontre entre responsables du ministère des Finances consacrée à la proposition avant qu’elle ne soit rendue publique, a indiqué la Douzième chaîne.

Des députés de l’opposition ont également éreinté ses grandes lignes.

Yair Lapid, leader de l’opposition, a déclaré qu’il ferait don de l’argent qui lui serait versé. « Le salaire des députés n’a pas été touché : Cette allocation n’est donc absolument pas justifiée. Ceux qui peuvent se le permettre doivent remettre cet argent à ceux qui en ont véritablement besoin », a dit Lapid.

Le député Ayman Odeh (Liste arabe unie) a appelé à l’organisation de nouvelles manifestations, disant qu’il s’avérait que « pour 5 000 protestataires réunis devant la résidence du Premier ministre, chaque citoyen recevra 750 shekels. Arrivons donc au million ! »

Un son de cloche (très) différent chez Tamar Zandberg (Meretz) qui a, pour sa part, salué la proposition, disant que « l’allocation est une bonne chose et son caractère universel est aussi une bonne chose. Cela donnera de l’argent que les familles pourront dépenser dans une économie mise à mal et aux entreprises qui en ont besoin. Ceux qui n’ont ‘besoin de rien’ sont finalement très peu nombreux, et mettre en place des grilles d’évaluation pour l’octroi de ces allocations fera plus de mal que de bien à tous ».

« Cela ne vient pas remplacer les programmes d’investissement pour les industries qui ont été touchées comme le tourisme, les transports, la culture et, bien sûr, les services sociaux », a ajouté Zandberg.

La députée du Meretz Tamar Zandberg, à Jérusalem, le 22 août 2019. (Crédit : Yonatan Sindel/Flash90)

Netanyahu a annoncé ce plan controversé lors d’une conférence de presse diffusée en direct à la télévision mercredi soir, aux côtés de son  ministre des Finances Israel Katz (Likud), depuis son bureau de Jérusalem.

Il a appelé les politiciens à rapidement soutenir le plan, disant qu’il était sûr que le gouvernement tout entier l’approuverait et exprimant l’espoir que cela ne serait pas nécessaire de l’ancrer dans une nouvelle législation dans la mesure où cela prendrait du temps. « Nous devons remettre le véhicule en marche et garantir que personne ne tombera entre les mailles du filet », a-t-il commenté.

Il en a également appelé directement aux Israéliens qui ont connu des difficultés financières dans le cadre de la pandémie. « J’entends votre détresse. Vous n’êtes pas seuls », a-t-il dit.

Les fonds devraient provenir des paiements de sécurité sociale et ils ne nécessiteront donc probablement pas l’approbation d’une législation officielle – un soutien ministériel devant être suffisant.

Interrogé sur l’opposition au plan du ministère des Finances, Netanyahu a affiché un certain dédain. « Ce n’est pas la première fois que je me querelle avec des bureaucrates », a-t-il répondu. « Un grand nombre d’entre eux s’opposent à mes requêtes mais, en fin de compte, tout cela relève de ma responsabilité. »

Netanyahu, ancien ministre des Finances, a expliqué que les allocations qui avaient été proposées étaient « essentielles » et qu’il n’avait pas besoin de recevoir des « leçons » sur l’économie de la part du ministère des Finances.

Netanyahu a indiqué qu’il travaillait également sur « un plan à long-terme pour une réouverture sûre de l’économie de manière à ce que nous puissions prendre en charge la crise du coronavirus pendant tout le temps qui sera nécessaire – six mois, un an, peut-être même plus qu’un an ».

Il a expliqué qu’il n’ignorait pas le déficit budgétaire croissant mais que l’extrême incertitude qui planait sur l’avenir nécessitait un passage à l’acte immédiat du gouvernement.

« Nous ne savons pas ce qu’il va arriver à l’économie mondiale », a-t-il dit.

Un employé du Magen David Adom fait un test sur une femme dans un centre de dépistage au coronavirus de type drive-in, le 11 juillet 2020 (Crédit : Chen Leopold/Flash90)

En date du 30 juin, le déficit d’Israël s’élevait à 6,4 % du PIB, soit 16,9 milliards de dollars, selon le ministère des Finances.

Mercredi en début de matinée, les auto-entrepreneurs ont commencé à recevoir les fonds qui leur avaient été promis dans le cadre d’une enveloppe de soutien dévoilée la semaine dernière par le Premier ministre et par le ministre des Finances.

Tandis que Netanyahu avait promis d’accorder jusqu’à 7 500 shekels aux auto-entrepreneurs frappés par les restrictions dues au coronavirus, un grand nombre des bénéficiaires de cette allocation ont déploré avoir reçu une somme bien inférieure. Lors de sa conférence de presse, Netanyahu a indiqué que 380 000 personnes avaient obtenu, en moyenne, 4 700 shekels.

Ces nouveaux plans d’aide surviennent dans un contexte de mécontentement croissant face à la gestion de la pandémie de coronavirus par le gouvernement et de la crise qui a suivi, alors même que l’Etat juif se prépare à peut-être rentrer de nouveau dans une sorte de confinement national en raison de la hausse continue de nouvelles infections.

Le ministre de la Santé Yuli Edelstein
s’exprime lors d’une conférence de presse sur le coronavirus au ministère de la Santé à Jérusalem, le 28 juin 2020.
(Photo par Olivier Fitoussi/Flash90)

Yuli Edelstein, ministre de la Santé, a expliqué mercredi que l’Etat juif pourrait retourner en confinement national si des mesures urgentes n’étaient pas mises en place pour contenir le virus.

La Douzième chaîne a indiqué que malgré les mises en garde d’Edelstein, le ministère de la Santé était en train de préparer une phase intermédiaire de confinement qui pourrait être imposée avant une fermeture plus large du pays, pour tenter de préserver les activités économiques.

Selon un sondage réalisé par la Treizième chaîne et dont les résultats ont été diffusés dimanche soir, 61 % des Israéliens désapprouvent la gestion générale de la pandémie de la part de Netanyahu et 75 % se disent insatisfaits de la prise en charge gouvernementale des répercussions économiques de la crise sanitaire.

Seuls 16 % ont indiqué être satisfaits de la réponse économique apportée par le gouvernement.

Samedi soir, des milliers de personnes sont descendues sur la place Rabin de Tel Aviv pour protester contre la mauvaise gestion de la crise économique dans le pays et dénoncer des aides en direction des commerçants et des professionnels de l’industrie hôtelière et des loisirs – durement frappés par la crise – qui sont, selon eux, insuffisantes.

Selon des chiffres rendus publics dans la journée de mercredi, il y a 853 843 personnes qui sont actuellement sans travail, avec un taux de chômage s’élevant à 21%, a fait savoir l’Agence de l’emploi israélienne.

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