L’ancienne cité de Nimrod, joyau de l’Antiquité en Irak, reprise à l’EI par Bagdad
Ce site classé par l'Unesco au patrimoine mondial avait été pris par l'EI lors de sa conquête de vastes territoires en Irak et en Syrie en 2014
L’ancienne cité antique assyrienne de Nimrod, reprise dimanche par l’armée irakienne selon Bagdad, avait subi en 2015 l’assaut du groupe Etat islamique (EI) qui avait affirmé l’avoir entièrement détruite.
Située le long du Tigre à une trentaine de kilomètres au sud-est de Mossoul, Nimrod est l’un des sites archéologiques les plus célèbres d’Irak, pays souvent décrit comme le berceau de la civilisation.
Fondée au XIIIè siècle avant JC, cette cité est considérée comme la deuxième capitale de l’empire assyrien. Elle a connu son apogée sous le règne d’Assournazirpal, au IXème siècle avant l’ère commune, lorsqu’elle était nommée Kalkhu (ou Kalhu) et ceinte d’un immense mur de briques défensif.
Ce site classé par l’Unesco au patrimoine mondial avait été pris par l’EI lors de sa conquête de vastes territoires en Irak et en Syrie en 2014.
En mars 2015, après la diffusion d’une vidéo de l’EI montrant des destructions au musée de Mossoul, le ministère irakien du Tourisme et des Antiquités avait annoncé que les jihadistes avaient « commencé » à « détruire » Nimrod « avec des bulldozers ».
Un mois plus tard, l’EI affirmait avoir complètement rasé la cité, en diffusant des images non datées de jihadistes en train de détruire bas-reliefs et statues sur le site avant de le faire exploser.
« Dès que nous pouvons détruire les signes de l’idolâtrie et étendre le monothéisme, nous le ferons », promettait un jihadiste à la fin de cette vidéo.
L’EI a également volé de nombreuses pièces archéologiques pour financer ses opérations. Le site avait auparavant subi maints pillages notamment lors de l’invasion américaine de 2003.
Fouillée dès le XIXème siècle, Nimrod avait acquis une renommée internationale lorsque d’immenses « lamassus » –sculptures de lions ou taureaux ailés à face humaine– furent rapportés au British Museum.
La plupart des objets inestimables provenant de Nimrod, où séjourna l’écrivain britannique Agatha Christie avec son deuxième mari, un archéologue, sont exposés de longue date dans des musées à Mossoul, Bagdad, Paris ou Londres.
En 1988 y fut exhumé le « Trésor de Nimrod », collection de plus de 600 bijoux, décorations et pierres précieuses datant de l’apogée de l’empire assyrien, il y a environ 2 800 ans. Cette découverte, comparée par des archéologues à celle de la Tombe de Toutankhamon en Egypte en 1923, est considérée comme l’une des plus importantes du XXème siècle.
Brièvement exposé au musée national de Bagdad, le Trésor avait ensuite disparu des yeux du public avant d’être retrouvé en 2003 dans un bâtiment de la Banque centrale endommagé par les bombes.