L’appel du fils de Mireille Knoll à se battre « contre la barbarie »
Au départ, Daniel et son frère n'ont pas cru "à un acte antisémite. Nous avons pensé ne pas participer à la manifestation organisée par le Crif"
Daniel Knoll est un homme « complètement détruit » selon ses propres mots : « c’est quelque chose d’inimaginable, je crois qu’on atteint les limites de l’horreur ».
Pourtant, au micro de RTL, le fils de Mireille Knoll, assassinée à son domicile parisien le 23 mars dernier dans des conditions que l’enquête commence à éclaircir, parle sans haine et sans colère.
Il trouve même les ressources pour appeler « au rassemblement » lors de la manifestation du 28 mars, initiée par le Crif, bientôt rejoint par de très nombreuses associations et personnalités politiques et médiatiques.
« Si nos amis chrétiens, musulmans, noirs, protestants, si tout le monde vient… Ce sera montrer au monde qu’on n’est pas prêt à se résigner à la barbarie, d’où qu’elle vienne, » murmure-t-il à l’antenne.
« En 2018, c’est inadmissible qu’on tue une vieille femme parce qu’elle est juive, tonne ensuite Daniel Knoll. Ce serait la même chose si elle avait été chrétienne. C’est inacceptable. Nos amis musulmans doivent réagir, on ne peut pas continuer à se taire. Il faut qu’ils viennent et qu’ils se battent contre la barbarie ».
Au départ, lui et son frère n’ont pas cru « à un acte antisémite. Nous avons pensé ne pas participer à la manifestation organisée par le Crif ».
Mais dès qu’ils ont appris que le caractère antisémite avait été retenu par le juge d’instruction, Daniel Knoll et son frère ont décidé de marcher de la place de la Nation au domicile de leur mère situé à quelques centaines de mètres de là, au 40 de l’Avenue Philippe Auguste.
Le corps de Mireille Knoll, 85 ans, a été retrouvé en partie carbonisé vendredi dernier dans son logement social de l’avenue Philippe-Auguste (XIe arrondissement), où elle vivait seule. Les enquêteurs y ont découvert plusieurs départs de feu, puis des traces de coups de couteau sur son corps.
Deux suspects âgés de 21 et 29 ans, dont un que Mireille Knoll « connaissait depuis presque toujours » ont été mis en examen pour « homicide volontaire à raison de l’appartenance vraie ou supposée de la victime à une religion » et « vol aggravé ».
Un des suspects a été accusé et emprisonné pour des attouchements envers la fille de 12 ans de l’ancienne auxiliaire de vie de Mireille Knoll.
Pour Daniel Knoll, il n’est pas impossible que « Yassine » se soit radicalisé en prison.
Mireille Knoll habitait au deuxième étage de cet immeuble qui en compte dix et est « habituellement très calme », selon des voisins.
Handicapée, souffrant de la maladie de Parkinson selon un de ses deux fils, elle ne sortait de chez elle qu’en fauteuil roulant. « Elle était gentille, on la voyait se promener dans les jardins » de la résidence, témoigne une voisine.